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« Salomé », Guillaume Apollinaire

Commentaire de texte : « Salomé », Guillaume Apollinaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Novembre 2022  •  Commentaire de texte  •  1 484 Mots (6 Pages)  •  241 Vues

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« Salomé », Guillaume Apollinaire

Aujourd’hui ; nous étudions le célèbre poème « Salomé » de Guillaume Apollinaire ; poète né à Rome le 26 Août 1880 et mort le 9 Novembre 1918. Guillaume s'inspire des mythes antiques et légendes en 1890. Il démontre toute l'étendue de son génie et de son savoir poétique, en passant par la virtuosité de la versification (« La chanson du mal aimé ») à un vers libre qui annonce les aventures du mouvement surréaliste (« La maison des morts »). Le poème « Salomé » appartient au recueil Alcools publié en 1913.  Apollinaire revisite ici le thème biblique de la danse de « Salomé » et le transpose dans un univers différent. Ce texte évoque à priori la peine causée par Annie Pleyden, la jeune gouvernante anglaise qui a éconduit le poète. La cruauté de la jeune fille est transposée sur le plan légendaire et il donne ici un sens universel à sa situation, en voyant au travers de ces figures féminines l'illustration de l'éternel féminin. Pendant l’analyse de cet extrait, nous allons nous demander comment Apollinaire mêle-t-il dans ce texte la tradition et la modernité. Pour répondre à cette question, nous allons d’abord analyser l’héritage classique présent dans ce poème, puis nous allons étudier l’art poétique d’Apollinaire.

 

Tout d’abord, il est important de remarquer la structure de ce poème. En effet, ce texte est composé de cinq paragraphes, dont quatre quatrains. La plupart de ces vers sont des alexandrins, ce qui administre au poème une douceur ainsi qu’une musicalité assez traditionnelle. Des rimes croisées sont visibles dans les premiers et troisième quatrain. Nous notons également une alternance classique de rimes féminines et masculines, même si les féminines dominent légèrement ; donnant ainsi au texte la légèreté typique de la figure féminine omniprésente dans ce texte. Aux vers cinq, six et sept, le passé est évoqué par le biais de l’imparfait (« mon cœur battait battait ») : référence au temps du bonheur, de la félicité, avant l’abandon, la rupture. De ce fait, le passé simple du vers douze (« l’emmenèrent ») marque alors la rupture ; on bascule dans une autre période. Dans ce même vers, le passé composé (« se sont flétris ») indique une action achevée, un temps révolu synonyme désormais de tristesse.

          De plus, l’Histoire est également un thème largement présent dans cet œuvre. Le titre évocateur nous rappelle la légende biblique de Salomé ainsi que de la danse des sept voiles. Le texte multiplie les allusions au récit initial. On retrouve ainsi le champ lexical de la religion, thème ubiquiste dans les œuvres d’Apollinaire, aux vers un, deux, onze, vingt-deux et vingt-trois (« Jean-Baptiste » ; « séraphins »), qui permet de faire le lien avec le récit originel. En outre, les évocations de la danse sont aussi présentes, notamment par la présence du verbe « danser » aux vers deux, six, quinze et dix-neuf. Cette répétition incessante assure une cohérence au texte tout en rappelant le motif premier, celui de la danse des sept voiles effectuées par Salomé pour l’anniversaire d’Hérode. Aussi, les allitérations en [s] de la première strophe conférent au texte une certaine musicalité et participent à l’évocation de la danse. Parmi les personnages présents dans cet œuvre, nous retrouvons Hérode (v.11) et la mère de Salomé (v.3/16). En effet, à l’ouverture du poème se trouve le personnage masculin biblique. Le placement du nom propre en fin de vers constitue une mise en relief du personnage, aussi par le rythme du vers en 4 / 5 / 3. Son activité de prêcheur est évoquée au vers cinq par le biais du groupe nominal placé, lui aussi, en relief en fin de vers. De même, le complément circonstanciel de lieu du vers dix renvoie directement à son activité, allusion directe à la religion et au récit originel « le baptême dans les eaux de ce fleuve ». Enfin, le châtiment de la décapitation est présent dans le vers quinze par le biais de l’impératif qui suggère une tête séparée du corps ainsi que par l’adjectif « froid » du vers seize, qui renforce l’idée de la mort. Tous ces éléments inscrivent dans ce texte une lignée classique, certes, cependant de nombreuses traces de modernité sont présentes.

        Deuxièmes, intéressons-nous sur l’art poétique d’Apollinaire. En réalité, le poème se termine sur septain, aux rimes embrassées et suivies. Au milieu des alexandrins précédemment identifiés se trouve un décasyllabe (v.14) et trois hexasyllabes (v.21/22/23). Ces quatre vers sont décalés par rapport aux autres, comme pour attirer l’attention du lecteur sur la conclusion du poème. Les trois derniers vers accélèrent le rythme, comme si la danse de Salomé devenait plus endiablée, après avoir été plutôt langoureuse, une référence à l’Opera. Tandis que dans les deuxième et quatrième quatrains, les vers six, huit et treize et quinze, les sons sont similaires mais ne riment pas. Le [on] et [an] se rapprochent sans pour autant être similaire, ce qui évoque une irrégularité à peine perceptible, comme si Apollinaire jouait avec les mots. L’absence de ponctuation, signature du poète, renforce l’idée de dans libérée et effrénée. Du point de vue de l’énonciation, on retrouve les marques de la première personne du singulier : sous les formes sujet aux vers deux, six, sept, neuf et vingt ; en complément aux vers trois et treize ; ainsi qu’en adjectif possessif aux vers trois, cinq, douze, seize et vingt. Le poème adopte le point de vue de Salomé, alors que le texte originel est raconté selon celui de l’évangéliste Matthieu. Le destinataire est multiple, puisqu’on retrouve la deuxième personne du pluriel aux vers trois, neuf, onze, treize, seize et dix-sept, à la fois comme marque du pluriel et comme marque de politesse. Elle parait s’adresser à sa mère, au roi Hérode et aux fous du roi. La syntaxe est aussi surprenante, notamment au vers seize « N’y touchez pas son front ma mère est froid ». Effectivement, cette construction peut traduire le malaise et la douleur face à la mort du personnage. Et enfin, le texte mêle les modes indicatifs, le subjonctif (v.1/9), conditionnel (v.2) et impératif (v.3/ 13 à 17), ce qui souligne sa richesse et sa diversité.

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