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"Lucrèce Borgia" Victor Hugo

Commentaire de texte : "Lucrèce Borgia" Victor Hugo. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Novembre 2021  •  Commentaire de texte  •  3 052 Mots (13 Pages)  •  2 685 Vues

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Victor Hugo est un poète, dramaturge et écrivain français du XIXème siècle, occupant une place de grand maître dans le mouvement du romantisme. Il diversifie ses ouvrages de différents styles, allant des poèmes aux pièces de théâtre. Parmi ses œuvres les plus célèbres, il écrit Notre Dame de Paris en 1831, Les Contemplations, en 1856, ou encore Les Misérables en 1862. Fervent légitimiste durant l’Ascension de Napoléon III, il se rangera du côté du peuple, où il défendra de nombreuses causes progressistes comme l’abolition de la peine de mort.

Le XIXème siècle est marqué par le courant romantique qui s’exprime à travers la littérature, la peinture, la sculpture, s’opposant au Classicisme et aux Anciens.

Le Romantisme accorde une importante place à la nature, aux sentiments personnels, à l’imagination et au mysticisme. En effet, les auteurs romantiques se livrent à une analyse de la vie spirituelle, l’imagination et la création dans le rêve.

Ainsi, ce mouvement a conduit les poètes vers un style lyrique, mélange de passion et de douleur, comme en témoigne Alfred de Musset et son œuvre Les Nuits, écrite en 1835.

Le roman, lui, offre des œuvres romantiques par excellence, notamment par l'intermédiaire des écrits de Sand (La Petite Fadette 1849), de Vigny (Cinq Mars, 1826) ou Dumas et ses Trois Mousquetaires écrit en 1844.

Pour finir, le théâtre est également soumis à de brusques changements qui se caractérisent par sa rupture avec les règles du théâtre classique. Victor Hugo l’explique dans la Préface de Cromwell (1827), où il donne les principes du drame romantique, qui peut mélanger plusieurs genres théâtraux, et dont le rôle met en évidence la représentation du passé historique pour en faire une critique et une leçon morale du présent, ainsi que le rôle humain dans l’évolution socio-politique de la société.

Ainsi, le père fondateur du drame romantique, Victor Hugo, évoque cette pensée dans certaines de ses pièces théâtrale, telle Lucrèce Borgia, écrite en 1832 qui s’inscrit dans cette sensibilité : ‘’les deux électricités opposées de la comédie et de la tragédie se rencontrent, et l’étincelle qui en jaillit, c’est le drame.’’

La pièce Lucrèce Borgia se déroule à Venise, fin XVème-début XVIème siècle. Elle met en scène Lucrèce Borgia, femme de pouvoir, malfaitrice et vénale, principale héroïne de la pièce, et son fils caché, Gennaro, alors devenu soldat. Dans ce passage, Lucrèce se venge de l’humiliation qu’elle a subie, en empoisonnant les amis de son fils. Voulant lui faire payer son meurtre, Gennaro poignarde Lucrèce, qui lui révèle la vérité dans son dernier souffle.

Dans cet extrait, Victor Hugo tisse là sa toile dramatique, sous forme de fatalité politique et de rupture familiale.

Mais à travers ce dénouement emblématique, en quoi pouvons-nous souligner les leçons morales de cette pièce qu’a voulu nous enseigner l’auteur ?

Cette analyse sera confirmée dans un premier temps, à travers les éléments du drame romantique, à savoir l’étude des fusions de genres théâtraux, entre le contraste du pathétisme et de la tragédie. Subséquemment, nous étudierons le portrait de ces deux héros ambigus. Nous examinerons enfin les enjeux sociaux et humains de cette pièce.

I/ a) Cette scène est emplie de sentiments vifs, entre culpabilité, rédemption et vengeance. Tout un passage est dédié au pathétique, avec des paroles pleines d’émotion. Le lecteur, certes au courant des crimes de Lucrèce, ne peut que ressentir de la compassion à son égard. Faible et ne pouvant agir, Lucrèce, tente un ultime moyen de fuite : l’utilisation de la peur et l’appel à l’aide (‘’je vais appeler. Je vais crier’’ L1) mais échoue ; dès le départ de cet extrait, le lecteur sait que le sort de Lucrèce et de son fils est scellé. Son impuissance est accentuée lors de la réplique de Gennaro de la ligne 3 à 5, où sa mère est sujette de verbes d’actions, qui sont complétés par une double négation : ‘’vous n’ouvrirez point’’, ‘’vous ne ferez point’’, ‘’ne peuvent vous sauver’’. De plus, toute la 1ère tirade de Lucrèce n’est dédiée qu’à ses sentiments et ses souffrances, elle s’apitoie sur son sort afin de montrer que son âme est en peine (L6 : ‘’femme sans défense’’ ; L8 : ‘’je ne tiens pas à la vie’’ ; L9 : ‘’pleine d’angoisse’’…), tandis que la seconde est d’utilité à émouvoir son fils comme elle le fait pour le lecteur. L’utilisation de la 2nde personne du singulier est d’autant plus utile puisqu’elle nous permet de passer du point de vue omniscient au point de vue interne, en nous mettant dans la peau de Gennaro, afin de renforcer notre empathie. L’utilisation du conditionnel à la ligne 19-20 (‘’si l’on te disait : cette malheureuse femme s’est fait raser la tête, elle couche dans la cendre, elle creuse sa fosse de ses mains, elle prie Dieu nuit et jour […]) exprime l’imagination d’un futur proche, pouvant donc être interprété comme un évènement hypothétique pour le repentir de Lucrèce. Encore dans l’empathie, Lucrèce est sublimée, voire divinisée lors de sa pénitence (De nombreux termes d’expiation sont répétés à maintes reprises : le mot ‘’miséricorde’’ (L22 et 26) ; la formule ‘’Grâce de la vie ! : L18 et 27 ; ‘’Pardon’’ ; ‘’grâce’’…). Toute cette tirade est tirée du registre religieux, Lucrèce est telle une pécheresse, avouant ses fautes dans le confessionnal avec son fils (mot à double sens : fils=enfant et fils=religieux). Elle s’humilie à travers une question rhétorique, capable de renoncer à son humanité pour le pardon de son enfant ‘’Veux-tu que je m’enferme dans un cloître, dis ?’’ à la ligne 19 et la formule ‘’pauvre misérable femme’’ (L26) qui est un pléonasme hyperbolique ayant pour simple effet de renforcer sa position de victime. On retrouve alors la femme politique, comparable à une avocate, défendant sa propre cause, maniant la langue de Molière à la perfection. Véritable oratrice, victime et bourreau, sa tirade est semblable à un plaidoyer : les verbes de paroles sont soulignés par des points d’exclamation (‘’Attends’’ L16, ‘’Tu ne voudras pas’’ L29), et des interjections (‘’Oh !’’ L17,25,29) renforçant l’émotion de la scène.

b) Et alors que sa rédemption semble être acceptée par Gennaro, troublé et ému par la fougue tirade de Lucrèce (didascalie L30 : ébranlé), il est au départ hésitant à tuer sa mère, mais finit par entendre son ‘’frère’’. Alors, la violence est à son paroxysme durant cette scène. Le conflit

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