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Lettre de Rodolphe, Madame Bovary

Commentaire d'oeuvre : Lettre de Rodolphe, Madame Bovary. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Avril 2019  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 085 Mots (9 Pages)  •  6 886 Vues

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Lecture analytique du chapitre 13 de la partie 2 de Madame Bovary, moeurs de province:

La lettre de rupture de Rodolphe

Introduction :

Gustave Flaubert est un auteur français du XIXème siècle issu de la petite bourgeoisie. Il a été un grand acteur du courant littéraire appelé le réalisme et il critiquait le romantisme dans ses oeuvres. Le réalisme représente la réalité telle qu’elle est, sans chercher à l’embellir. Il a été créé en réaction au romantisme qui met en avant, l’ailleurs, la nature, la gloire et la passion. Flaubert fait paraître en 1857 un des plus grands romans du siècle : Madame Bovary, moeurs de province. Dans cette oeuvre, il raconte la vie d’Emma, jeune mariée issue de la petite bourgeoisie qui vit en étant persuadée que toutes ses lectures reflètent sa vie future et qu’elle aura un avenir semblable à celui des héroïnes de romans le plus souvent romantiques. Dans ce passage, Rodolphe, son amant qui se sert d’elle comme d’un “objet de plaisir”, lui écrit une lettre de rupture car la présence d’Emma dans sa vie devient oppressante. Nous pouvons nous demander en quoi Flaubert condamne ses personnages dans cette lettre. Pour répondre à cette question, nous nous intéresserons dans un premier temps à l’aspect dramatique de la lettre, et dans un second temps aux moyens utilisés par Flaubert pour ridiculiser et condamner ses personnages.

I-C’est une lettre dramatique

  1. Les codes de la lettre

- Formule finale de politesse : “Votre ami”, adressé à Emma à la fin de la lettre, marque une fin de lettre

- Formule de politesse, d’au revoir : “Adieu” → codes classiques de la lettre, de l’écrit épistolaire

- Il s’adresse à Emma : - présence de l’adjectif possessif “vos” et du pronom personnel “vous”, montrant qu’il s'adresse à quelqu’un + apostrophe la destinataire → “Emma” 3 occurrences

- utilise des périphrases pour s'adresser à elle → “pauvre ange”, “adorable femme que vous êtes”

- Pose des questions et interpelle la destinataire → omniprésence de phrases exclamatives et interrogatives ce qui donne une impression de dialogue avec le destinataire

  1. La lettre est théâtralisée

- Monologue de Rodolphe à Emma avec emploi de questions rhétoriques → jeu de questions-réponses, Rodolphe anticipe les pensées et les réponses d’Emma, “Saviez-vous l’abîme où je vous entraînais, pauvre ange ? Non, n’est-ce pas ?”

- Utilisation d’interjections et de phrases exclamatives, donnant à son monologue un caractère vivant, et ce qui donne l’impression d’un monologue tragique d’un acteur ou d’un héros tragique → “Ô mon dieu !”, “Ah ! malheureux que nous sommes ! Insensés !”

- Utilisation de phrases proches de celles qu’un personnage de tragédie pourrait prononcer comme “malheureux que nous sommes!”, “L’outrage à vous !” ou encore “Ô mon Dieu !”

- Utilisation de comparaisons comme on pourrait en retrouver dans une tragédie, pour accentuer l’effet dramatique de son discours → comparaison de la place où le bonheur entraîne Emma et Rodolphe à l’ombre d’un arbre toxique, “à l’ombre de ce bonheur idéal comme à celle du mancenillier” (mancenillier : arbre toxique provenant des régions d’Amérique centrale)

- Rodolphe se lamente de la beauté et de la présence d’Emma dans sa vie qui serait la cause d’une partie de ses malheurs : “Pourquoi étiez-vous si belle ?”

  1. La mise en scène de la fatalité

- On remarque que les éléments indiquant la fatalité suivent une expression faisant appel à une force supérieure, ce qui rappelle la tragédie classique où le destin des héros est décidé à l’avance et contrôlé par une force supérieure → “Ô mon Dieu ! non, non n’en accusez que la fatalité !”

- Mention de la fatalité qui est accusée par Rodolphe d’être la source de leur malheurs communs (“n’en accusez que la fatalité”)

- Présence des champs lexicaux de la douleur et de la tristesse “abîme”, “folle”, “malheureux”, “atroce”, “remords”, “chagrins”, “torture”, “mal”, “fou”, “tristes”

- “La fausseté de notre position future” renforce l’idée que rien est certain et que le destin pourrait encore modifier le cours de leurs vies contre leur gré

- Rodolphe mélange les temps dans sa lettre pour donner une impression de fatalité : - imparfait, passé antérieur et passé composé pour se plaindre du passé, justifier ses actions et renforcer l'impression que rien n’est certain, “Avez-vous mûrement pesé votre détermination?”, “Partout où nous eussions été”, “je me reposais à l’ombre de ce bonheur idéal”

                                                                         - futur pour faire des promesses à Emma, “je ne vous oublierai pas”

                                                                         - conditionnel pour parler des alternatives de Rodolphe ou de ses certitudes concernant le futur, “il nous serait venu des lassitudes” ou “j’aurais pu, par égoïsme, tenter une expérience”

- La beauté d’Emma est décrite comme fatale par Rodolphe : “Pourquoi étiez-vous si belle ?” → présente cette beauté comme élément déclencheur de la suite des événements, c’est cette beauté qui les amèneront à se séparer.

II-Flaubert décrédibilise et condamne ses personnages

  1. La critique du personnage de Rodolphe

- Dans ce passage, Rodolphe est présenté comme un personnage hypocrite qui veut se débarrasser d’Emma et de son affection pour lui qui lui pèse (cela fait d’ailleurs écho à ses pensées quand il la rencontre, veut en faire son amante mais cherche déjà comment se débarrasser d’elle. Il cherche de quelle façon il pourrait rester important aux yeux de cette famille tout en quittant Madame Bovary, pour cela il se soucie de son écriture dans sa lettre “Rodolphe s’arrêta pour trouver ici quelque bonne excuse”. De plus, il cherche souvent ses mots, ce qui l’oppose par un amant transi qui écrirait spontanément ses sentiments (“il réfléchit puis ajouta”, “Comment vais-je signer”)

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