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Vieille chanson d'un jeune temps, Victor Hugo

Commentaire de texte : Vieille chanson d'un jeune temps, Victor Hugo. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Juin 2022  •  Commentaire de texte  •  1 489 Mots (6 Pages)  •  437 Vues

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Séquence 3 : Lecture linéaire 1 « Vieille chanson du jeune temps ».

 Introduction: L’expression du sentiment amoureux est un topos (lieu commun) de la poésie lyrique. Généralement, les auteurs y expriment l’innamoramento (le coup de foudre). Ici, Victor Hugo narre une aventure amoureuse complètement ratée. Hugo, dans ce poème du livre I des Contemplations, revient sur cette anecdote d’adolescence, celle d’une incompréhension. Le poète adulte, dans un dernier vers en chute, marquera cet éternel regret amoureux ; celui d’avoir compris trop tard qu’il était aimé et qu’une jeune femme l’attirait. En neuf quatrains d’heptasyllabes (vers de 7 syllabes) en rimes croisées, sous le titre « Vieille chanson du jeune temps », il revient sur un souvenir d’adolescence où il n’a pas le beau rôle. Problématique : Il s’agira donc de voir de quelle façon le regret donne ici naissance à l’écriture. Pour cela, nous suivrons les différents mouvements du texte : Des strophes 1 à 4, il s’agira de voir la mise en contexte de cette scène à travers la présentation du cadre spatial et une première approche descriptive des personnages. Puis, des strophes 5 à 7, le poète mettra en scène le souvenir de ce jeu de séduction, alors incompris de l’adolescent qu’il était. Il s’agira aussi de voir de quelle façon il reconstruit le souvenir pour créer un décor bucolique symbolique. Enfin, les strophes 8 et 9 viendront mettre fin au jeu et souligneront l’expression de l’éternel regret, superposant alors les deux temporalités : le souvenir en lui-même et la voix du poète adulte exprimant son regret. Etude du premier mouvement. Le poème évoque tout simplement une histoire d’amour ratée ou plus exactement, qui n’a pas eu lieu. Il s’agit de voir ici la mise en contexte de ce souvenir sur lequel le poète adulte revient. Un jeune homme et une jeune femme se promènent ensemble dans les bois. Quelques renseignements sont donnés sur cette jeune femme. Elle se nomme « Rose », elle a « vingt ans ». Elle semble être d’humeur plutôt joyeuse « ses yeux brillaient ». « Les rossignols chantaient Rose ». Elle se trouve du côté de la vie, de la joie, d’une nature luxuriante et accueillante. Tout chez elle invite à la communication. Victor Hugo a alors « seize ans » et semble mélancolique. Il recherchait la solitude dans les bois mais Rose l’a rejoint. Il est donc peu intéressé par la communication avec la jeune femme. En effet, il se tourne plutôt vers la nature et semble trouver des prétextes pour éviter toute discussion. Durant toute la promenade, il « parle ». Il est le sujet de tous les verbes de parole (sans doute est-ce pour couvrir la gêne ? ). D’ailleurs, quand il parle, c’est surtout pour proférer des banalités. Il parle « des fleurs » « des arbres », comme on pourrait parler de la pluie et du beau temps. Rien ne semble relier les deux jeunes gens. La difficulté amoureuse semble déjà sous-entendue dès le début du texte. « JE ne songeais pas à Rose ; Rose au bois vint avec moi ; Nous parlions de quelque chose, Mais je ne sais plus de quoi. J’étais froid comme les marbres ; Je marchais à pas distraits ; Le manque de communication se perçoit dès les premiers vers avec l’emploi des tournures négatives. Rose ne fait pas partie des préoccupations premières du jeune Hugo et elle semble lui imposer sa précise. Leurs premiers échanges restent vagues, prouvant presque l’indifférence de départ du jeune Hugo. On notera aussi la différence d’attitude entre les deux. Hugo : du côté de la froideur et de la discrétion (comme l’indique la comparaison « comme les marbres » + l’adjectif « distraits »). Hugo semble renfermé sur lui-même et ne comprend pas les attentes de Rose. La rime entre « distraits » et « après » souligne cette différence. Trop distrait, il ne perçoit pas ce que souhaite lui faire comprendre Rose. Pourtant, les bois offraient un cadre propice à la naissance de cet amour de jeunesse. Cela donne l’impression d’être un lieu protégé et discret. Le cadre est bucolique : ce qui est en lien avec la poésie pastorale. Poésie qui chante la vie idéale dans la campagne et la nature. Je parlais des fleurs, des arbres ; Son œil semblait dire : Après ? La rosée offrait ses perles, Le taillis ses parasols ; J’allais ; j’écoutais les merles, Et Rose les rossignols.» Moi, seize ans, et l’air morose. Elle vingt ; ses yeux brillaient. Les rossignols chantaient Rose Et les merles me sifflaient -> Tout aurait pu satisfaire les deux jeunes gens. Pourtant, les deux semblent déjà en opposition « morose » s’opposant à rose. Rose est du côté de la couleur, de la lumière, de la joie de vivre ; là où le jeune homme reste définitivement du côté de la froideur. Etude du deuxième mouvement (strophes 5, 6 et 7). Rose, droite sur ses hanches, Ce mouvement met en avant la scène de séduction qui se déroule sous les yeux du jeune poète sans que celui-ci n’en comprenne la portée. On comprend que Rose a envie de séduire le jeune homme. Elle semble se mettre en scène pour attirer le regard du jeune Hugo. Elle est toujours du côté de l’action comme l’indique les verbes « leva » « prendre » « défit » et « mit ». Malheureusement pour elle, on note la négation du verbe « voir » à travers la répétition et le parallélisme. Elle n’a donc pas réussi à attirer le regard du jeune Hugo. La tentative de séduction de la jeune femme n’a donc pas abouti. C’est une occasion manquée. Le poète adulte revient sur cet épisode pour souligner que, pourtant, le cadre aurait été idéal pour de jeunes amours. Aussi décrit-il la nature de manière idéalisée. Celle-ci est belle, comme indique les mots « rosée ». Il y aurait d’ailleurs une correspondance entre la nature et la jeune femme. Par le prénom, « Rose » semble appartenir à la nature, c’est une jolie fleur symbole éternel de l’amour. Notez la correspondance et les jeux sonores entre « Rose » et « rosée ». On retrouve la sonorité de son prénom dans « rossignols ». La nature est donc complice de Rose : les oiseaux expriment les sentiments, commentent la situation. Les éléments de la nature lui donnent l’occasion de révéler son corps. Elle apparaît comme une nymphe des bois(dryade) et des rivières (naïade). Comme elle, la nature est « amoureuse ». Leva son beau bras tremblant Pour prendre une mûre aux branches ; Je ne vis pas son bras blanc. Une eau courait, fraîche et creuse, Sur les mousses de velours ; Et la nature amoureuse Dormait dans les grands bois sourds Rose défit sa chaussure, Et mit, d’un air ingénu, Son petit pied dans l’eau pure ; Je ne vis pas son pied nu. Etude du troisième mouvement : strophes 8 et 9. Je ne savais que lui dire ; Le jeune Hugo ne sait comment réagir face à une situation qu’il ne comprend pas encore. Notez le retour de la négation « je ne savais que lui dire ». Il semble passif. Rose, quant à elle, se lasse de cette situation, comme l’indique le verbe « soupirer ». La fin de cette petite histoire est marquée par la reprise en chiasme des deux premiers vers par les deux derniers le « n’y pensons plus » de Rose rappelle le « je ne songeais pas à Rose ». A chaque fois, ils se ratent. Quand c’est le poète qui ne pense pas à Rose, Rose souhaite le séduire et quand il comprend, c’est elle qui n’en veut plus. Le « nous » du début, suggérant que le couple aurait été possible, disparaît dans les dernières strophes. Le dernier vers marque le croisement des temporalités : c’est le poète adulte qui parle alors et qui évoque son éternel regret. Je la suivais dans le bois, La voyant parfois sourire Et soupirer quelquefois. Je ne vis qu’elle était belle Qu’en sortant des grands bois sourds. — Soit ; n’y pensons plus ! dit-elle. Depuis, j’y pense toujours. Conclusion : Ce que Hugo n’a pas vu à l’époque (la beauté de Rose, ses tentatives de séduction), il le reconstruit dans le souvenir. Cette reconstitution du souvenir sera d’ailleurs exprimée dans l’antithèse du titre « vieille » et « jeune ». Les années de silence, le souvenir aboutissent à un poème d’une grande simplicité. A partir d’un souvenir très personnel, Hugo revient sur un thème finalement universel : les regrets amoureux. On sent une certaine mélancolie qui accentue la part lyrique du texte. Mais, cet échec amoureux de jeunesse a permis à Hugo, adulte, de reconstituer son souvenir à travers l’écriture pour donner à lire au lecteur un thème fortement universel. → Vocabulaire à retenir au terme de cette explication. - Bucolique. - Lyrique

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