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Tirade De Trivelin

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Par   •  4 Mai 2014  •  2 025 Mots (9 Pages)  •  2 939 Vues

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Introduction

1) Accroche : Même si le théâtre se présente comme un divertissement, Victor Hugo le considérait comme une tribune, une chaire permettant au dramaturge d'exposer et de défendre ses idéaux. Il semble qu'il en soit de même pour Marivaux dans cette scène 2 de sa comédie sociale l'Ile des esclaves publiée en 1725.

2) Contexte : le XVIII° siècle est en train de commencer : on va voir ici pointer des thèmes qui vont devenir de plus en plus présent chez les philosophes et les penseurs du siècle des lumières. Le Régent règne pour l’instant : on revient à des thématiques plus légères, on peut mieux s’exprimer que sous Louis XIV ; soudain la Commedia dell’arte (ici deux zanni : Arlequin et Trivelin) retrouve sa place dans les spectacles parisiens…Marivaux peut donc choisir de présenter sur une scène un débat d’idées dans une comédie.

3) Situation de la scène dans la pièce : Dès la première scène s’était dessiné un processus de renversement d'ordre social, entre Iphicrate et Arlequin, avec la désobéissance de plus en plus marquée du valet. Ce renversement est au centre de la seconde scène et se matérialise en particulier grâce au changement d'identité entre les deux personnages, imposé par Trivelin. Ce dernier va très vite devenir, tant aux yeux des autres personnages qu'à ceux du spectateur, la clé de voûte de l'évolution des relations entre les maîtres et les valets, imposant la loi de la cité, exigeant la soumission des naufragés à ses décisions et calmant l'ardeur des anciens valets.

À la scène 2, son arrivée constitue un coup de théâtre. Iphicrate est désarmé, de nouvelles règles sont instaurées (inversion des noms et des attributs). La tirade de Trivelin constitue un moment crucial de cette scène : se posant immédiatement en détenteur de la loi et en garant de la morale vis-à-vis des autres personnages, il va se comporter presque en metteur en scène, au point de devenir une sorte de double de Marivaux lui-même.

4) Thème de l’extrait : Cette scène confronte en effet les deux couples de naufragés aux habitants de l'île, dont Trivelin se fait le porte-parole. Après un échange rapide et dynamique, Trivelin accapare la parole dans une longue tirade qui lui permet de poursuivre l'exposition de la pièce, de présenter les lois de l'île et de se livrer à un réquisitoire contre l'esclavage. Quant à la réplique d’Arlequin, réplique décalée, elle marque un retour au comique.

5) Problématique: Nous analyserons comment cette tirade met en œuvre un discours didactique susceptible de faire évoluer le lecteur/spectateur/auditeur.

I. La poursuite de l'exposition: un exposé d’ordre informatif et didactique à l’usage du spectateur

1. Une mise en scène de l’utopie :

a) rappel spatio-temporel « historique »

-La Grèce : origine mythique, premier modèle de démocratie en Occident.

-Ici Athènes : symbole de l’oppression des esclaves par les maîtres.

-Ile : lieu de refuge traditionnel dans les utopies, protection idéale contre toute intervention du monde extérieur.

b) historique du gouvernement de l’île (recours au passé simple=temps du récit passé)

-Premiers esclaves révoltés : esprit de vengeance (champ lexicaux du « ressentiment » (esclaves) et de la violence (maîtres) qui évoque la loi du Talion et annonce les termes de « barbarie », « esclavage » ou « humilions » plus bas.

-La tirade s’organise en deux temps autour du c. circonstanciel de temps : « vingt ans après » qui marque le passage de la vengeance à la correction !

-Polysémie du verbe « corriger » : punir et rectifier. Proche du mot « raison » (si cher aux philosophes des lumières)ce terme évoque pour le lecteur une évolution positive possible. On le mettra en relation également avec le mot « progrès » (l.11) et avec « si vous ne devenez pas meilleurs » qui rappellent non seulement l’esprit des lumières mais aussi l’Utopie. Pour l’atteindre il faut donc un apprentissage. (cf premier objet d’étude)

c) Les fonctionnements de l’île partent donc de ces principes :

-il s’agit d’une île aux saveurs exotiques (très à la mode à l’époque : L’Embarquement à Cythère) dont les habitants qui sont gouvernés par la « raison », sont « sensibles », « superbes » mais pour le bien. En fait ce gouvernement propose « un cours d’humanité » qui passe par une transformation provisoire de« trois ans ». Il s’agit de réapprendre à vivre ensemble, différemment. Trivelin développe un nouveau régime de vie. Ici seules comptent les qualités humaines : « générosité », « charité » et « bonté » (l.12, 17)

-Le théâtre devient cette île : mise en abyme. Le temps au théâtre ne s’écoule pas comme dans la vie ordinaire. Le but de la pièce est donc énoncé : d’ordre moral et social il passe par un changement de comportement et de pensée. Le suspense est cependant là : nous ne connaissons pas les moyens mis en œuvre, ni ce qu’il adviendra des serviteurs devenus maîtres après trois ans.

2. Le caractère oratoire de la scène (cf 1er objet d’étude):

a) structure très rigoureuse :

-sorte de préambule qui est destiné à attirer l’attention des destinataires. Injonction pour faire en sorte que le destinataire soit dominé paternellement.

-première étape consacrée au passé fondateur de l’île : utilisation d’un vocabulaire extrêmement soutenu comme dans théâtre classique « nos pères » pour « nos ancêtres/anciens », « ressentiment des outrages », conséquemment ». Usage de « nous » qui donne un caractère solennel.

-exposé des nouvelles règles en vigueur dans l’île : asyndètes qui renforce le caractère solennel des lois en vigueur (présent d’énonciation qui devient vérité générale, législative.

-exposé des effets escomptés de la cure. Présence du rythme ternaire « humain, raisonnable et généreux ».

-péroraison

b) Un exposé didactique (cf premier objet d’étude)

Le mot « cours » renvoie à l’idée d’un enseignement où la parole est maîtrisée :

-connecteurs logiques comme « donc »,

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