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A-t-on le droit d'offenser ?

Dissertation : A-t-on le droit d'offenser ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Juin 2022  •  Dissertation  •  4 820 Mots (20 Pages)  •  302 Vues

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DM 6: A-t-on le droit d’offenser ?

“Il n'y a que la vérité qui offense.”, Pierre Véron.

La liberté d’expression occupe régulièrement le cœur de l’actualité médiatique. En effet la difficulté résulte de la polysémie du terme “expression” qui regroupe sous cette appellation des affaires diverses telles que la représentation d’un prophète, les manifestations hostiles à cette représentation, la diffusion non autorisée de secrets d’Etat au nom de la transparence, l’atteinte aux droits d’auteurs et le négationnisme. Nous allons donc nous proposer de raisonner sur le sujet “a-t-on le droit d’offenser ?”. D’après le sens commun, on a, à l’évidence le droit d’offenser, nous sommes quotidiennement en proie à juger, à critiquer en donnant notre avis, cependant il peut arriver que l’on heurte les émotions d’une personne, que l’on cause du tort ou que l’on nuise à autrui. La liberté d’expression est un outil de résistance au pouvoir, pouvant parfois se muer en outil de transgression, de violation du droit, voire exercer une forme de violence symbolique et offenser. Comment trouver le point d'équilibre entre liberté et éthique ? Et à quelle autorité revient-il de le fixer ? En effet l’énoncé est introduit par la forme interrogative “A-t-on…?” interrogeant sur “peut-on…?”, dans le sens “a-t-on la légitimité ?” ou encore “l’accord de…” mais qui est-ce donc “on”? L’offense, du verbe “offenser”, provient du verbe latin “offensare” signifiant étymologiquement  “heurter”. Nous pouvons donc définir une offense comme un acte ou une parole qui porte atteinte à une chose respectée, digne de considération ou d’intérêt, ou qui lèse un sentiment respectable ou légitime, elle peut généralement blesser ou outrager la dignité ou l’honneur de quelqu’un. Il est aussi essentiel de définir le droit afin de pouvoir comprendre l’enjeu de la problématique. Caractérisé comme “ l'ensemble des règles qui régissent la conduite de l'Homme en société, les rapports sociaux “, ou de façon plus complète “l'ensemble des règles imposées aux membres d'une société pour que leurs rapports sociaux échappent à l'arbitraire et à la violence des individus et soient conformes à l'éthique dominante”.

Le sujet amène à se demander quelles formes prend l’offense? Pourquoi a-t-on le droit d’offenser, ou pourquoi l’interdire serait en désaccord avec nos droits? Pourquoi cette liberté est-elle souvent remise en question ou encore jusqu’où va-t-elle dans les limites du légal ?

Dans un premier temps, nous verrons que le droit à l’offense est un principe fondamental de la liberté d’expression, caractéristique des sociétés démocratiques. Nous verrons ensuite que l'exercice de ce droit n’est pas sans limites.

        

        

Tout d’abord, il faut savoir ce qu’est l’offense pour définir son droit ou son non droit. Nous pouvons notamment distinguer différents degrés dans l’offense même : l’expression abstraite qui heurte les sentiments et l’expression qui cause du tort, portant atteinte à l’intégrité. Ruwen Ogien dans son article “que reste-il de la liberté d’offenser ?” paru dans Libération réaffirme les valeurs assignées à la liberté d’expression et se pose en défenseur de la distinction fondamentale entre préjudice et offense. Il souhaite d’abord trouver un critère pour délimiter la liberté individuelle. Nous prendrons d’ailleurs comme acquis son argument au long de notre raisonnement; une offense est une représentation écrite ou visuelle qui ne porte atteinte qu’à des choses abstraites ou symboliques pouvant engendrer une réaction émotionnelle déplaisante, négative, un dégoût ou une gêne : “provoquent des émotions négatives comme le dégoût ou la colère, mais pas de dommages physiques concret à des individus particuliers”. C’est-à-dire que la liberté d’offenser n’est pas la liberté d’injurier ou de diffamer l’honneur d’une personne comme nous aurions tendance à penser mais plutôt la liberté de choquer, d’attaquer les croyances, les Dieux, les symboles et les dogmes.  De même, Charles Girard souligne la distinction entre les dogmes, qui peuvent faire l'objet de critiques ou de moqueries, et auxquels les individus peuvent adhérer.” Les seules limites à nos actions seraient donc la nuisance qu’elles pourraient causer envers autrui. En France, si l’on a le droit d’offenser, de critiquer sans blâme, on n’est en revanche pas libre de nuire; le préjudice peut donc être puni tandis que l’offense doit, elle, être tolérée. Assurément, l’offense est un droit positif : elle fait partie d’un ensemble de règles et de lois en vigueur, qui organisent la vie d’une société. Celui-ci s'oppose au droit naturel regroupant l’ensemble des droits que chaque individu possède à sa naissance, défini comme code moral. Ainsi, même si la loi nous autorise à offenser ou bien critiquer un Dieu par exemple, il se peut que l’on entrave notre droit naturel et que notre morale nous empêche d’effectuer cet acte. Cela résulte de notre conscience morale autrement dit notre capacité de prendre en considération le point de vue des autres avant d’agir. Toute personne est capable d’évaluer les conséquences de ses gestes et actes sur les autres, et de comprendre si ce qu’elle fait est bien ou mal. Il existe une philosophie de la liberté intérieure nommée stoïcisme, argument en faveur du droit à l’offense. Selon ceux qui la pratiquent, la meilleure façon de réagir à une insulte serait de rester pacifiste. En effet, les stoïciens pensent que l’homme est prisonnier de son destin. Mais il reste à l’homme une part de liberté, celle de souffrir ou au contraire d’accepter le cours de son existence. Tout ce qui arrive serait conforme aux lois de la nature; il n’y aurait donc ni bien ni mal, du moins lorsque les actes sont extérieurs à la pensée. Souvent, certains se sentent offensés car l’on porte atteinte à une idée, un symbole, une religion, qu’ils considèrent avec un certain intérêt bien qu’ils ne soient pas directement la cible des critiques. Donc, selon les stoïciens, bien que tout peut être offensant, tout le monde ne doit pas se sentir offensé. Il en est de même avec l’offense puisqu’il vaudrait mieux aborder les sentiments et le monde avec rationalité plutôt que d’être à la merci de son destin et de ses émotions.

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