LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Analyse RPS : le cas du groupe LIDL

TD : Analyse RPS : le cas du groupe LIDL. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Août 2018  •  TD  •  3 915 Mots (16 Pages)  •  1 913 Vues

Page 1 sur 16

Note sociologique

(Analyse RPS – Le cas du groupe LIDL)

Selon l’ANACT, « une situation courante de travail devient « situation problème » lorsque les difficultés ne peuvent plus être régulées par les personnes, le collectif, le management, … et qu’elle entraîne des effets négatifs sur la santé, les relations professionnelles et la production. Dans ce contexte, les facteurs de contraintes sont importants et dépassent largement les ressources disponibles ».

L’analyse des risques psychosociaux (RPS) au sein du groupe LIDL est intéressante à double titre : car on pourrait en faire un cas d’école en la matière et parce qu’il éclaire la question de l’évolution des risques professionnels dans le cadre des mutations organisationnelles et techniques.

Cette note aura donc pour objet d’identifier, dans une première partie, les situations problèmes rencontrées et leurs conséquences délétères sur la santé ; d’envisager, dans une deuxième partie, comment agir en prévention dans ces contextes ; et d’envisager, dans une dernière partie, comment des évolutions organisationnelles et techniques ayant pour vocation d’améliorer la production, mais aussi les conditions de travail, peuvent engendrer d’autres risques professionnels et dégrader la situation de travail.

I/ Identification des situations problèmes rencontrées au sein du groupe LIDL et de leurs conséquences délétères sur la santé des salariés

Le tableau ci-dessous répertorie les situations problèmes évoquées dans le reportage de Cash Investigation selon 7 grandes familles de facteurs de risques professionnels :

Intensité et complexité de travail

Contraintes de rythme de travail : cadences soutenues imposées (250 colis/h pour un préparateur de commandes, 30 articles scannés/min pour les caissières), adossées à une faible adaptation au temps d’apprentissage et aucune prise en compte de la variabilité entre salariés.

Gestion de la polyvalence : polyvalence subie chez les caissières (caisse, mise en rayons, ménage) et monotonie des tâches chez les préparateurs de commande.

Interruptions dans le travail : interruptions régulières au gré du passage en caisse des clients pour les caissières (avec alerte via une sonnerie). Problèmes de compréhension avec la machine, induisant des pertes de temps pour les préparateurs et réagencement des colis sur les palettes afin d’en assurer la stabilité.

Attention et vigilance dans le travail : attention accrue des préparateurs du fait de la prise en compte simultanée, pendant la conduite, de l’environnement et des consignes de la machine. Pour les caissières, obligation de garantir un magasin propre et bien achalandé, tout en gérant le passage des clients en caisse.

Adéquation des objectifs de travail avec les moyens et responsabilités : le travail est régulièrement réalisé en sous effectifs du fait du fort turn-over, des arrêts maladies et des accidents du travail. Quant à la surcharge de travail, c’est une réalité à tous les niveaux (caissières, préparateurs et cadres).

Niveau de précision des objectifs de travail : primat d’objectifs quantitatifs identiques quel que soit le salarié (aucune prise en compte de la qualité du travail, des spécificités individuelles ou du temps d’apprentissage).

Compatibilité des instructions de travail entre elles : des cadres soumis à des ordres inatteignables.

Horaires de travail difficiles

Durée hebdomadaire du travail : recours accru au temps partiel (69 % contre 28 % sur l’ensemble du secteur).  

Travail en horaires atypiques : travail en horaires décalées pour les caissières, qui peuvent commencer tôt (5h du matin) et terminer tard (21h30). Et qui peut être réalisé de nuit chez les préparateurs de commande.

Extension de la disponibilité en dehors des horaires de travail : des caissières contraintes par leur manager à travailler en dehors des horaires de travail avec recours à des menaces de tâches ingrates, humiliation, propos dégradants voir menaçants (« j’ai le droit de vie ou de mort sur vous »), instauration d’un système de culpabilisation du salarié qui pense devoir rester du fait de son propre manque de performance, ainsi qu’une manipulation de la peur économique (perte de salaire ou d’emploi).

Prévisibilité des horaires et anticipation de leurs changements : recours par certains managers à des modifications imprévues des horaires de travail, ainsi qu’au non-respect du principe de rotation des horaires de travail entre salariés, afin d’asseoir leur autorité.

Conciliation entre vie professionnelles et vie privée : les horaires atypiques sont déjà faiblement conciliables avec une vie de famille. Par ailleurs certains managers imposent des horaires incompatibles avec la vie privée de leurs salariés afin de les faire « plier ».

Faible autonomie de travail

Autonomie dans les tâches de travail : absence de latitude organisationnelle chez les préparateurs avec stimulation par la commande vocale qui sollicite perpétuellement l’enchaînement de tâches. Chez les caissières, l’optimisation de la production est basée sur la polyvalence des tâches et par le recours à un bip ordonnant de passer en caisse lorsqu’il y a des clients (obligeant à délaisser les tâches commencées).

Autonomie temporelle : l’auto-alimentation des échanges entre les préparateurs et la commande vocale (ordre-réponse-ordre-réponse-etc.) entraîne une quasi-absence d’autonomie temporelle. La cadence imposée et les pressions régulières des managers quant aux niveaux de production individuelle des salariés accentue le phénomène. Concernant les caissières, la pression est mise par les managers afin de les contraindre à optimiser leurs cadences (chronométrage et remarques devant les clients, refus de prise des pauses et même interdiction de boire afin d’éviter d’avoir besoin d’aller aux toilettes).

Utilisation et développement des compétences : la commande vocale a induit une disparition des savoirs faire métiers (ex : organisation des prises de colis afin de garantir la stabilité de la palette). Les préparateurs ont un sentiment de « déshumanisation » du travail, l’impression d’être des « robots », « des bras pour la machine ». La baisse des aptitudes requises entraîne un appauvrissement des tâches.

...

Télécharger au format  txt (27.5 Kb)   pdf (179.1 Kb)   docx (24.8 Kb)  
Voir 15 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com