Lettre à Laurent Gaudé

Océane Charpie

96, rue Paul Valéry

34080 Montpellier

Laurent Gaudé via Agence Artistique Adéquat

21, rue d’Uzès

75002 Paris

Montpellier, le 13 février 2017

        Monsieur Gaudé,

Je tiens à me présenter d’abord comme lectrice ayant été captivée par vos romans, vous m’avez fait voyager de par vos mots. Je souhaite vous adresser mes félicitations envers la rédaction de votre ouvrage La Mort du Roi Tsongor et pour l’obtention de son prix Goncourt des Lycéens, qui à mes yeux est admirablement justifiée. J’aimerai par la même occasion vous communiquer ma gratitude pour le partage à tous de ce roman riche et finement écrit. Ecrit d’une telle sorte que vos personnages prennent vie sous vos mots, et que vos mots prennent scène dans l’imaginaire de chacun de vos lecteurs, avec un détail et une précision qui font de vous un auteur accompli. Je suis passionnée par toutes les mythologies antiques et par le quotidien pendant la guerre, autant vous dire que ce roman a comblé mes attentes. Je suis cinéaste, mon métier est de faire voyager les spectateurs avec des décors, des cadrages, des effets spéciaux. Et c’est ce détail et cette précision présents dans vos scènes, joints à la complexité de vos personnages si difficiles à cerner, à la richesse de l’univers antique que vous avez créé et des lieux que vous avez façonnés c’est ce tout d’éléments mis en scène avec harmonie que je voudrai exploiter.

J’ai lu votre roman trois fois : la première fois avec passion, en prenant le temps de profiter de chaque chapitre. La deuxième fois avec un œil et une conscience ouverts sur chacune de vos phrases, analysant chacun des éléments qui font l’intégralité de votre ouvrage. Bien que cela puisse paraître audacieux, je vous confie avoir pris la liberté de rédiger, à titre personnel j’entends, un scénario de La Mort du Roi Tsongor. J’y ai passé les deux ans séparant ma première lecture en 2015 et aujourd’hui. Je l’ai écrit en restant fidèle au roman, en prenant soin de conserver l’authenticité de vos personnages, de vos décors et des situations. Vous comprenez où je veux en venir. Ma troisième lecture a été celle de mon script achevé.

Ma requête est la suivante : j’aimerai passer un accord avec vous. J’ai énormément travaillé sur ce scénario, mon intention est maintenant de l’officialiser et de l’adapter au cinéma. Je souhaite donc obtenir votre consentement à réaliser cette adaptation. Avant que vous me fassiez part de votre résolution, je vous ferai parvenir une copie de mon script ainsi que le journal de bord tenu tout au long de sa rédaction, accompagné de mon CV, dans lequel figurent tous les éléments de plans, de sons, une liste d’acteurs potentiels. Le travail est complet. Si vous m’accordez votre bénédiction et l’établissement d’un contrat, la production pourrait être lancée rapidement. Vous en suivriez bien évidemment l’évolution, nous établirions ensemble le budget, l’équipe et les lieux de tournage, ainsi que le reste des formalités. Vous avez toutes les libertés de refuser, et il serait tout à votre honneur que ce refus s’explique par le désir de tenir vos lecteurs dans l’univers que chacun se serait créé à partir de celui suggéré dans vos écrits. Sans vouloir imposer ma position sur l’idée, la plupart des réalisations cinématographiques sont inspirées, voire sont directement des reprises fidèles à des romans ou des nouvelles, et cela ne rend pas ces derniers moins vivants ni moins ouverts à l’imagination.

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