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Fiche De Lecture : Voltaire, Candide

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Par   •  27 Janvier 2013  •  2 453 Mots (10 Pages)  •  3 053 Vues

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1. De la critique de l’optimisme à l’affirmation d’une morale pragmatique et désenchantée

L’évolution du chapitre I au chapitre XXX souligne différents changements qui révèlent les intentions de Voltaire. A partir d’une étude thématique de ces évolutions entre le premier et le dernier chapitre, mesurons les enjeux du conte.

L’évolution des personnages

Candide

Au chapitre I, il apparaît avec un « jugement assez droit ». Mais il est obnubilé par son maître, Cunégonde et par la puissance des châtelains. Bâtard, il est certainement le neveu du baron. Des chapitres II à XXIX, il s’étonne, s’interroge, s’inquiète et s’émancipe. Au chapitre XXX, revenu de ses illusions, il s’en tient à l’idée simple qu’« il faut cultiver notre jardin ».

Cunégonde

Au chapitre I, Cunégonde a 17 ans et elle est « fraîche, grasse, appétissante ». Des chapitres II à XXIX, elle est tour à tour violée, éventrée, maîtresse obligée de deux puissants et vendue comme esclave. Candide ne l’aime plus. Au chapitre XXX, Cunégonde est vieille, « laide, acariâtre, insupportable ».

Le baron, la baronne et leur fils

Au chapitre I, ils passent pour des nobles extrêmement puissants, alors qu’ils ont un château qui a « une porte et des fenêtres », ainsi qu’« une tapisserie ». Des chapitres II à XXIX, les parents meurent et le frère reste prisonnier de ses préjugés nobiliaires. Jésuite, il est à la fois ingrat, belliqueux et vaniteux. Au chapitre XXX, les aristocrates sont morts, excepté le jeune baron, toujours bouffi d’orgueil. Candide préfère le revendre aux galères.

Pangloss

Au chapitre I, sa façon de voir se résume à son idée fixe qui est l’écho caricatural de la philosophie leibnizienne : « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ». Il est un providentialiste forcené, verbeux et flatteur. Il entretient une relation avec la femme de chambre. Des chapitres II à XXIX, il échappe plusieurs fois à la mort, attrape la petite vérole et fait un séjour aux galères. Au chapitre XXX, Pangloss prêche encore l’optimisme, mais « il n’en croyait rien ». Il ne tire aucun enseignement des épreuves endurées et reste attaché à des illusions.

L’évolution à travers les différents mondes rencontrés

Au chapitre I, le château représente un univers hiérarchisé, fondé sur des illusions et des faux-semblants, sans changement social possible. Monde clos sur lui-même, ignorant le réel, le temps semble s’y dérouler toujours à l’identique. Le récit est à l’imparfait, valeur durative et répétitive.

Des chapitres II à XXIX, Candide passe du château, monde fermé et stérile, au jardin, lieu d’échanges féconds. Il apprend à connaître le monde réel, où s’offre le spectacle du mal absolu, sous toutes ses formes. Candide découvre ce mal, l’éprouve à tous les niveaux et abandonne la vision optimiste du monde héritée de son maître.

Au chapitre XXX, la métairie est un monde bourgeois qui fructifie. Elle est le lieu de l’action, du travail et de la vie en communauté. Si le monde est clos, on sait toutefois ce qui se passe à l’extérieur. Le récit est au passé simple, par opposition à l’imparfait du premier chapitre. C’est le temps de l’action et de la réalisation. Les personnages ne vivent plus dans un monde immobile.

L’évolution du rapport aux puissants

Au chapitre I, les gens du château dépendent des puissants. Ce monde est féodal et bâti sur des a priori. Des chapitres II à XXIX, Candide passe de la soumission admirative à la découverte des excès des puissants. Il est en proie à des doutes et également conduit plusieurs fois à l’assassinat. Au chapitre XXX, la métairie est un petit monde bourgeois, fait d’altruisme et de vie en société.

De l’illusion au réel, un roman d’apprentissage

Au chapitre I, le monde de Thunder-ten-Tronckh est bâti autour de trois illusions : l’illusion de la noblesse, de l’amour et de la vérité. Des chapitres II à XXIX, Candide découvre la vraie nature de la société et des sentiments. Au chapitre XXX, la métairie est une société faite de partage, tournée vers le réel et l’action.

Toutes les évolutions que nous venons d’étudier tracent un itinéraire éducatif pour le jeune naïf, cheminement auquel le lecteur est joint. Dans ce conte, Voltaire en appelle à abandonner le système aristocratique millénaire qui est, selon lui, source d’injustices. L’impact des préjugés nobiliaires est tel qu’il freine le progrès. La philosophie de Pangloss, optimiste et providentialiste, cautionne l’ordre social et ignore le réel.

Confronté aux horreurs du monde, Candide, tel Adam chassé du paradis, cherche à retrouver le bonheur perdu, lors de son expulsion du château. Tant qu’il reste fidèle à ses modèles anciens issus de l’idéologie aristocratique, il demeure attaché à ses illusions. Une fois ces illusions abandonnées, Candide est prêt à voir le monde tel qu’il est et à définir une maxime simple, résonnant comme la morale du conte. « Cultiver son jardin » semble apparaître comme un moindre mal, une voie possible vers un bonheur relatif. Suivre ce précepte revient à s’assurer une règle de vie simple, accessible et efficace. Il ne s’agit donc plus de philosopher vainement sur des principes inaccessibles à la raison, mais il faut se libérer du langage creux et aliénant, pour améliorer le monde. Refus catégorique de l’optimisme, à l’image du derviche qui ferme la porte au nez de Pangloss (XXX), le conte refuse également de céder au pessimisme tout aussi paralysant d’un personnage comme Martin.

2. Les cibles de Candide : une violente critique du XVIIIe siècle

Le progrès n’est possible que si le lecteur prend conscience de son époque. Voltaire va ainsi caricaturer et attaquer avec une ironie acerbe les traits et les institutions de son siècle qui, selon lui, s’opposent au progrès. Fidèle à la formule de Molière dans la préface de Tartuffe, « On veut bien être méchant, on ne veut point être ridicule », Voltaire cherche à faire perdre tout crédit à ses ennemis. Etudions les quatre cibles essentielles du conteur.

L’Eglise

Institution la plus attaquée du conte, l’Eglise subit au moins trois types

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