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Peut On Vivre Sans Illusions

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Par   •  29 Septembre 2014  •  2 766 Mots (12 Pages)  •  1 155 Vues

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L’illusion, à l’instar du rêve, fait vivre en rendant la réalité supportable.

Le mot « illusion » vient du latin « illudere », c’est à dire, « se jouer de », « se moquer de ». La réalité peut se jouer de nous, nous pouvons nous jouer de la réalité, nous pouvons nous jouer de nous-mêmes.

Dans l’ouvrage L’illusion (P.U.F., collection Que sais-je ?) de Roland Quillot, je retiens, parmi d’autres, l’acception suivante : « Au premier niveau, l’illusion peut se définir, soit comme une erreur particulière due à des apparences qui nous trompent et nous font voir la réalité (intérieure et/ou extérieure) autrement qu’elle n’est, soit, en sens inverse, de nous donner des raisons de penser que ce que nous croyons comprendre d’elle, n’est pas illusoire. »

Dans le premier cas, nous pouvons placer les illusions objectives, les effets d’optique. Dans le deuxième cas, une confusion s’opère entre soi et autrui, fondant ce que je pourrais appeler, les illusions subjectives : l’attente, l’angoisse, la peur, qui peuvent (l’histoire de l’humanité est parlante) nous amener à diaboliser des êtres et à souhaiter leur mort.

Le pouvoir de l’illusion est infini, aussi, vais-je m’en tenir à deux auteurs :

Dans L’Avenir d’une illusion (1927), Freud étudie le pouvoir illusoire que l’homme entretient avec les croyances religieuses et les théories utopistes. D’un même mouvement, nous pourrions étudier le rapport que nous entretenons avec la science. Depuis notre enfance, nous avons été bercés d’illusions sur cette science qui était censée triompher de Dieu, prendre sa place, chasser les superstitions et triompher des maux dont souffre l’humanité : la guerre, la faim, la maladie. Non seulement elle ne répond à rien, mais elle peut être à l’origine de la désertification de la terre, des catastrophes nucléaires, de nouvelles maladies, tout en guérissant les anciennes.

Le savoir n’amène jamais de lui-même à la sagesse, s’il ne s’accompagne pas d’une renonciation à des désirs néfastes, comme le rappelle Epicure, désirs liés à l’exercice du pouvoir, à la gloire, à la vanité, à la puissance et à la force.

Nietzsche a aussi parlé des illusions. Son propos est en substance que, parmi les illusions, il vaut mieux sélectionner et accepter celles qui émanent de notre être, celles qui nous sont indispensables pour vivre, car elles sont propres à l’esprit humain : illusion de réussite, d’amour, de bonté, etc. ; peu importe leurs propositions, si nous nous en rendons heureux dans le présent avec un souci marqué pour un avenir viable.

En ce sens, illusion et réalité se conjuguent et forment le socle de la vie, seul susceptible de tenir la mort à distance.

Débat : G Il y a un film qui s’appelle La grande illusion [film de Jean Renoir sorti en 1937] et pour moi la plus grande illusion, c’est le fondamentalisme. Par exemple, on a très longtemps dit aux gens qu’ils devaient accepter d’être pauvres pour gagner le paradis et que, dans une autre vie, ils seraient les premiers. Chez les guerriers du djihad, celui qui va mourir, celui qui se fait exploser en tuant des innocents, va tout droit au paradis avec en plus 70 vierges pour les hommes. J’ai vu dans le Midi des Américains arborant toujours un sourire béat, adeptes de la secte Les Enfants de Dieu [secte dissoute en 1978, mais qui continue d’exister sous divers noms, notamment : La Famille Internationale]. Cela faisait drôle de les écouter ; ils disaient qu’il ne fallait pas faire la grève, parce que les patrons l’étaient de droit divin et que, si l’on était pauvre, c’est que Dieu l’avait voulu, mais qu’on serait récompensé. « Les derniers seront les premiers.» : cela, c’est la grande illusion.

G Est-ce qu’on pourrait rapprocher l’illusion de l’idéal, de la recherche de l’idéal ?

G L’illusion consiste à prendre ce qui est fictionnel pour la réalité. Je pose pour principe que la réalité n’existe pas ; mais si la réalité n’existe pas, seul le regard de l’homme donne un sens à cette réalité. A partir de là, cela complique les choses, parce que l’homme est quand même largement régi par cette réalité, même si l’homme est surtout subjectif. Donc, je pose ce postulat que la réalité n’existe pas et que c’est le regard de l’homme qui seul donne le sens.

Je m’appuie sur Freud, pour qui il y a dans l’homme désir et illusion ; à partir de là, on va fantasmer, les illusions vont prendre toutes les formes ; on pourrait faire une liste de ces illusions, de ce qui est du conscient, de ce qui ne l’est pas, et je me mets dans le même panier.

Ce qu’on appelle « la liberté », ce qu’on appelle « le bonheur », la recherche du pouvoir, la science, la religion, la connaissance de soi, l’art, etc., je mets tout dans le même panier et j’appelle cela des illusions. Pourquoi ? Mais, parce que ce sont des choses qu’on n’atteint jamais à cent pour cent, même si cela correspond aux désirs profonds de l’homme ; par exemple, on veut tous être libres, on veut tous le bonheur, tout le monde à envie d’aimer, mais est-ce qu’on l’atteint vraiment, je n’en sais rien.

Par ailleurs, si je prends le postulat que l’homme est déterminé, cela fiche pas mal en l’air l’illusion des libertés. Le pouvoir même est une illusion dans la mesure où les hommes au pouvoir ne maîtrisent rien du tout.

Quant à la religion, c’est quelque chose qui a été inventé par l’homme pour l’homme ; c’est aussi une illusion, puisque lorsqu’il n’y avait pas d’hommes sur la terre, il n’y avait pas de religion.

G Je fais une différence entre l’illusion et le mensonge, parce que pour moi l’illusion est quelque chose d’assez immatériel. Par là, je peux dire que j’ai été élevée dans la religion et, quand j’étais enfant, c’est sûr que j’y croyais, puis, plus tard, cela a changé.

L’illusion vient de notre égo. Par exemple, on va aller vers quelqu’un, on se dit : « Tiens ! Elle est souriante. » Puis, au bout d’un certain temps, on voit qu’elle est intéressée, qu’elle n’a rien à faire de ce qui va se passer entre nous. On a beaucoup d’illusions quand on est jeune. Par la suite, on est plus proche d’une certaine réalité. En fait, on est de plus en plus heureux, parce qu’on a compris ce que sont les illusions ; on prend du recul et on fait avec cela ! On voit la vie comme elle est, on voit les gens comme ils sont. On ne peut pas vivre sans illusions, mais quand on prend de l’âge, on remet un peu plus les choses

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