Preface De Cromwell

La préface de Cromwell

En 1827 Hugo donne, avec son Cromwell, les bases d’un genre nouveau – le drame romantique. C’est un drame conçu selon l’exemple shakespearien. Plus importante que l’œuvre-même, la Préface de Cromwell rassemble des idées qui définissent l’esthétique du drame.

Au début de la Préface, Hugo distingue arbitrairement trois âges de l’humanité :

La théorie des trois ages. – On peut distinguer trois grandes époques dans l’histoire de l’Humanité ; à chacune de ces époques correspond une forme propre d’expression littéraire.

Les temps primitifs. – Les hommes, encore tout proches de l’innocence originelle, s’adonnent à la vie pastorale ; ils sont naïfs et pieux. Spontanément, ils créent des formes poétiques. C’est l’âge du lyrisme.

Les temps antiques. – Les Etats se constituent ; la guerre naît de leur constitution même. La poésie, pour chanter la guerre, évolue du lyrisme spontané au poème héroïque ou à la tragédie. C’est l’âge de l’épopée.

Les temps modernes. – Le spiritualisme chrétien oppose le corps à l’âme, la terre au ciel. L’homme sent le combat qui se livre en lui entre les tendances résultant de ses deux natures. Cette opposition se définit dans la forme dramatique, où « tout vient aboutir dans la poésie moderne ». C’est l’âge du drame.

Dans la deuxième partie de la Préface, Hugo élabore la théorie du drame.

La théorie du drame. – Le drame doit donc illustrer l’idée chrétienne de l’homme, qui est « composé de deux êtres, l’un périssable, l’autre immortel ; l’un charnel, l’autre éthéré ».

Le mélange des genres. – Séparer les genres, c’est isoler arbitrairement tel ou tel aspect de l’homme ; les unir, c’est exprimer l’homme tout entier. Le drame doit mêler le grotesque au sublime.

L’abandon des unités. – Les unités de temps et de lieu sont contraires à la vraisemblance ; mais l’unité d’action ou d’« ensemble », la seule « vraie et fondée », doit être maintenue.

La couleur locale. – Le décor doit donner l’impression de la vie ; la couleur historique et géographique doit imprégner le fond du drame et non pas être plaquée artificiellement.

La liberté dans l’art. – Il faut proscrire l’imitation qui asservit le génie, libérer le style, éviter la tirade. L’usage du vers, pourtant, n’est pas incompatible avec le naturel, et la rime doit être cultivée, comme la « suprême grâce de notre poésie ».

Théorie du drame romantique

Deux préfaces,celle de Hugo pour son drame Cromwell (1827) et celle de Vigny pour son adaptation de l’Othello de Shakespeare (1829), définissent le drame romantique dans ses sujets, sa structure, son style.

1) Les sujets. Trois exigences président au choix des sujets.

La couleur locale : si l’on veut toucher les Français, il faut abandonner les sujets tirés de l’Antiquité et se tourner vers le passé national, en particulier le moyen âge. Il faut aussi accorder un soin particulier à la « couleur locale », c’est-à-dire à la reconstitution de l’atmosphère historique.

La vérité

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