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La vérité «LAROUSSE»

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Par   •  24 Mars 2015  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 441 Mots (10 Pages)  •  537 Vues

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La vérité

Le « LAROUSSE » définit la vérité ainsi :

- d’un point de vue général : caractère de ce qui est vrai ; adéquation entre la réalité et l’homme qui la pense ;

- d’un point de vue cognitif : connaissance ou expression d’une connaissance conforme à la réalité ;

- d’un point de vue artistique : expression artistique fidèle à la nature ;

- d’un point de vue sociétal : expression de ce qui est admis de manière consensuelle.

Il découle de cette définition que la vérité est l’aboutissement d’un processus humain analogique ou analytique, pouvant faire appel à l’intellect, aux sens et, peut-être, à l’opinion majoritairement partagée.

De mon point de vue, cette sentence appelle une problématique tournant autour de trois questions :

La vérité peut-elle être exclusivement vérifiable, prouvable ?

La vérité peut-elle être un ressenti, une opinion ?

La vérité peut-elle être dangereuse ?

C’est à ces trois questions que je vais tenter de répondre. Mais à ce stade, il me paraît utile d’avouer ma conscience de la difficulté et de l’ampleur de la tâche que je me suis, peut-être imprudemment, fixée. Cependant, en toute sincérité, mon parcours maçonnique, avec la profusion des questionnements qui l’accompagne, m’impose de traiter un sujet qui m’interpelle et surtout nous interpelle tous. L’effort peut paraître vain, voire dérisoire au regard de la portée du questionnement, mais il me semble incontournable.

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En première approche, la vérité paraît être un concept, une valeur, qui, pour être acceptable, ne peut sortir du champ de la preuve de la vérification. Cette vérité vérifiable correspond pour l’essentiel aux pensées et idées humaines expérimentables. C’est-à-dire aux vérités qui se comprennent au travers d’un rapport dialectique entre l’idée, l’expérimentation de cette idée et donc la vérification de cette vérité. Deux types de vérité semblent correspondre à ce critère : la vérité scientifique, la vérité politique.

De fait, il est indéniable que la vérité scientifique exprime de manière cruciale le processus dialectique aboutissant à la confrontation de l’idée et de l’expérimentation dans un but de vérification ou de réfutation.

Ainsi Gaston Bachelard dans son essai « la formation de l’esprit scientifique » estime que « Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit. »

Il en va ainsi de la vérité scientifique qui découle d’un esprit scientifique qui doit s’interdire d’exprimer une opinion en l’absence de compréhension et de formulation claire.

Pour Gaston Bachelard, la vérité scientifique ne relève ni d’un idéalisme (selon lequel la science ne serait qu’une expression de l’esprit lui-même) ni d’un réalisme (selon lequel la science refléterait immédiatement la réalité). La raison n’est pas immuable ; au contraire elle progresse peu à peu en produisant ou adaptant des concepts qui répondent aux nouvelles expériences. La science est un processus dialectique procédant par critique des théories antérieures et élimination des obstacles épistémologiques. Le véritable ennemi de la science, c’est l’opinion.

De même, l’objet des théorèmes scientifiques n’est jamais la réalité en soi, l’essence des choses, mais un ensemble de rapports que les choses entretiennent entre elles, rapports qui ne font que traduire les lois de la nature. A partir de là, on peut admettre que la vérité scientifique est un construit de l’esprit. La vérité scientifique ne peut être une description du monde mais plutôt une reconstruction de celui-ci (c’est pourquoi il peut exister des théories concurrentes).

De même, on ne peut sincèrement s’intéresser à la vie de cité sans s’interroger sur la vérité politique. Cette vérité politique résulte de processus philosophiques proposant une organisation et un fonctionnement de l’Etat, la société, la nation. L’aboutissement de cette philosophie politique ne peut se traduire que dans l’application sociétale de ses systèmes d’idées, de ses visions organisationnelles, sociales, sociétales et fonctionnelles.

Cependant pour Léo Strauss, toute tentative de définir la philosophie politique suppose de contourner deux erreurs.

La première erreur consiste à ne considérer la philosophie politique que comme une dépendance subalterne de la philosophie dans son ensemble. Cette généralisation abusive pose problème, dans la mesure où elle fait l'économie des divergences profondes entre l'histoire de la philosophie politique, et celle de la philosophie.

La seconde erreur consiste à n'y voir qu'un simple prolongement de l'analyse politique. En effet, si la philosophie politique ressort de la pensée politique, toute pensée politique n'est pas une philosophie politique : « un penseur politique qui ne serait pas un philosophe s'intéresserait ou s'attacherait avant tout à un ordre ou à une législation politique spécifique ; le philosophe politique s'intéresse et s'attache avant tout à la vérité ».

Or, la politique, par essence relève de l'agir, de l'engagement, du parti-pris. Tandis que la vérité est de l'ordre du neutre, du désintérêt et, parfois, de la solitude. Ces deux piliers de l'existence humaine sont en relation. En effet, tout fait véridique est rapporté; c'est-à-dire raconté, et c'est de cette façon qu'il acquiert une signification humainement compréhensible. Cette histoire, ainsi portée au présent, est perçue comme une fonction politique nécessaire tout en étant externe aux habitudes politiques, en tant qu'elle met en œuvre une « réconciliation avec la réalité » selon l'expression de Hegel. Les historiens ou romanciers ont donc pour fonction politique « d'enseigner l'acceptation des choses telles qu'elles sont » (H. Arendt).

En poursuivant ce raisonnement, on ne peut éluder le questionnement du rapport ou de l’opposition pouvant exister entre le pouvoir et la vérité. Ainsi la lecture de Machiavel nous plonge dans une sorte de paradoxe baroque voulant qu’assurer l’accès des princes à la vérité demeure

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