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Texte : Article « Philosophe » Dumarsais

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Par   •  12 Mars 2014  •  669 Mots (3 Pages)  •  981 Vues

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César Dumarsais, article « Philosophe »

Texte important de l’Encyclopédie et de l’époque des Lumières, l’article « Philosophe » est l’occasion de définir un idéal humain qui prolonge celui de « l’honnête homme » et de préciser les ambitions d’une démarche philosophique mêlant la réflexion raisonnée à la connaissance des réalités sociales et historique.

Les autres hommes sont déterminés à agir sans sentir, ni connaitre les causes qui les font mouvoir, sans même songer qu’il en ait. Le philosophe au contraire démêle les causes autant qu’il est en lui, et souvent même les prévient, et se livre à elles avec connaissances : c’est une horloge qui se monte, pour ainsi dire, quelquefois elle-même. Ainsi il évite les objets qui peuvent lui causer des sentiments qui ne conviennent ni au bien-être, ni à l’être raisonnable, et cherche ceux qui peuvent exciter en lui des affections convenables à l’état où il se trouve. La raison est à l’égard du philosophe ce que la grâce est à l’égard du chrétien. La grace1 détermine le chrétien à agir ; la raison détermine le philosophe.

Les autres hommes sont emportés par leurs passions, sans que les actions qu’ils font soient précédées de la réflexion : ce sont des hommes qui marchent dans les ténèbres ; au lieu que le philosophe, dans ses passions mêmes, n’agit qu’après la réflexion ; il marche la nuit, mais il est précédé d’un flambeau.

La vérité n’est pas pour le philosophe une maitresse qui corrompe son imagination, et qu’il croie trouver partout ; il se contente de la pouvoir démêler où il peut l’apercevoir. Il ne la confond point avec la vraisemblance ; il prend pour vrai ce qui est vrai, pour faux ce qui est faux, pour douteux ce qui est douteux, et pour vraisemblable ce qui n’est que vraisemblable. Il fait plus, et c’est ici une grande perfection du philosophe, c’est que lorsqu’il n’a point de motif pour juger, il sait demeurer indéterminé.

Le monde est plein de personnes d’esprit et de beaucoup d’esprit, qui jugent toujours ; toujours ils devinent, car c’est deviner que de juger sans sentir quand on a le motif propre du jugement. Ils ignorent la portée de l’esprit humain ; ils croient qu’il peut tout connaître : ainsi ils trouvent de la honte à ne point prononcer de jugement et s’imaginent que l’esprit consiste à juger. Le philosophe croit qu’il consiste à bien juger. Le philosophe n’est pas tellement attaché à un système qu’l ne sente toute la force des objections. La plupart des hommes sont si forts livrés à leurs opinion qu’ils ne prennent pas seulement la peine de pénétrer celles des autres. Le philosophe comprend le sentiment qu’il rejette, avec la même étendue, la même netteté qu’il entend celui qu’il adopte

L’esprit philosophique est donc un esprit d’observation et de justesse qui rapporte tout à ses véritables principes, mais ce n’est pas l’esprit seul que le philosophe cultive, il porte plus loin son attention et ses soins.

L’homme n’est point un monstre qui ne doive vivre que dans les abimes de la mer ou au fond d’une forêt ; les seules nécessités de la vie lui rendent le commerce2 des autres nécessaire ; et dans quelque état où il se puisse trouver, ses besoins et le bien-être l’engagent à vivre en société.

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