Virgile / Ulysse

Avant de vivre des aventures extraordinaires pendant son long retour vers sa patrie Ithaque, Ulysse se distingue en tant que fin stratège des grecs pendant la guerre de Troie...Le poète romain Virgile revient sur l’épisode le plus célèbre de celle-ci.

Énée, prince grec qui a fui la cité de Troie lorsqu’elle a été détruite par les grecs, raconte à la reine de Carthage, Didon, comment le rusé Ulysse a profité de la crédulité des troyens pour s’emparer de la ville pendant son siège. Les grecs font croire à leur départ et vont se cacher sur une île voisine, Thénédos. Ils laissent un cheval de bois en offrande à

Athéna. En vérité, Ulysse et ses hommes sont cachés dans ses flancs... Les troyens décident de faire rentrer le cheval dans la cité alors que le prêtre Laocoon et Cassandre les mettent en garde. Poséidon, allié des grecs, lance deux serpents qui, sortant de la mer, étranglent Laocoon et ses fils. Les troyens décident de faire rentrer le cheval dans la cité et se livrent à une grande fête...

Tous crient qu'il faut mettre la statue à la place voulue et implorer la puissance de la déesse ! Nous perçons la muraille et ouvrons les remparts de la ville.

Tous entourent l'ouvrage. Sous les pieds du cheval,ils font glisser des roues et tendent des cordes de chanvre autour de son cou ; la machine fatale, pleine d'hommes armés gravit les remparts. (...)

La statue monte et, menaçante, pénètre au centre de la ville.

Ô patrie, (...) demeure des dieux ! (...)Quatre fois, au seuil même de la porte, la machine s'arrête et quatre fois les armes résonnent en ses flancs ; nous persistons pourtant, inconscients et aveuglés par notre folie, et nous installons en notre sainte citadelle ce monstre de malheur. À ce moment aussi, Cassandre ouvre la bouche, dévoilant l'avenir, elle en qui, sur ordre d'un dieu, les Troyens n'ont jamais cru. Et nous, malheureux, qui vivions notre dernier jour dans la ville, nous ornons les temples des dieux de feuillages de fête.

Pendant ce temps, le ciel tourne ; la nuit monte de l'océan, enveloppant de son ombre infinie la terre et la mer et les ruses des Myrmidons ; couchés le long des murs,les Troyens se sont tus ; le sommeil a saisi leurs membres épuisés. Et déjà, sur ses navires alignés, la phalange argienne arrivait de Ténédos, sous le silence complice d'une lune muette, et cinglait vers le rivage familier ; dès que le vaisseau royal eut envoyé un signal lumineux, Sinon, sous la protection (de) décrets divins, ouvre furtivement les verrous de pin et libère les Danaens enfermés ; le cheval ouvert rend à l'air libre ces hommes qui sortent, tout joyeux, de leur caverne de bois : des chefs, Théssandre et Sthénélus, et l'impitoyable Ulysse glissent le long d'une corde qu'ils ont lancée (...). Ils envahissent la ville ensevelie dans le sommeil et le vin ; ils abattent les veilleurs et, par les portes ouvertes, font entrer tous leurs compagnons et les troupes complices se rejoignent.

Virgile, l’Enéide, chant II.

Vocabulaire : myrmidon, phalange argienne : guerriers grecs Sinon : ici, nom d’un personnage

Ce texte n’est pas écrit par Homère mais par Virgile, poète romain vivant pendant le règne de l’Empereur

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