Nouvelle fantastique

Manœuvrant les courbes dangereuses de la route comme une pro, Lina ne pouvait se défaire de son angoisse. Elle sentait au fond d'elle-même que quelque chose de grave allait arriver mais elle ne pouvait pas mettre le doigt dessus. Et cela la fatiguait sans bon sang.

Bon, elle savait que son grand-père était gravement malade, mais le médecin leur avait assuré que ce dernier avait encore de très bons moments à vivre. Non, ce n'était pas cela. Secouant la tête, Lina se força à se concentrer d'avantage sur la route. Si elle voulait arriver en vie....

Une quinzaine de minutes plus tard, elle garait sa vielle Gonde verte mousse devant l'imposant domaine ancestral. Nullement intimidée, elle gravit les marches et appuya sur la sonnette qui retentit dans toute la vieille bâtisse. Un sourire apparut brièvement sur ses lèvres.

La porte s'ouvrit et Lina fut surprise de voir son grand-père lui ouvrir la-même la port. D'habitude, il préférait laisser cela à Jacob son vieux valet.

"Lina, ma belle enfant ! Comme je suis heureux de te voir. Tu es toujours aussi belle."

-Merci grand-père. Et toi, tu sembles en pleine forme, répondit la jeune femme en serrant le vieille homme dans ses bras.

-Je survis, ma chérie. Un jour à la fois. Voilà mon credo. Mais entre donc, quel vieil idiot que je suis."

Refermant la lourde et antique porte derrière eux, le grand-père et sa petite-fille se rendirent dans l'immense salle qui était la bibliothèque. C'était l'endroit favoris de Lina depuis sa tendre enfance. Son grand-père lui avait transmis son amour pour la lecture. Son livre préféré, parmi les milliers de la collection demeurait toujours le recueil de légendes concernant la vieille demeure.

Lina regarda son grand-père s'asseoir péniblement dans son fauteuil. Son cœur se pinça quand elle vit à quel point ce dernier était diminué. Lui, jadis si agile et si fier, était désormais faible est fragile.

"-Oh, ma pauvre enfant, dit le vieil homme en surprenant le regard dévasté de sa petite-fille. Ne me regarde pas ainsi. Je suis un vieux monsieur qui a bien vécu sa vie. Inutile de te dire que la route tourne et que tôt ou tard tout doit mourir.

-Je le sais, grand-père. Mais ça me fait de la peine. Et ça tu ne peux rien faire contre ça. Je ne peux pas m'imaginer qu'un jour tu vas partir. je ne suis pas prêt à te voir nous quitter."

Lina se laissa tomber au pied de son grand-père et posa sa tête sur ses genoux, comme quand elle était enfant. Et lui comme à cette même époque, se mit à lui jouer dans les cheveux et à lui murmurer des paroles rassurantes.

Au bout d'un moment, il déposa un baiser sur tête et lui dit :

- "ce n'est pas que je ne suis pas content de te voir, mais je vais aller m'étendre un peu. Tu devrais faire de même. Le souper est à dix-huit heure. Inutile de te rappeler où est ta chambre

- très drôle, grand-père. J'ai ma chambre en permanence. Bon, reposes-toi bien."

Et Lina quitta la pièce, le cœur gros.

Elle gravit rapidement l'escalier qui menait à l'étage supérieur. Elle se dirigea vers sa chambre, inchangée après son départ du manoir. Nul besoin d'amener des vêtements, son placard était bien rempli.

Quant elle ouvrit la porte, elle remarqua que sur son lit se trouvait un panier en osier. Elle souleva le tissus qui le recouvrait et resta bouche bée quand elle vit le minuscule chaton tout noir couché en boule sur la pile de livres que si trouvaient sous lui.

...