Pourquoi les contre-modèles de Shéhérazade prolongent-elles le mythe d'origine?

Pourquoi les contres modèles de Shéhérazade de Leïla Sebbar et Joumana Haddad prolongent t’il paradoxalement le mythe de Shéhérazade ?

(Travail présenté sous forme d’un journal télévisuel suivi d’un plateau type rencontre rentrée littéraire)

(la présentatrice) Bonjour, vous êtes avec Shérazade en direct de l’édition spéciale des Mille et une fictions au Moyen-Orient.

Laisser moi vous raconter que depuis l’effervescence qu’a connu le 19ème siècle concernant l’Orient par l’Occident, nos rêveries n’ont cessées de se laisser emporter non plus par les charmes de Morphée mais pour des contrées plus exotique, en chameau ou en tapis volant pour rejoindre les bras de Shéhérazade.

Au panthéon de ses récits, des contes mythiques et merveilleux nous sont parvenues : Aladdin, Sinbad, Ali BABA pour ne citer qu’eux. Et ô combien d’entre eux ont été repris notamment par nos amis ricains et la firme Walt Disney.

Cependant le mythe en lui même de Shéhérazade semble pris entre deux feux : celui de la Sauveuse et la Putain. D’abord rêvée et produite sous forme de Ballet et aujourd’hui à l’affiche dans Shéhérazade ou réécrite : par Galland à Leïla SEBBAR. Portée en Héroine, elle semble être remise en cause sous la plume de Fawzia Zouari dans « en finir avec Shérazade »ou plus récemment avec Joumana Haddad « j’ai tuée Shéhérazade ».

D’ailleurs voilà notre première lectrice.

- Dites moi ce vous que vous de ces nouvelles Shéhérazade ?

- ( la lectrice) Je suis ravi de lire des héroïnes qui sont plus subversives. De voir qu’Haddad dénonce cette volonté  qu’on nous inculque « de la concession et la négation quant il est question des droits fondamentaux » : celui de vivre, de choisir. Tout simplement d’être.

Et Sebbar qui l’inscrit dans notre génération, enfin goûte-elle à nos difficultés et le prisme de sa perfection n’est plus si lisse ni pure. Enfin nous les beurettes, les « filles d’immigrées » qui n’avons jamais fait l’objet d’intérêt nous sommes au centre de ce livre. Elle nous donne une existence.

- Ne pensez vous pas que ces contres modèles ne font que prolonger le mythe initial de Shéhérazade avec Sharryar?

-  ( la lectrice) C’est vrai qu’au final ce n’est qu’aux travers des regards de ces présences masculines que Shéhérazade existe comme avec Pierrot, Julien. Elle couche avec eux même si n’est pas clairement évoqués notamment quand elle s’allonge à coté de pierrot et que celui ci ne dormant pas se retourne.

Joumana Haddad souligne ce vide que représente Shérazade, elle ne raconte que des histoires qui ne sont pas la sienne et pour Leïla, Shérazade semble tout ignorer de sa culture jusqu’à sa propre langue mais enfin elle avance en quête d’identité. Elle casse le mythe.

- Vous en avez assez de ce mythe mais savez vous ce qui fait un mythe ?

(la présentatrice) Laisser moi vous dire que le mythe est l’histoire originaire et originelle qui fonde un peuple. Le temps du mythe est celui du début: il était une fois, dan tan lontan. Autrefois.

Un mythe ne meurt jamais. Il ne s’invente pas. Il est appelé à entretenir l’histoire et à nourrir le combat de générations en générations. Pour ou contre, il est intrinsèque à notre identité. Le mythe est une parole performative et agentive.

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