Corrigé de la poésie Le vieux saltimbanque de Baudelaire
TD : Corrigé de la poésie Le vieux saltimbanque de Baudelaire. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar nora_763 • 22 Novembre 2012 • TD • 1 463 Mots (6 Pages) • 1 423 Vues
Le vieux saltimbanque ‐ Corrigé
I – Un texte de contrastes
Le texte est structuré de façon rigoureuse sur un renversement : cinq paragraphes pour l’évocation
de la fête foraine, et cinq pour le vieux saltimbanque. Les deux parties sont opposées point par point.
a) De la foule à la solitude
‐ Le poème met en scène le resserrement de la focalisation. Pluriel au début qui renvoie à des
types d’artistes (Les queues‐rouges ; Les Jocrisses ; Les Hercules ; les danseuses) ou singulier
collectif (le peuple, l.1) ou encore emploi de singulier à valeur généralisante : « L’homme du
monde » l. 8, « l’homme occupé de travaux spirituels » l.8.
Au contraire le vieux saltimbanque est un véritable individu, l. 31‐34 : anaphore de « il ».
‐ Le bouillonnement de la fête face au refus d’activité : multiplication des négations portant
sur les verbes d’action (l.31‐34) qui s’oppose aux nombreux verbes d’action du §4 (l. 12‐19).
‐ L’impossibilité de la communication à cause de la foule : l. 43 : « causé par un grand reflux de
peuple ». C’est le peuple, la foule qui sépare le poète du saltimbanque.
b) De la lumière à la nuit
‐ La fête en habit de lumière
Champ lexical du feu : « rouge » « basané » « feu des lanternes » « étincelles »
Négation « ne…que » qui réduit la fête à la lumière « tout n’était que lumière » l. 20
Modalisateurs positifs nombreux : « formidable » l.12 « comique solide » l. 16
« majestueusement » l. 17 « Eblouissant » l. 23
‐ Le saltimbanque obscur
Lumière absente : hypallage des « ténèbres puantes » l. 40 et même quand il y a de la
lumière, elle devient négative avec l’emploi de l’adverbe « trop » : « deux bouts de
chandelles, coulants et fumants, éclairaient trop bien encore la détresse » l. 28
c) Du bruit au silence : à développer par vous‐même.
Ces multiples oppositions ne sont cependant pas sans ambiguïté. Il y a en effet, en dépit des
apparences, un choix assez clair de la part du poète de valoriser le saltimbanque, et non la fête.
II – Le triomphe de l’humilité
a) Dépréciation de la foule
‐ Enumération de la ligne 1 : « s’étalait, se répandait, s’ébaudissait ». Mimétique du propos, le
peuple est comme une marée humaine. Le choix des termes est particulièrement dépréciatif.
‐ La restriction : l’homme du monde et l’homme occupé de travaux spirituels oppose une sorte
d’aristocratie de l’esprit à la masse. (l. 8)
‐ Parallélisme : les uns dépensaient // les autres gagnaient. Le parallélisme est construit sur
une opposition, mais la bêtise de la foule fait que la joie est présente dans les deux cas. De la
juxtaposition on passe à la coordination, avec l’adverbe « également » : « les uns et les
autres également joyeux ». (l. 20‐21)
Les forains non plus n’échappent pas à l’ironie cinglante de Baudelaire.
b) Dépréciation des forains
‐ Les individus ne sont guère brillants : « racornis » par le vent, la pluie et le soleil (l. 14) ; leur
comique est certes « solide », mais il est également lourd (l.16).‐ Les Hercules ont beau être fiers de leur membre (singulier qui soutient la vulgarité des
personnages), ils n’en sont pas moins « sans front et sans crâne ». (l. 17) L’anaphore de
« sans » se double d’une redondance, puisque « front » et « crâne » désigne peu ou prou la
même chose. Pire, ils sont comparés à des singes : « comme les orangs‐outangs » (l. 17)
‐ Même les danseuses, seuls êtres vraiment positifs de ce tableau, sont belles… mais « comme
des fées ou des princesses » (l. 18), c'est‐à‐dire comme des êtres de conte de fée, irréels.
‐ En fait tout ce monde n’est qu’une sorte de pitoyable messe. La présence étonnante de
solennel et solennité (l.1 et 11) et du terme « jubilé » (l.9) font en effet entrer le vocabulaire
religieux dans le texte. Mais le jubilé est un jubilé « populaire » et le seul dieu présent c’est
l’escamoteur « éblouissant comme un dieu » (l.23). L’ironie de Baudelaire éclate enfin
lorsqu’il compare l’odeur de friture à de « l’encens » (l. 24)
Sur ce fond bien méprisable, la figure du saltimbanque apparaît finalement comme une figure
positive.
c) Valorisation du saltimbanque
‐ Malgré sa pauvreté redoutable, comme l’atteste l’hyperbole « sa cahute plus misérable que
celle du sauvage le plus abruti » (l. 27), malgré ses « haillons » (l. 31), le saltimbanque
propose un regard « profond » et « inoubliable » (l. 35).
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