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Recherche sur les implications éthiques du progrès scientifique

Commentaire de texte : Recherche sur les implications éthiques du progrès scientifique. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  11 Mai 2014  •  Commentaire de texte  •  454 Mots (2 Pages)  •  641 Vues

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minique Folscheid, professeur de philosophie à l’université de Marne-la-Vallée (77) se penche depuis une quinzaine d’années, avec les Hopitaux de Paris, sur les conséquences éthiques des progrès scientifiques. Il est notamment l’auteur des Grandes Philosophies (PUF, 1994) et, avec Brigitte Feuillet-Le Mintier et Jean-François Mattei, de Philosophie, éthique et droit de la médecine (PUF, 1997). Dernier ouvrage paru : Le Sexe mécanique (Table ronde, 2002).

Psychologies : Que nous apprend la philosophie sur l’état du désir aujourd’hui ?

Dominique Folscheid : Autrefois, à côté du langage amoureux, nous avions le discours vulgaire destiné à parler crûment du sexe. Ce clivage a disparu. Nous vivons sous l’ordre du sexe, érigé en appareil impérialiste avec ses exigences, sa logique, son vocabulaire, fonctionnant comme un inconscient collectif qui dicte sa loi à notre insu. Le sexuel tend à se réduire à cette activité que l’on appelle « la baise », au « porno » qui ne retient que les corps, sans nom, sans visage, et qui exclut l’amour. Le mot « sexe » est devenu en soi un mot magique, tout puissant, un système en soi où tout est prépensé, préfabriqué. C’est une optique selon laquelle une fille est « bonne » à ça ou non. Elle est jugée en fonction de sa valeur d’être « baisable » ou pas. C’est dire qu’à l’heure où l’on parle de la progression des valeurs féminines, on assiste en réalité à l’émergence d’un néomachisme implacable, d’un phallocentrisme brutal doublé d’une dévalorisation de la femme.

Don Juan nommait, comptait ses conquêtes successives. Il prenait le temps de les séduire et lui-même était séduit par elles. Le « baiseur » moderne ne se donne pas cette peine : il agit sur des corps indéfinis, indénombrables, sans identité. Il produit des « actes de sexe », sans relation personnelle, sans amour.

Notre société est-elle hyperdésirante ou, à l’inverse, le désir est-il en panne ?

Je dirais que nous vivons à la fois une ère de désir extrême – il y brille de tous ses feux – et, paradoxalement, une situation de misère sexuelle, due au fait que le désir se présente actuellement comme un besoin naturel, devant à tout prix être satisfait sous peine d’entraîner un manque insupportable. Or le désir, contrairement au besoin – manger, boire, etc. – est infini. C’est une énergie psychique impossible à combler. Décréter qu’il est un besoin légitime revient à créer une situation de frustration permanente. Surtout, ce point de vue ne peut que déboucher sur une dévalorisation de l’autre, réduit au rôle d’objet sexuel destiné à notre jouissance. Il devient impensable qu’il veuille se refuser, d’où, souvent, l’étonnement des violeurs. D’où aussi, dans les quartiers chics, l’utilisation de drogues chimiques qui ôtent toute velléité de résistance à la proie convoitée.

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