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Monologue Scène Final, Rhinocéros De Ionesco

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Par   •  4 Mai 2013  •  1 564 Mots (7 Pages)  •  2 017 Vues

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Développement rédigé – commentaire du monologue final de Bérenger.

En fait, ce texte est un monologue, type de texte de théâtre bien connu des lecteurs. Ce monologue a toutes les allures d'un monologue classique.

Tout d'abord définissons : "monologue". L'on parle de "monologue" au théâtre lorsqu'un personnage s'exprime sur scène lorsqu'il est seul ou se croit seul. Le terme de "monologue" signifie étymologiquement "discours à un seul" (personnage, ou à une seule voix). La littérature dramatique est remplie de monologues célèbres; le personnage peut s'adresser à lui-même comme Auguste dans Cinna qui s'adresse à lui-même ("Rentre en toi-même, Octave", IV, 2), le monologue peut s'adresser à un objet ("Fer qui causes ma peine", Rodrigue s'adressant à son épée dans Le Cid, I, 6), à une notion abstraite ("O rage O désespoir / O vieillesse ennemie", Don Diègue, Le Cid, I, 1). Ici, si le destinataire n'est pas clairement identifié (on y reviendra dans la suite du commentaire), il y a bien un personnage, seul en scène, coupé de toute situation de dialogue, qui s'adresse vraisemblablement à sa conscience, comme il le confie lui-même "Ah, comme j'ai mauvaise conscience".

Parmi les monologues, on peut distinguer plus particulièrement dans la tradition deux types: les monologues émotifs ou élégiaques (comme les lamentations de Figaro, dans Le mariage de Figaro, V, 3) et d'autre part, les monologues délibératifs, qui mettent en scène un héros partagé entre deux tentations ou devoirs. Le monologue final de Rhinocéros mobilise les deux fonctionnements: plainte et lamentation du héros solitaire, délibération entre les deux aspects de sa personnalité d'homme: entre désir de se conformer à l'idéologie ambiante et volonté de conserver sa faculté de juger librement.

Le monologue final de Bérenger correspond d'abord au paroxysme émotionnel de la pièce. Parce que le personnage de Bérenger se sent pris au piège des rhinocéros (tout le monde est devenu rhinocéros ou les a suivi, telle Daisy), son bouleversement doit être extrême. On le voit à l'expression haletante, basique et répétitive: "c'est moi, c'est moi", "je ne suis pas beau, je ne suis pas beau". (Propositions simples avec attributs du sujet). On voit l'état de désarroi du personnage aussi à la ponctuation: les points d'exclamation couvrent toute la réplique.

Ce monologue est aussi à rattacher à la lignée des monologues délibératifs. A la suite d'un Rodrigue partagé entre l'amour et l'honneur, Bérenger est tenté par le charisme des rhinocéros: "comme je voudrais avoir une peau dure (…) Leurs chants ont du charme!"; et il s'essaie au barrissement comme l'indique la didascalie : "il essaie de les imiter". L'autre branche de l'alternative consiste à assumer son humanité, le moment de la décision est donné par une autre didascalie : "il a un brusque sursaut".

Tout dilemme comportant une part sacrificielle et mettant celui qui le vit au cœur d'un déchirement, il faut reconnaître à ce monologue sa portée tragique.

En fait, ce monologue final (qui clôture donc la pièce) est le point d'aboutissement d'une tragédie annoncée. Le monologue en tant que fin d'une pièce en trois actes, resserrée, est bien un dénouement, inscrit dans un registre tragique pour plusieurs raisons.

D'abord l'adverbe "hélas" puis l'accumulation d'exclamations négatives ("je n'ai pas de cornes, hélas!", "je n'arrive pas à barrir. (…) Les hurlements ne sont pas des barrissements!") inscrivent l'extrait dans un moment de négativité. Les termes de "honte", "manque", ainsi que la laideur et la moiteur évoquées ajoutent à la tension tragique qui atteint ici, après trois actes son paroxysme. Cet extrait est le dernier moment d'une intrigue qui n'avait de cesse de se précipiter vers le pire.

De plus, la tragédie se définit par deux aspects: l'omniprésence de la mort, qui a ouvert la pièce (c'était la mort du chat), qui a parcouru l'ouvrage de façon plus suggérée (madame Bœuf a sauté par la fenêtre) et qui a pris aussi le visage de l'agonisant (Jean) devient oppressante et menaçante au point que Bérenger doit se défendre. Toute la pièce a vu la rhinocérite approcher de plus en plus de l'espace privé de Bérenger (ses collègues, puis ses amis, puis sa fiancée se laissent prendre au piège des rhinocéros) et le héros n'a plus qu'une solution, d'urgence: prendre les armes ( " ma carabine, ma carabine!"). La mort est présente aussi de façon plus implicite: la monstruosité dont s'accuse Bérenger peut s'apparenter à une certaine mort; la mort d'une certaine image de soi, d'une certaine humanité. Bérenger ne peut plus être homme comme avant. Il doit faire mourir le Bérenger effacé et devenir un autre Bérenger, plus combatif

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