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Étude du poème La Vie Antérieure de Charles Baudelaire

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Par   •  1 Décembre 2012  •  2 306 Mots (10 Pages)  •  1 450 Vues

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Charles Baudelaire, La vie Antérieure

Introduction

Rédigé en 1857 par Baudelaire Charles, La vie antérieure est un extrait du recueil « Les Fleurs du Mal ». Ce sonnet composé de quatorze vers dodécasyllabiques, se situe dans la partie « Spleen et Idéal ». Le poème lyrique est basé sur une opposition entre l'idéal baudelairien et l'omniprésence du spleen, ce qui explique par ailleurs le titre de la section dont il est issu. L'écrivain a probablement puisé son inspiration d'un long voyage forcé à destination des Indes. Ce sont vraisemblablement ces paysages exotiques d'une rare beauté qui lui ont permis de communiquer son mal de vivre sans pour autant négliger le coté esthétique. Ainsi le lecteur est amené à se demander si la dimension onirique et réelle de l'idéal développé est la bonne solution afin d'échapper au spleen quotidien. C'est à cette fin que nous analyserons en premier lieu les éléments exotiques dans un contexte de projection, pour ensuite étudier le reflet de l'harmonie régnante à travers le style et le contenu, pour aboutir à un examen du spleen.

• Projection onirique basée sur le souvenir dans un milieu exotique

Dans ce poème Baudelaire utilise de nombreuses allusions exotiques. C'est ainsi que les « soleils marins » (vers 2) renvoient automatiquement à une région chaude issue du sud car cet emploi reflète deux idées bien distinctes, celle de la chaleur et du large. Il en est de même pour les « couleurs du couchant » (vers 8) qui renvoie au scintillement de « mille feux » (vers 2). On sait bien que les régions tropicales bénéficient souvent d'un climat clément où le soleil brillant de partout effleure délicatement la peau de l'être humain. La vie y est douce, tel est le message que Baudelaire nous transmet indirectement. Outre le champ sémantique de la chaleur et de l'eau, nous retrouvons une dominance de couleurs plaisantes comme « l'azur » (vers 10), symbolisant la fraîcheur et la pureté, ou bien encore la couleur rougeâtre du couché de soleil, reflétant la chaleur accueillante, la force vitale, la joie de vivre et l'optimisme. La nature déploie ici ce qu'elle a de plus magnifique et afin de peindre parfaitement ce décor lointain et étranger, le poète insère des éléments typiquement tropicaux comme la « palme » (vers 12) soulignant leur aspect protecteur et les esclaves nus (vers 11), symbole par excellence de l'exotisme et de l'antiquité.

Si on se focalise sur ces derniers, l'adjectif « nu » attire toute notre attention. Le fait d'être dévêtu est un acte très courageux voire audacieux étant donné que l'être humain s'expose ainsi au regard des autres individus. Le poète a bien choisi cet adjectif afin de souligner le caractère pure et innocent de la scène. Un lieu où l'homme n'a pas besoin de se cacher derrière une façade implique une tolérance et l'acceptation de toute personne. La vie antérieure est probablement basée sur le souvenir personnel de l'auteur qui grâce à sa touche onirique purifie la réalité. On note par ailleurs la position particulière en rejet externe du groupe « des esclaves nus » qui a pour conséquence une mise en valeur du substantif. En outre la césure, étant placée juste après l'adjectif « nu » (vers 11), le lecteur, qui est incité à la réflexion personnelle, se concentre indubitablement sur le premier hémistiche sans pour autant dégrader la seconde partie du vers. En effet, l'odorat ne fait qu'accentuer la pureté des esclaves vu que ces derniers sont « tout imprégnés d'odeurs ». Il faut savoir que l'odeur est une émanation corporelle transmise par l'air qui est perçue par l'appareil olfactif et qui peut donc servir de stimulus. C'est un processus tout à fait naturel qui montre l'innocence de cet univers. Nul n'a besoin de parfum pour cacher son odeur corporelle personnelle.

Cet univers lointain est propice à l'exaltation de l'auteur qui se sent entièrement à son aise. Il s'intègre au décor et jouit des douces couleur rougeâtres du soleil « reflétés par [ses] yeux » (vers 8). On sent que s'effectue à ce moment une osmose totale entre le fabuleux environnement et le poète en quête de bonheur. Il y trouve un refuge apaisant, ce dont témoignent « les voluptés calmes » (vers 9). Le renforcement de la quiétude s'effectue avec l'ajout de l'adjectif « calme » car une volupté est déjà à la base une impression extrêmement agréable, donnée aux sens par des objets concrets, des biens matériels, des phénomènes physiques, et que l'on se plaît à goûter tranquillement dans toute sa plénitude. Ainsi nous voyons bien l'importance que Baudelaire attache à ce monde pacifique. Il est d'autant plus surprenant de retrouver l'écrivain dans une situation de point de mire. Le division du premier hémistiche en deux parties égales trisyllabique souligne sa situation « au milieu » (vers 10) du décor, entre la mer, le ciel et les esclaves. La synergie est donc complète.

Cet exotisme évoqué ne fait qu'amplifier la perfection liée à l'agencement symétrique des éléments. Pour Baudelaire l'excellence passe inévitablement par :

• L'ordre et l'harmonie, reflet d'un idéal

Baudelaire puise son énergie dans l'harmonie et l'ordre, deux notions dominantes dans ce poème. En se référant à l'époque antique, le poète insère dans le premier quatrain le champ sémantique de l'ampleur. Les adjectifs « vaste » (vers 1) et « grands » (vers 3) rendent compte de la notion de grandeur et de liberté. Elle est suivie de près par l'immensité temporelle qui est représentée par l'adverbe temporel « longtemps » (vers 1). S'ajoute à cet aspect les anciens monuments gréco-romains tels que « les portiques » (vers 1) et les « piliers ». Nous savons que ces deux civilisations cultivaient le goût de la symétrie, de la simplicité architecturale, et de l'esthétisme. En conséquence le lecteur peut s'imaginer un lieu dominé par des arcs, des galeries et de grandes colonnes « droits et majestueuses » (vers 3), tous harmonieusement disposés de façon symétrique. Nul doute que l'auteur cultivait un penchant pour l'art et pour l'architecture, tel en témoigne l'analyse de Robert Kopp dans Le soleil noir de la modernité.

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