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Voltaire Candide L'Eldorado

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Par   •  17 Avril 2012  •  2 170 Mots (9 Pages)  •  2 341 Vues

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De « Candide et Cacambo montent en carrosse… » à « …ce qui l’étonna le moins ».

PRÉSENTATION DU TEXTE

Entrés en Eldorado au chapitre XVII après un voyage qui rappelle celui des contes initiatiques (nombreuses difficultés d'accès, nécessité de franchir des étapes successives et de passer une véritable frontière symbolique), Candide et Cacambo découvrent un univers fabuleux qui pourrait bien être " le pays où tout est au mieux ". Les richesses sont immenses et accessibles à tous (ce qui fait qu'elles ne sont plus des richesses), l'accueil est chaleureux, les gens sont aimables. Les deux héros se trouvent donc tout à fait déconcertés et obligés de revoir constamment leurs propres critères de jugement. L'Eldorado est à ce titre un contexte qui oblige à la relativisation. Après avoir rencontré un vieillard qui les renseigne sur la religion du pays (il s'agit d'un déisme tolérant et aimable comme celui que prônait Voltaire), ils sont conduits auprès du roi et découvrent la réalité politique du pays. L'extrait proposé ici retrace cette rencontre et met l'accent sur un certain nombre de caractéristiques du pays : certaines coutumes sont inversées par rapport à ce que connaît Candide, ce qui est une découverte surprenante. C'est aussi un pays tellement idéalisé qu'il se présente comme une utopie. Voltaire s'efforce d'ailleurs, au moment même où il fait exister cette utopie, d'en souligner l'exagération, ce qui détruit aussitôt les effets créés. Parallèlement, il faut décrypter, à travers l'Eldorado, ce que Voltaire souhaiterait voir se réaliser sur le plan politique et social en France. L'extrait est à ces différents titres à la fois complexe et très révélateur.

I. UN MONDE INVERSÉ

L'univers de l'Eldorado présente de nombreux points communs avec ce que connaissent Candide et Cacambo, à cela près que bien des façons de se comporter relèvent d'une sorte de renversement, perçu comme tout à fait insolite.

Inversion des coutumes

Garde royale assurée par des filles (1.10) ; il existe aussi des " grandes officières " (1.15-16).

Nécessité d'être " présentable " pour aborder le roi - passage obligatoire aux "bains" et changement de vêtements.

Caractère grandiose de la réception réservée à deux simples voyageurs (insistance sur le décorum dans le récit de l'arrivée au palais, 1.10-20).

Familiarité de la manière d'aborder et de saluer le roi (" d'embrasser le roi et de le baiser des deux côtés ", 1. 29-30).

Inversion des institutions

A l'inverse de ce que connaît le lecteur, ce monde ne contient aucun appareil répressif (pas de cour de justice, pas de prisons) mais accorde une grande importance au savoir et à la recherche (" palais des sciences ", 1. 41).

Inversion entre le fonctionnel et l'esthétique

L'insistance sur l'aspect esthétique semble mettre en relief une importance plus grande accordée à l'apparence qu'à la fonction :

beauté et splendeur des marchés (1. 35) ;

agrément visuel et olfactif des places (1. 36-37).

Tout semble donc fonctionner de manière insolite par rapport à ce que connaît Candide. C'est l'occasion d'une réflexion sur la relativité des choses et des coutumes. Surpris agréablement, Candide peut être conduit, à travers les merveilles qu'il découvre, à penser qu'il se trouve dans " le meilleur des mondes possibles ".

II. UN MONDE IDÉAL ET MERVEILLEUX

L'Eldorado offre l'image d'un univers où tout est bien, beau, agréable, et où il n'existe aucune trace de conflit, de problème d'aucune sorte. Monde lisse et heureux, sans hypocrisie ni cruauté, il est une sorte de paradis où tout ce qui fait les charmes du monde réel se trouve porté à un degré qui relève de l'imagination.

Images du luxe et de la richesse

Matériau exceptionnel utilisé pour la construction du palais royal (" supériorité prodigieuse " par rapport à l'or, 1. 7) et gigantisme des constructions ("édifices publics élevés jusqu'aux nues", 1. 35; " galerie de deux mille pas ", 1. 41).

Richesse du costume dont sont revêtus les deux personnages (" tissu de duvet de colibri ", 1.14).

Richesse et variété des éléments urbains (" fontaines d'eau rose", de "liqueurs de canne de sucre ", places " pavées d'une espèce de pierreries... ", 1. 36-37).

Expression de l'abondance

- Utilisation constante d'indications chiffrées (" deux cent vingt pieds de haut et cent de large ", 1. 4-5 ; " vingt belles filles " 1. 10 ; " deux files (...) de mille musiciens ", 1. 18-19 ; " mille colonnes ", 1. 36 ; " deux mille pas ", 1. 41).

Utilisation du pluriel : " officiers ", " officières " (on note ici l'invention plaisante du mot), " les édifices " (1. 35), " liqueurs " (1. 36), " pierreries " (1. 37), " instruments de mathématique et de physique " (1. 42).

Technique de l'accumulation (1. 35-38).

Expression de la perfection

Emploi récurrent des superlatifs (" prodigieuse ", 1. 7 ; " le plus de plaisir ", 1. 40).

Un monde idéal sur le plan des relations humaines

Un accueil chaleureux et grandiose (1.10-20).

Un monarque accessible, humain, familier (1. 20-34).

Des gens vivant dans le respect de la morale : absence de prisons et de cour de justice (1. 35-40).

Un savoir établir de critères de jugement. On peut observer chez le jeune homme :

l'absence de réel émerveillement: Candide accepte tout comme si c'était normal (les moutons qui volent, les richesses, le décorum de la réception...). Ainsi se trouvent mis sur le même

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