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Paul Éluard, la courbe de tes yeux

Cours : Paul Éluard, la courbe de tes yeux. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Janvier 2013  •  Cours  •  1 706 Mots (7 Pages)  •  2 423 Vues

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La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,

Un rond de danse et de douceur,

Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,

Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu,

C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousses de rosée,

Roseaux du vent, sourires parfumés,

Ailes couvrant le monde de lumière,

Bateaux chargés du ciel et de la mer,

Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d’une couvée d’aurores

Qui gît toujours sur la paille des astres,

Comme le jour dépend de l’innocence

Le monde entier dépend de tes yeux purs

Et tout mon sang coule dans leurs regards.

Paul ELUARD, Capitale de la douleur (1926).

Paul ELUARD, « La courbe de tes yeux… »

Lecture méthodique

* L’auteur :

Paul ELUARD (1895-1952) s’appelle en réalité Eugène GRINDEL : Paul est son 3ème prénom, et Grindel le nom de sa grand-mère. Aidé par ses parents, il publie ses premiers poèmes à 18 ans. C’est l’année où il rencontre Héléna, une jeune russe qu’il appelle GALA et qui deviendra sa femme et sa muse (avant de devenir la femme et la muse de DALI !) Il connaît deux guerres, adhère avec BRETON et ARAGON au mouvement dada (1916) puis au surréalisme (1922) dont il est l’un des principaux acteurs durant quelques années. Il publie à ce moment ses oeuvres maîtresses : Capitale de la douleur, Les Dessous d’une vie (1926), L’Amour la Poésie (1929).

* Ce poème (présentation et structure) :

Il est dédié à GALA, dont il est éperdument amoureux à cette époque - et l’amour fou est un thème prédominant chez les surréalistes. Il comporte 3 strophes de 5 vers, à la fois alexandrins, décasyllabes et octosyllabes : mélange curieux, à la fois classique et hardi, comme si le poète hésitait à choisir entre les conventions poétiques traditionnelles et la liberté prônée par le surréalisme. Pas de rimes véritables (quelques rimes plates tout au plus). Pas de titre, c’est donc le premier vers qui en fait office. Effectivement, il peut résumer assez bien l’ensemble du poème :

« La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur »

Belle formule, mais qui dépasse la logique : elle allie le concret (« courbe de tes yeux ») et l’abstrait (« le tour de mon cœur »)., et peut être interprétée à deux niveaux :

 le regard de Gala remplit le cœur de bonheur (idée banale)

 ce regard est assez enveloppant (puisqu’il « fait le tour ») pour abriter

son cœur au sens fort, c’est-à-dire tout ce qu’il a de sensible, son âme (idée confirmée par les vers 2 & 3 : « rond de danse, auréole, berceau »).

Dès que le poète prend conscience de ce refuge, tout le passé dans lequel il n’a pas connu Gala s’abolit (vers 4 & 5).

Vers 6-12 : groupes nominaux simplement juxtaposés, qui invitent donc au rêve : les yeux de la femme, par toutes leurs qualités, invitent à rêver à ce que le monde a de plus doux.

Vers 13-14 : élargissement au monde, message moral : comme les yeux de Gala sont purs, le monde entier qui s’y reflète peut retrouver l’innocence...

Vers 15 : écho approfondi du vers 1, le sang reprenant le cœur, le « Je » du poète. Ce poème a donc une structure circulaire (la boucle est bouclée) : le « Je » du poète cherche perpétuellement un refuge et un principe de vie dans les yeux de la femme qu’il aime.

On peut donc commenter ce texte selon 2 axes successifs :

1) Le thème du regard

2) La conception de l’amour qui est présentée ici.

******************

I / LE THEME DU REGARD :

1) Le regard de Gala est plus ou moins décrit :

Les yeux sont dès le départ la « courbe » qui captive le poète, ils l’entourent comme pour le retenir prisonnier (« tour, rond de danse, auréole, berceau ») : ils dessinent un cercle au pouvoir magique, ou un ovale (« bateaux » peut rappeler leur forme).

Les images des vers 6-12 associent 2 substantifs réunis par la seule préposition « de » ; elles ont ainsi un fort pouvoir d’évocation. Les yeux semblent ainsi

 doux (« douceur », « auréole » : connotation de sainteté...)

 mobiles et vivants (« rond de danse » comme s’ils étaient en mouvement, « roseaux du vent » comme des roseaux agités par le vent, « ailes » qui peuvent être en train de battre, « chasseurs des bruits » comme s’ils étaient sans cesse à l’affût de quelque chose...)

 scintillants (« mousses de rosée »...)

 irisés, aux reflets changeants (« sources des couleurs »...)

 transparents et profonds (« feuilles de jour », comme s’ils étaient faits d’une matière aussi transparente et impalpable que le jour...)

...

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