Souffrance et emploi

A l’origine de cette recherche, il y a un intérêt soulevé par différents constats. Tout d’abord dans le cadre du master 1, j’ai effectué un stage dans un cabinet, proposant diverses prestations, dont certaines de retour vers l’emploi. J’ai pu me rendre compte que la création d’entreprise était, pour les personnes les plus aptes à se lancer, une alternative souvent sollicitée. De plus ma tutrice de stage exerçant comme indépendante, avec une salariée, nous avons discuté de ce statut atypique. Elle m’a démontré que, contrairement aux idées reçues, de liberté, d’autonomie, de flexibilité, les risques imputés à ce statut pouvaient compromettre l’amour du métier. Ainsi les faibles revenus dû à des impayés ou à des retards de paiements, l’épuisement professionnel, le surmenage et dans le même temps, l’impossibilité de prendre du temps pour soi car cela affecterait le volume de travail et les revenus.

Dès lors une question me vint à l’esprit : pourquoi tant de personnes décident de créer leur entreprise alors que ce statut d’indépendant met la notion de risque au cœur de leur activité ?

Cette première interrogation nous mène vers l’étude de l’évolution des formes de l’emploi. Le salariat contrairement à ce qu’il n’y parait n’a pas toujours était le mode de travail dominant. Jusqu’au XVIIIe siècle on ne parle pas encore de salarié. « Salaire » est un terme péjoratif qui « se dit principalement du prix que l’on donne aux journaliers et mercenaires pour leur travail » (Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, cité Paysant M. et Fabrice B, p14). Ce sont les crises climatiques, la crise de surproduction (1848-1851) puis la grande dépression de la fin du siècle, qui accélèrent l’exode rural dès 1850. Contraints et forcés, les journaliers des campagnes et les artisans des villes deviennent ouvriers. L’industrie alors en développement créée chaque année, de 1831 à 1866, cinquante-neuf mille emplois. L'extension progressive du salariat a continué au cours du XXe siècle. La contrepartie est la diminution graduelle de la part de l'emploi non salarié dans l'emploi total. Entre 1970 et 2006, l’emploi non-salarié a diminué de 50%, le repli étant très fort dans l’agriculture (- 75%) et dans l’industrie (- 50%), alors que dans le même temps l’emploi salarié progressait de 38 %.

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