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Problèmes politiques et conflits Dans les vieux livres de François Bon

Fiche de lecture : Problèmes politiques et conflits Dans les vieux livres de François Bon. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Février 2015  •  Fiche de lecture  •  499 Mots (2 Pages)  •  586 Vues

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C’est une danse : on ne s’y reconnaît plus. De deux ans en deux ans il faut se débarrasser de l’ancien et remplacer par ce qui est tellement mieux – de toute façon, l’objet tombe en panne de lui-même et ce n’est pas réparable. C’est une fête aussi : le questionnement sur le monde, par la vitesse, les avions, les villes découvertes, et ce que nous apprenons à grignoter par nos doigts sur le plastique ou la dalle tactile du téléphone nous apporte des musiques inouïes, des livres rares, l’état précis des routes ou des trains. On roule sur un abîme : la planète mise à mal, les problèmes politiques et les conflits chacun susceptible de tout faire s’écrouler plus vite qu’aucun conflit autrefois, le cynisme froid de l’argent soufflant plus fort que les vents de haute altitude. Et ces objets à obsolescence programmée qui ont remplacé la vieille permanence, on ne supporte pas de penser à qui et comment et où ils ont été fabriqués, ni ce qu’on fera ensuite de leurs métaux rares et poisons des semi-conducteurs. L’ancien nous émeut : pas forcément pour l’avoir tenu en main dans l’enfance – un tracteur à rouiller dans un champ, une voiture en équilibre sur la pile d’une casse périurbaine, vue rapidement du train, et c’est le temps tout entier qui vous surgit à la face, et ce qu’on n’a pas su en faire. Et pourtant. Jamais on n’a connu plus finement l’immensité qui entoure notre propre mystère : exoplanètes et lumière fossile, galaxies naissantes, et la même chose pour l’atome ou la cellule, théories qui renoncent à unifier pour mieux comprendre corde à corde l’immensément petit ou l’immensément lointain. Dans les vieux livres, on cherche notre aventure. On lit par l’ancienne aventure le désarroi d’avoir manqué la nôtre. Les morts sont auprès : mains et voix. On entre dans les maisons, on les revoit tout au bout. Leurs objets à eux, l’invention qu’ils ont connue, et l’ébranlement qui les suivit. On est donc soi-même si vieux, à son tour, pour que l’apparition de la machine à laver, du téléviseur ou des guitares électriques nous soit un événement, quand la valeur symbolique de tout cela à son tour s’est évanouie ? On n’a pas de nostalgie – l’idée d’une mélancolie est plus riche, plus subversive même, à la fois quant au présent et au passé. Dans le chambardement des villes, on a désappris d’accumuler et garder (même si). Reste le présent, et son abîme : faute de le comprendre, et dans l’amplification majeure, chaotique qu’il représente, revenir lire les transitions successives. Il y a vos mains, et il y a ce front froid des morts, ceux qui furent vôtres. Au bout, tout au bout, on le sait : rien que les livres. Parce que cela aussi serait en danger, où on a tant appris ? Alors eux aussi les lire dans ce bouleversement des choses. Comment croire que soi-même on provienne d’un tel monde ? Cinquante ans, une paille.

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