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Siran de Bergerac

Commentaire de texte : Siran de Bergerac. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Décembre 2013  •  Commentaire de texte  •  3 186 Mots (13 Pages)  •  953 Vues

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Cyrano de Bergerac

Acte III, scène 7

Cet extrait de la scène 7 de l’Acte III tiré de Cyrano de Bergerac écrit par Rostand se trouve au cœur de l’action. La scène se déroule sous les fenêtres de Roxane; Christian vient d’échouer dans sa déclaration d’amour à la jeune femme et Cyrano propose de l’aider en lui soufflant les bons mots. Une chance s’offre à lui : à la faveur de la nuit et dissimulé par le feuillage, il est invisible et peut enfin laisser libre cours à ses sentiments. Le public, à l’inverse de Roxane connaît le subterfuge et comprend donc les paroles à double sens de Cyrano. Il est vrai que celui-ci est censé jouer le rôle de Christian et pourtant ses mots semblent véritablement sortir de son cœur. Ainsi, à la lutte des mots entre Roxane et Cyrano succède un aveu sincère dans une tirade exaltée et spontanée. Nous nous interrogerons sur l’enjeu de cette déclaration d’amour lyrique empreint de pathétique faisant naître la contradiction intime de Cyrano.

C’est pourquoi dans un premier temps, nous verrons comment cette scène se transforme petit à petit en une tirade amoureuse. Puis, nous étudierons la complexité de la situation d’énonciation et dans un dernier temps, nous nous demanderons comment se manifeste le trouble profond de Cyrano dans cet extrait.

I) Une déclaration d’amour

a) L’afflux des mots

Alors qu’au début de la scène Roxane semble dominer Christian, on assiste à un basculement des rapports de force lorsque Cyrano prend la parole. Nous remarquons en effet qu’au début Roxane semble être une maîtresse d’école corrigeant son élève Christian. C’est elle qui mène le dialogue par les interrogations « Qui donc m’appelle ? »(v1), « qui, moi ? » (v3), « C’est vous ? » (v5). C’est également Roxane qui se permet de juger la façon de parler de Christian « Non ! Vous parlez trop mal » (v10), « Tiens ! Mais c’est mieux ! » (v13)…La déclaration d’amour de Christian semble voué à l’échec.

Nous assistons cependant à un renversement dès que Cyrano prend la parole à la place de Christian. En effet, nous noterons la prise de pouvoir du langage par Cyrano qui se déclare. Le dialogue semble alors glisser vers la tirade. Le déséquilibre des répliques entre Roxane et Cyrano est révélateur du changement qui s’opère en faveur de Cyrano. Les répliques de Roxane se font de plus en plus petites. Cyrano domine. Les enchaînements subtils de Cyrano à partir des quelques mots de Roxane mettent en lumière la domination de Cyrano sur celle-ci à l’instar de cette réplique de Roxane aux vers 39 « Je vous parle, en effet, d'une vraie altitude! » à laquelle Cyrano répond par un jeu de mot : « Certes, et vous me tueriez si de cette hauteur. Vous me laissiez tomber un mot dur sur le coeur! ». Ce renversement des rapports de force mettant en valeur le fait que ce dialogue se transforme petit à petit en une tirade. Le peu de prise de parole de la jeune femme sont même interrompues : « Mais l’esprit ?... » ; « Oui, c’est bien de l’amour… »

b) Registre lyrique

Cette scène met en lumière une véritable déclaration d’amour. Le lyrisme qui ressort de ce dialogue met particulièrement en relief cet aspect. Nous noterons tout d’abord le cadre romantique de la scène. Celle-ci se passe effectivement de nuit. Cyrano dit en effet aux vers 29-30 « c’est qu’il fait nuit, Dans cette ombre… » ou encore au vers 69 « …car dans la nuit qui me protège… ». Rostand utilise également ce qui est devenu un cliché du jeu amoureux : le balcon dans lequel se trouve la bien aimée interpellé par l’amoureux à ses pieds.

Nous retrouvons également certaines instances d’énonciation propres au lyrisme. C’est ainsi que dans cette tirade amoureuse, nous retrouvons l’utilisation importante de la première personne du singulier : «mon langage », « je vais vous parler », « je ne sais », « j’ai tellement pris »…L’emploi du « je » privilégie et favorise en effet l’analyse du « moi ». Cela permet également à Cyrano de faire une introspection lui permettant ainsi d’exprimer clairement ce qu’il ressent.

La ponctuation affective met de même en relief le lyrisme de cette déclaration d’amour. Les nombreuses exclamations de Cyrano sont témoins du chamboulement de l’héros. Les cris d’admirations et d’amour sont exprimés par des interjections diverses : « Les miens montent, Madame il leur faut plus de temps! » ; « Moi je ne suis qu'une ombre, et vous qu'une clarté! » ; « Quiconque est sous vos yeux! ». Nous noterons également les apostrophes propre à la tirade amoureuse : « Oh ! » (Vers 156) ; « Ah ! Que pour ton bonheur, je donnerais le mien… » (v132) ; « Ah ! Si loin les carquois… » (V 86). La ponctuation met donc en relief le lyrisme de cette scène.

De même, l’expression des sensations et des sentiments tout au long de ce dialogue fait de cette scène une tirade lyrique. Le champ lexical de l’amour y est particulièrement développé : « amour », « sentiment », « cœur » (ce mot est à 7 reprises dans le texte). Nous retrouvons même une polyptote du verbe « aimer » : « je t’aime », « je vous aime », « j’ai tout aimé », « de l’amour ». On assiste ainsi à une générosité de l‘amour jusqu’à l’oubli de soi.

c) Phénomène d’idéalisation

La déclaration d’amour de Cyrano pour Roxane passe dans cette scène également à travers une certaine idéalisation de Roxane à travers le discours de Cyrano. Nous avons en effet l’impression que le héros est en totale admiration face à sa bien aimée.

Cette sublimation pour Roxane passe notamment par un certain fétichisme. On a en effet l’impression que Cyrano prend du plaisir à regarder et s’imaginer les différentes parties du corps de Roxane. Ce fétichisme apparaît quand Cyrano prend par exemple en adoration le nom (« Ton nom est dans mon cœur comme dans un grelot (…) je frissonne (…) et le nom sonne » vers 16 à 19) ou encore la chevelure de Roxane (« (…) le matin tu changeas de coiffure ! J’ai tellement pris pour clarté ta chevelure…vers121-122).

Cette idéalisation de Roxane par Cyrano est également révélée par le discours du langage amoureux. Ce langage ne passe pas seulement à travers les mots comme nous l’avons vu précédemment mais également par l’importance du regard que la nuit rend pourtant dans cette scène impossible. Cette situation fait ainsi naître et accroître le sentiment amoureux des

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