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Sand ou le grand combat d’une écrivaine moderne, cas d’Indiana

Fiche : Sand ou le grand combat d’une écrivaine moderne, cas d’Indiana. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Août 2019  •  Fiche  •  6 243 Mots (25 Pages)  •  494 Vues

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Sand ou le grand combat d’une écrivaine moderne,

cas d’Indiana

Ikram CHEMLALI

Doctorante à la FLSH de Tétouan

Mots clés : femme, combat, féminisme, modernité, progressisme, peuple.

Résumé :

Sand a milité sa vie durant pour le développement de sa société. Dotée de sa plume, elle transformait les mots en une arme douce pour défendre les marginalisés dont elle fait les héros de ses textes. De ce fait, Sand aborde systématiquement les problématiques de ces oubliés de l’Histoire dont une large partie souffrait de la pauvreté et de l’ignorance qui sont le résultat direct de la discrimination sociale. Une discrimination dont la femme souffrait cruellement. Dépourvue de ses droits, la femme était  soumise à la tutelle de l’homme ; le père ou le frère d’abord, puis le mari par la suite. En vue de faire sortir la femme de cette sujétion, Sand appelait principalement dans ses écrits, comme c’est le cas dans Indiana, à la nécessité de l’instruction en tant que moyen principal et capable de faire de la femme un être autonome. La libération de la femme passe inéluctablement par l’acquisition de ses droits d’ordre civique. C’est le grand combat de Sand, qu’elle menait en s’inspirant de sa vie réelle en tant que femme moderne qui a réussi à pousser aussi loin qu’il était possible les entraves infligées par la société.

Une femme de son époque mais pressée d’en hâter le cours. En avance sur les mœurs de son temps, politiquement gagnée au progressisme et au féminisme, adhérente à des esthétiques nouvelles, George Sand laisse apparaitre l’image d’une écrivaine devancière, et visionnaire. A bien des égards, son indépendance, ses choix de vie,  ses idées féministes et socialistes ainsi que la volonté de les accomplir en dépit des entraves de tout genre, nous  reconnaissons et saluons en George Sand une auteure moderne, hardie et soucieuse des maux de la femme et de la société.

Néanmoins, il faudrait dans un premier temps écarter les multiples ambigüités qui rôdent autour du concept de  la modernité. D'abord, la notion de modernité implique un lien direct avec la temporalité, du fait qu’elle suppose un paramètre temporel bien défini.  Etre moderne, c'est être de son temps. Aussi doit-on prendre en considération un autre sens du terme modernité, mais qui est à-peu-près contradictoire avec le premier: est moderne une œuvre du passé qui nous concerne toujours, qui expose les problèmes non du temps où elle a été écrite mais de notre temps. Evidemment, l'idéal serait qu'une œuvre qui pose les problèmes du XIXe siècle, pose en contrepoint ceux du XXIe, alors elle serait moderne aux deux sens du terme. C'est le paradoxe de la modernité. Indiana de George Sand y répond-elle? Si oui, de quelle manière?

Sand et la condition féminine 

On ne peut parler de la modernité chez Sand, sans songer à son combat pour l'amélioration de la condition féminine. Il est certain que, par son œuvre, et par sa vie, George Sand a été une de ces pionnières qui au XIXe siècle ont annoncé la libération de la femme au XXe siècle et au XXIe siècle. L’écrivaine croit à la nécessité de l’indépendance féminine et  pense que l’autonomie de la femme est tributaire d’une bonne éducation. Aux yeux sandiens, la femme doit parvenir à un certain niveau d’instruction si elle souhaite vraiment accéder à ses  droits civils et civiques.

L’instruction est «le principal [accès] à l’indépendance » [1], souligne la romancière. Cette instruction, tant désirée par les femmes du XIXe siècle, Sand leur conseille de la « chercher dans les livres sérieux » [2]. Elle veut qu’elles arrivent, par l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, à se libérer de leur ignorance, car « [l]’ignorance est la cause de bien des faiblesses inhérentes à la condition féminine. » [3]. C’est la source capitale des humiliations qu’on fait subir aux femmes. Pour mettre en exergue cette idée dans Indiana, l’écrivaine brosse le portrait d’Indiana ; inculte et sans grand savoir. La jeune femme ne participe à aucun débat, et toute discussion profonde lui paraît ennuyeuse. Ses connaissances se limitent à l’histoire abrégée du monde et ses lectures romanesques la poussent encore à l’âge de dix- neuf ans, à poser « de naïves questions qu’une fille de dix ans élevée dans le monde eût habilement résolues » [4]. Certainement la situation d’Indiana serait complètement différente si elle était une personne instruite.

Seule l’instruction peut relever la femme, l’amener à se débarrasser de sa sujétion et la rendre autonome. Cette idée l’écrivaine la met bien en évidence, à travers l’exemple de Mme de Carvajal, dans le texte. Cette « [m]oderne femme d’affaires » [5], arrivera malgré les conditions difficiles qui vont suivre le décès de son conjoint, à s’imposer à la société, grâce à son instruction, à son habilité, et à son travail « comme en témoigne ses mystérieux succès en bourse » [6]. En exhibant le model de ce personnage qui nous renvoie à la vie réelle se Sand, l’écrivaine laisse apparaitre le grand écart entre cette femme à caractère fort et Indiana la soumise.

Toutefois, ce n’est pas seulement l’illettrisme d’Indiana qui est à l’origine de ses ennuis. Il y a aussi son statut de mineur qui la place constamment sous la tutelle de son mari. Elle n’a aucun bien et dépend complètement de son conjoint. Indiana est effacée et n’existe qu’à travers son époux. D’ailleurs, le narrateur désigne souvent Indiana par « sa femme » [7]  au lieu de l’appeler directement par son nom. L’héroïne n’a donc aucune identité. Cette situation la met en état de subordination qui s’accentue encore davantage avec le mauvais traitement de son mari que le narrateur n’hésite pas à qualifier péjorativement de « tyran » [8].

 

Dans ses moments de colère, cet homme à caractère bestiole n’hésite pas à utiliser la violence contre sa femme, il « la saisit par les cheveux, la renversa, et la frappa au front du talon de sa botte » [9] nous rapporte le narrateur. Dans le fond, ce triste époux éprouve un profond sentiment d’avanie. Il est continuellement repoussé par Indiana. Il n’a jamais réussi à la rendre amoureuse de lui. Pourtant, quoi de plus naturel de la part d’une jeune et belle femme qui a été obligée d’épouser malgré elle un homme de l’âge de son père et qui demeure contrainte de le supporter durant toute sa vie puisqu’elle n’a pas droit au divorce.

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