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Sujet Type Bac

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Par   •  28 Mars 2013  •  2 306 Mots (10 Pages)  •  1 350 Vues

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Corpus :

Texte A : Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, Livre I, chapitre III, 1831.

Texte B : Émile Zola, Le Rêve, chapitre I, 1888.

Texte C : Blaise Cendrars, L’Or, chapitre VI, 21, 1925.

Texte D : Véronique Ovaldé, Et mon cœur transparent, chapitre III, 2008.

Texte A : Victor Hugo, Notre-Dame de Paris

Dans un vaste espace laissé libre entre la foule et le feu, une jeune fille dansait.

Si cette jeune fille était un être humain, ou une fée, ou un ange, c’est ce que Gringoire, tout philosophe sceptique1, tout poète ironique qu’il était, ne put décider dans le premier moment, tant il fut fasciné par cette éblouissante vision.

Elle n’était pas grande, mais elle le semblait, tant sa fine taille s’élançait hardiment. Elle était brune, mais on devinait que le jour sa peau devait avoir ce beau reflet doré des andalouses et des romaines. Son petit pied aussi était andalou, car il était tout ensemble à l’étroit et à l’aise dans sa gracieuse chaussure. Elle dansait, elle tournait, elle tourbillonnait sur un vieux tapis de Perse, jeté négligemment sous ses pieds ; et chaque fois qu’en tournoyant sa rayonnante figure passait devant vous, ses grands yeux noirs vous jetaient un éclair.

Autour d’elle tous les regards étaient fixes, toutes les bouches ouvertes ; et en effet, tandis qu’elle dansait ainsi, au bourdonnement du tambour de basque que ses deux bras ronds et purs élevaient au-dessus de sa tête, mince, frêle et vive comme une guêpe, avec son corsage d’or sans pli, sa robe bariolée qui se gonflait, avec ses épaules nues, ses jambes fines que sa jupe découvrait par moments, ses cheveux noirs, ses yeux de flamme, c’était une surnaturelle créature.

— En vérité, pensa Gringoire, c’est une salamandre2, c’est une nymphe3, c’est une déesse, c’est une bacchante4 du mont Ménaléen5 !

En ce moment une des nattes de la chevelure de la « salamandre » se détacha, et une pièce de cuivre jaune qui y était attachée roula à terre.

— Hé non ! dit-il, c’est une bohémienne.

Toute illusion avait disparu.

1 Philosophe partisan du doute systématique.

2 Batracien amphibie auquel on attribuait anciennement la faculté de vivre dans le feu.

3 Divinité féminine d’apparence jeune et gracieuse, qui hante les fleuves, les sources, les bois, les montagnes et les prairies.

4 Prêtresse du culte de Bacchus.

5 Le mont Ménale est une montagne du Péloponnèse en Arcadie.

Texte B : Émile Zola, Le Rêve

Le jour de Noël, une orpheline de neuf ans a trouvé refuge devant la porte d’une église à côté de laquelle se trouve la maison d’un couple d’artisans, Les Hubert.

Sans pensées, l’enfant regardait toujours ce logis vénérable de maître artisan, proprement tenu, et elle lisait, clouée à gauche de la porte, une enseigne jaune, portant ces mots : Hubert chasublier1, en vieilles lettres noires, lorsque, de nouveau, le bruit d’un volet rabattu l’occupa. Cette fois, c’était le volet de la fenêtre carrée du rez-de-chaussée : un homme à son tour se penchait, le visage tourmenté, au nez en bec d’aigle, au front bossu, couronné de cheveux épais et blancs déjà, malgré ses quarante-cinq ans à peine ; et lui aussi s’oublia une minute à l’examiner, avec un pli douloureux de sa grande bouche tendre. Ensuite, elle le vit qui demeurait debout, derrière les petites vitres verdâtres. Il se tourna, il eut un geste, sa femme reparut, très belle. Tous les deux, côte à côte, ne bougeaient plus, ne la quittaient plus du regard, l’air profondément triste.

Il y avait quatre cents ans que la lignée des Hubert, brodeurs de père en fils, habitait cette maison. Un maître chasublier l’avait fait construire sous Louis XI, un autre, réparer sous Louis XIV ; et l’Hubert actuel y brodait des chasubles, comme tous ceux de sa race. À vingt ans, il avait aimé une jeune fille de seize ans, Hubertine, d’une telle passion, que, sur le refus de la mère, veuve d’un magistrat, il l’avait enlevée, puis épousée. Elle était d’une beauté merveilleuse, ce fut tout leur roman, leur joie et leur malheur. Lorsque, huit mois plus tard, enceinte, elle vint au lit de mort de sa mère, celle-ci la déshérita et la maudit, si bien que l’enfant, né le même soir, mourut. Et, depuis, au cimetière, dans son cercueil, l’entêtée bourgeoise ne pardonnait toujours pas, car le ménage n’avait plus eu d’enfant, malgré son ardent désir. Après vingt-quatre années, ils pleuraient encore celui qu’ils avaient perdu, ils désespéraient maintenant de jamais fléchir la morte.

Troublée de leurs regards, la petite s’était renfoncée derrière le pilier de sainte Agnès. Elle s’inquiétait aussi du réveil de la rue : les boutiques s’ouvraient, du monde commençait à sortir. Cette rue des Orfèvres, dont le bout vient buter contre la façade latérale de l’église, serait une vraie impasse, bouchée du côté de l’abside2 par la maison des Hubert, si la rue Soleil, un étroit couloir, ne la dégageait de l’autre côté, en filant le long du collatéral3, jusqu’à la grande façade, place du Cloître ; et il passa deux dévotes4, qui eurent un coup d’œil étonné sur cette petite mendiante, qu’elles ne connaissaient pas, à Beaumont5. La tombée lente et obstinée de la neige continuait, le froid semblait augmenter avec le jour blafard, on n’entendait qu’un lointain bruit de voix, dans la sourde épaisseur du grand linceul blanc qui couvrait la ville.

Mais, sauvage, honteuse de son abandon comme d’une faute, l’enfant se recula encore, lorsque, tout d’un coup, elle reconnut devant elle Hubertine, qui n’ayant pas de bonne, était sortie chercher son pain.

- Petite, que fais-tu là ? qui es-tu ?

Et elle ne répondit point, elle se cachait le visage. Cependant elle ne sentait plus ses membres, son être s’évanouissait, comme si son cœur, devenu de glace, se fût arrêté. Quand la bonne dame eut tourné le dos, avec un geste de pitié discrète, elle s’affaissa sur les genoux, à bout de forces, glissa ainsi qu’une chiffe6 dans la neige, dont les flocons, silencieusement, l’ensevelirent. Et la dame, qui revenait avec son pain tout chaud,

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