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Une vie de Maupassant

Commentaire d'oeuvre : Une vie de Maupassant. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Novembre 2021  •  Commentaire d'oeuvre  •  3 754 Mots (16 Pages)  •  557 Vues

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UNE VIE DE MAUPASSANT

I- ARCHITECTURE DU ROMAN

1) LES GRANDES ETAPES D’UNE VIE :

a) LES ETAPES CHRONOLOGIQUES :

Une vie relate l’histoire d’une femme ; de l’adolescence à la vieillesse. Les grandes tranches de sa vie permettent d’établir un plan selon l’ordre chronologique : Jeanne jeune fille (chap. 1 à 3) ; Jeanne jeune épouse (chap. 4 à 7) ; Jeanne jeune maman et jeune veuve (chap.8 à 10) ; Jeanne mère et grand-mère (chap. 11 à 14).Certains chapitres ont un rôle charnière : le chapitre 4 où Jeanne se marie, le chapitre 7 où elle apprend qu’elle est enceinte, enfin le chapitre 10 où la mort de Julien, son mari, termine sa triste vie d’épouse. Le dernier chapitre s’achève sur un ultime tournant, en donnant à Jeanne un rôle de grand-mère.

b) UNE LENTE DECOMPOSITION :

Bien plus intéressante, cependant, nous semble la lente décomposition de cette vie ; comment l’expérience de Jeanne, partie de la plénitude et du bonheur, se défait-elle dans le néant et le malheur ? Quelles sont les étapes de cette courbe descendante ?

Les trois premiers chapitres sont ceux du bonheur et des illusions. Jeanne, jeune fille comblée (elle est jeune, belle, riche, aimée des siens) et rêve d’amour. Les chapitres 4 et 5 jouent un rôle essentiel dans l’architecture de l’œuvre. Ils assurent la transition entre le bonheur et sa lente désagrégation ; Jeanne y réalise ses désirs : un mariage qu’elle croit scellé par l’amour, un voyage de noces en Corse ; elle y connaîtra d’ailleurs des moments d’exaltation amoureuse.

Le reste de l’œuvre n’est qu’une longue ligne descendante, celle où Jeanne se voit privée de tout : perte affective et physique de son mari à travers ses infidélités (chap. 7, 9) et sa mort (chap.10), perte de ses parents (chap. 9 et 11), perte de ses enfants (chap.10, 11), perte de ses biens (chap.12). Le chapitre 7, au cœur de l’œuvre, scelle le malheur de l’héroïne. Rosalie, sa servante, met au monde un fils de Julien ; Jeanne découvre la première trahison de son mari ; elle apprend en même temps qu’elle est enceinte elle-même et que Julien l’a trompée dès le premier jour. L’état de léthargie qu’elle traverse est symbolique d’une transformation radicale : la jeune femme naïve fait place à la femme déçue et amère.

2) LA REAPPARITION DES PERSONNAGES :

Maupassant use d’un autre procédé pour étayer l’architecture de son roman : la réapparition de certains personnages. Deux figures jouent principalement ce rôle : Rosalie et tante Lison.

Rosalie apparaît dans les sept premiers chapitres puis vingt quatre ans plus tard (chap.11), et soutient Jeanne. Après avoir contribué au malheur de Jeanne, elle devient à la fin un personnage positif dans la vie de sa maîtresse.

L’apparition périodique de tante Lison scande le récit. Bien que discrète et insignifiante, elle souligne de sa présence les moments clés de la narration : les fiançailles et le mariage de Jeanne, la maladie de l’héroïne qui suit la découverte de l’infidélité de Julien, l’accouchement de Jeanne et le baptême de Paul, l’enterrement de « petite mère » et celui de Julien, l’éducation de Paul.

La présence de tante Lison est, du point de vue de la composition de l’œuvre, d’autant plus importante qu’elle s’inscrit en contrepoint de celle de Rosalie : celle-ci, par exemple, resurgit précisément au moment de l’enterrement de tante Lison.

II- LE TEMPS :

1) LES SYMBOLES DU TEMPS : LES SAISONS :

Le temps n’est pas uniquement rendu par les dates et les indications temporelles : certains objets ou certaines saisons viennent rappeler, comme un leitmotiv obsédant, la fuite du temps.

Les saisons, et tout particulièrement le printemps et l’hiver, jouent dans l’œuvre un rôle prépondérant. Elles rythment les chapitres et imposent aux êtres et aux choses leur cadence propre. Joies et peines se vivent au rythme des influences saisonnières.

Le chapitre 2 s’ouvre sur une description printanière et champêtre ; Jeanne gambade dans une nature accueillante et grisante.

Chaque année, Jeanne attend le retour du printemps. Il signifie l’appel de la nature ; Jeanne à l’image de toutes les formes de vie, végétale et animale, y éprouve un élan de vie et de désirs. Son aspiration au bonheur semble étroitement liée aux cycles naturels.

A l’opposé, l’hiver agit négativement sur son humeur et sur sa sensibilité. La fréquence des descriptions hivernales croît, d’ailleurs, avec le déroulement du roman. Le passage du printemps à l’hiver permet à Maupassant d’inscrire les progrès de la désillusion dans les lois générales des cycles naturels. L’hiver semble étouffer tout espoir, noyer toute satisfaction. Il préfigure la mort et impose sa tonalité triste et lugubre à de nombreux chapitres.

2) LES SYMBOLES DU TEMPS : LES OBJETS

A cette symbolique des saisons s’associe une symbolique des objets. Les réapparitions de la pendule et des calendriers semblent souligner la marche du destin.

a) LA PENDULE :

Elle apparaît cinq fois dans l’œuvre. Au chapitre 1, l’auteur la décrit minutieusement : « un mince balancier sortant de la ruche par une fente allongée promenait éternellement sur ce parterre une petite abeille aux ailes d’émail »

Au chapitre 3, Jeanne toute frissonnante d’amour embrasse la petite abeille.

Au chapitre 6, après son voyage de noces, Jeanne, triste, retrouve la pendule : à sa vue, elle est traversée « par un élan d’affection, remuée jusqu’aux larmes devant cette petite mécanique qui semblait vivante, qui lui chantait l’heure et palpitait comme une poitrine ».

Au chapitre 9, l’évocation de cet objet accompagne la mort de sa mère : « alors elle remarqua le tic-tac léger de la pendule » : Jeanne y voit le signe du temps qui s’écoule inexorablement. L’objet apparaît comme dédoublé et vivant : l’abeille de la pendule est devenu un gros insecte attiré par les bougies, le tic-tac est repris en écho par celui de la montre de la morte.

Au chapitre 12, Jeanne, lors de son déménagement, sauve la pendule du désastre. Ainsi celle-ci accompagne la vie de l’héroïne et réapparaît à chaque moment de son existence : sa jeunesse, ses premiers amours, ses premières déceptions,

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