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Le Roman Historique

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Par   •  17 Juin 2012  •  3 857 Mots (16 Pages)  •  2 081 Vues

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Ambiguïté de l’expression

Une première remarque : la réunion du substantif à l’adjectif qui le qualifie a de quoi surprendre dans la mesure où l’expression semble désigner un genre hybride.

En effet, si le roman est soumis à la règle de la fiction et échappe de ce fait à l’alternative « vrai vs faux », le discours historique a lui des prétentions scientifiques ; le travail de tout historien consiste à réduire, autant que faire se peut, le champ qui sépare l’imaginaire du réel. Pour cela l’historien appuie ses analyses sur des documents authentiques, des archives, des faits attestés... Il tend vers le vrai et le discours historique n’échappe donc pas à l’alternative « vrai vs faux » : c’est un discours réfutable.

Pour résumer, cette citation de Pierre MORERE : « La notion même de roman historique semble une aporie. Alors que l’histoire prétend tenir un discours vrai sur le passé, le roman crée un univers fictif. » La notion même de roman historique est donc ambiguë et le genre difficile à définir puisque s’y trouvent juxtaposées deux disciplines qui n’ont pas la même intentionnalité, ce qui fait dire à Yves LE PELLEC : « Le Roman historique relève, par son appellation et sa nature de l’oxymoron (...) sans doute parce que, conjoignant les contraires, elle est emblématique de la nécessité actuelle de repenser les polarités et les incompatibilités que nous inculqua la tradition. »

Face à la complexité de la contradiction et pour mieux définir ce genre, nous sommes conduits à formuler une seconde remarque : priorité est donnée, dans l’ordre même de l’expression, au terme « roman ». le substantif est chef de file, ce qui nous incite à penser que, dans un roman historique, le récit prime le discours historique, l’histoire n’étant que le référent obligé.

Le lecteur est toujours confronté à un récit, il lit une histoire racontée et le roman historique relate une action prétendument passée avec plus ou moins de véracité. Cela pose immédiatement un autre problème : peut-on mettre sur le même plan des œuvres comme Quo Vadis ?, La Princesse de Clèves, Cinq-Mars, Les Chemins de la Liberté, Le Nom de la rose ou les Mémoires d’Hadrien ? Tous ces romans sont-ils des « romans historiques » ?

Dictionnaires et encyclopédies

Dans les dictionnaires : Dans le Littré , mention est faite du roman historique à l’article « roman », deuxième sens : « histoire feinte, écrite en prose, où l’auteur cherche à exciter l’intérêt par la peinture des passions, des mœurs, ou par la singularité des aventures », à la suite sont cités en vrac « le roman d’éducation, le roman historique, le roman intime, le roman d’intrigue, le roman de mœurs » avec, pour le roman historique cette citation de DIDEROT : « Ce qui m’inciterait à croire que le roman historique est un mauvais genre : vous trompez l’ignorant, vous dégoûtez l’homme instruit, vous gâtez l’histoire par la fiction et la fiction par l’histoire » Nous retrouvons là le problème initial de l’ambiguïté mais, souvenons-nous que Diderot est un écrivain du XVIIIe siècle.

Le Robert définit ainsi le roman : « œuvre d’imagination en prose, assez longue, qui présente et fait vivre dans un milieu des personnages donnés comme réels, nous fait connaître leur psychologie, leur destin, leurs aventures », nous retrouvons les citations en vrac des différents « genres » de romans dont celle du « roman historique » sans plus de précisions.

Il faut attendre le Dictionnaire de 1932 pour découvrir une définition du roman de cape et d’épée, œuvre « dont les personnages rappellent les héros de l’ancienne chevalerie ». L’usage, comme toujours, a précédé l’enregistrement dans le Dictionnaire mais son origine est vraisemblablement théâtrale : vers 1840, les théâtres secondaires (comme le « Palais Royal » ou le théâtre des « Variétés ») multiplient les petites pièces Mousquetaires. Le roman de cape et d’épée privilégie l’aventure et le dialogue, il ne renie pas ses origines mélodramatiques et s’adapte au découpage en feuilletons. Michel ZEVACO est à l’origine de la création de ces romans : « Les Pardaillan », « Pardaillan et Fausta », « La fin des Pardaillan »... Jean Paul SARTRE était particulièrement friand de ce genre de littérature : « Je lisais tous les jours dans Le Matin, le feuilleton de Michel Zévaco. Cet auteur de génie, sous l’influence de Hugo, avait inventé le roman de cape et d’épée républicain. Ses héros représentaient le peuple, ils faisaient et défaisaient les empires, prédisaient dès le XVIe siècle la Révolution française... »

Dans les encyclopédies

L’article de l’Encyclopédie Universalis sur le roman historique semble préciser davantage et sans trop de parti-pris la notion de roman historique : « Le roman a toujours puisé dans l’histoire de quoi nourrir ses fictions et leur donner les prestiges du vraisemblable. Mais comme genre spécifiquement déterminé, le roman historique a pris son essor au XIXe siècle, alors que la bourgeoisie prend le pouvoir. C’est au XVIIIe siècle que l’histoire commence à être traitée comme une science. La compréhension de l’histoire devient alors moyen politique d’agir sur les réalités présentes et, avec la Révolution, les hommes prennent conscience d’être les agents de l’histoire... Le créateur du genre est Walter Scott qui connut un énorme succès au début de l’époque romantique. »

Aux frontières de l’histoire et de la fiction, le roman historique reste un genre littéraire ambigu ; sa double appartenance le fait échapper à toute définition trop réductrice mais cela donne lieu à deux attitudes contradictoires et toujours actuelles : dédain et mépris de la part d’une certaine intelligentsia (qui le qualifie de « genre bâtard »), prédilection et enthousiasme pour d’autres si l’on en croit le regain d’intérêt actuel (au cinéma, dans la bande dessinée mais aussi au travers de nombreuses rééditions d’œuvres du XIXe siècle).

Une remarque, l’expression apparaît dans le Dictionnaire de l’Académie en 1798, mais, appliquée à la littérature, elle n’y est enregistrée qu’en 1879 et uniquement pour qualifier la comédie, « sorte de comédie d’intrigue remplie d’aventures amoureuses, de duels et où figurent des gens de bonnes maisons »

Apport des littératures étrangères - Influence de W. Scott

Il serait faux de prétendre que Walter SCOTT serait seul à l’origine de la vogue du roman historique : La Princesse de Clèves de Madame

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