Rhinocéros ionesco

RÉSUMÉ

À la terrasse d’un petit restaurant, alors que Jean et Bérenger discutent, un rhinocéros passe devant eux, laissant perplexes les personnages présents. Et puis, un second rhinocéros traverse l’espace. Est-ce le même ? Avait-il une corne ou deux cornes ? S’agissait-il d’un rhinocéros d’Asie ou d’Afrique ? La discussion s’enflamme au sein des premiers témoins alors que la nouvelle se répand dans les journaux. Au bureau de M. Papillon, où travaille Bérenger, chacun y va de son interprétation : peut-on croire ce qu’en disent les nouvelles ? Quelle est la nature de ce phénomène ? En peu de temps, les rhinocéros se multiplient et ce qui s’avérait être anecdotique se transforme en véritable pandémie.

IONESCO ET LE THÉÂTRE DE L’ABSURDE

Eugène Ionesco (1909-1994) est d’origine roumaine. Il vécut une partie de sa vie en Roumanie avant de s’établir en France où il écrira plus de vingt-cinq pièces de théâtre, et ce, en français. Il a également enseigné et rédigé plusieurs écrits critiques, notamment pour expliquer son propre théâtre, controversé pour l’époque. Écrire pour Ionesco, comme pour plusieurs au lendemain de la guerre, va l’aider à mieux supporter la vie, ses angoisses, le sentiment que le monde que portent lui et ses semblables est absurde et, surtout, à donner vie aux rêves que contient son imaginaire. La Deuxième Guerre mondiale (1939-1945) montre à quel point l’homme n’a pas appris des désastres de la Grande Guerre (1914-1918). Avec la bombe atomique, il peut se détruire en un clin d’œil.

LE THÉÂTRE DE L’ABSURDE

Le théâtre de l’absurde apparaît autour des années 1950 avec la pièce La cantatrice chauve de Ionesco, pièce qui fait scandale à l’époque par son côté avant-gardiste et qui laisse les spectateurs dans l’incompréhension : les personnages sont des caricatures et ressemblent à de ridicules pantins, l’intrigue est pratiquement absente et les répliques vides et décousues entre les personnages conduisent à une véritable cacophonie. Pendant la guerre, les gens assistent à des représentations de théâtre bourgeois qu’on appelle le « théâtre de boulevard » (théâtre réaliste). Ils se divertissent de toutes les façons possibles pour oublier ce qui se passe (la France, à ce moment-là, est occupée par les Allemands). Pour les dramaturges de l’absurde, après la guerre, il faut davantage secouer le public endormi, le confronter dans ses réalités les plus étranges et cachées, dans ses peurs enfouies : il faut aller au bout de ce qu’on ne veut pas voir. Ils montrent le vide, le ridicule et l’absurdité de nos habitudes sociales, de nos pensées et de nos comportements. La notion d’engagement des artistes qui avait déjà commencé dans les années 1940 avec le théâtre existentialiste se poursuit dans les années 1950-1960. Samuel Beckett (1906-1989) et Jean Genet (1910-1986), en plus de Ionesco, seront les principaux auteurs de ce courant théâtral. Par la déconstruction qu’ils font des conventions théâtrales traditionnelles, on ira même jusqu’à dire qu’ils font de « l’anti-théâtre ». Il ne faut pas sous estimer cependant la portée métaphysique qu’entraîne cette apparence d’absurdité : c’est par cette déconstruction qu’on atteint selon eux

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