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Perspectives Historiques

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Par   •  2 Juillet 2013  •  574 Mots (3 Pages)  •  680 Vues

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ROMANCIER (…) Le romancier ne fait pas grand cas de ses idées. Il est un découvreur qui, en tâtonnant, s’efforce à dévoiler un aspect inconnu de l’existence. Il n’est pas fasciné par sa voix mais par une forme qu’il poursuit, et seules les formes qui répondent aux exigences de son rêve font partie de son œuvre. Fielding, Sterne, Flaubert, Proust, Faulkner, Céline, Calvino.

L’écrivain s’inscrit sur la carte spirituelle de son temps, de sa nation, sur celle de l’histoire des idées.

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Quand Dieu quittait lentement la place d’où il avait dirigé l’univers et son ordre de valeurs, séparé le bien du mal et donné un sens à chaque chose, don Quichotte sortit de sa maison, et il ne fut plus en mesure de reconnaître le monde. Celui-ci, en l’absence du Juge suprême, apparut subitement dans une redoutable ambiguïté ; l’unique Vérité divine se décomposa en centaines de vérités relatives que les hommes se partagèrent. Ainsi, le monde des Temps modernes naquit et le roman, son image et modèle, avec lui.

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Don quichotte(1) partit pour un monde qui s’ouvrait largement devant lui. Il pouvait y entrer librement et revenir à la maison quand il voulait. Les premiers romans européens sont des voyages à travers le monde, qui paraît illimité. Le début de Jacques le Fataliste (2) surprend les deux héros au milieu du chemin. ; on ne sait ni d’où ils viennent, ni où ils vont. Ils se trouvent dans un temps qui n’a ni commencement ni fin, dans un espace qui ne connaît pas de frontières, au milieu de l’Europe pour laquelle l’avenir ne peut jamais finir.

Un demi siècle après Diderot, chez Balzac (3), l’horizon lointain a disparu comme un paysage derrière les bâtiments modernes que sont les institutions sociales : la police, la justice, le monde des finances et du crime, l’armée, l’Etat. Le temps de Balzac ne connaît plus l’oisiveté heureuse de Cervantes ou de Diderot. Il est embarqué dans le train qu’on appelle l’Histoire. Il est facile d’y monter, difficile d’en descendre. Mais pourtant, ce train n’a encore rien d’effrayant, il a même du charme ; à tous ses passagers il promet des aventures, et avec elles le bâton de maréchal.

Encore plus tard, pour Emma Bovary(4), l’horizon se rétrécit à tel point qu’il ressemble à une clôture. Les aventures se trouvent de l’autre côté et la nostalgie est insupportable. Dans l’ennui de la quotidienneté, les rêves et rêveries gagnent de l’importance. L’infini perdu du monde extérieur est remplacé par l’infini de l’âme. La grande illusion de l’unicité irremplaçable de l’individu, une des plus belles illusions européennes, s’épanouit.

Mais le rêve sur l’infini de l’âme perd sa magie au moment où l’Histoire ou ce qui en est resté, force supra-humaine d’une société omnipuissante, s’empare de l’homme. Elle ne lui promet plus le bâton de maréchal, elle lui promet à peine un poste d’arpenteur. K.(5)face au tribunal, K. face au château, que peut-il faire ? Pas grand-chose. Peut-il au moins rêver comme jadis Emma Bovary ? Non, le piège de la situation est trop terrible et absorbe comme un aspirateur toutes ses pensées et tous ses sentiments : il ne peut penser qu’à son procès,

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