Les textes d'Eugène Ionesco, La Cantatrice balu, Rhinocéros

Cet extrait montre un prof complètement imbus de lui même, qui utilise des phrases vides de sens, incompréhensibles de façon à tenir un discours qui se veut irréfragable et ainsi abuser de son savoir. De cette manière, l'élève n'arrive plus à suivre, devient un être passif, toute soumise à l'autorité de la science. Son désir de supériorité est particulièrement bien montré à la ligne 9 lorsque le prof, infatué, remet l'élève à sa place en lui interdisant d'étaler ses connaissances et lui intime l'ordre d'écouter ce discours "présomptueux". Il semblerait que l'élève connaisse sa leçon telle une étudiante "modèle" puisqu'à la fin de longues tirades redondantes, l'élève coupe de façon intempestive la parole au prof puis termine son cours méthodique et "exemplaire". Le tuteur est en soi ridicule ds la mesure où ses cours sont irrationnels, l'exemple cité, relatif aux sons est incompréhensible tellement il sort de la réalité alors qu'un enseignant ordinaire emploierait des exemples concrets et surtout, en bon pédagogue, il ne rembarrerait pas son élève de cette façon.

Lorsque le prof montre à son élève comment il faut articuler, il prend une attitude grotesque puisqu'i dit qu'il faut se mettre sur la pointe des pieds et lever le menton, preuve incontestée qui révèle au lecteur l'incompétence du prof, car si un individu prenait cet air pour s'adresser à une personne, on croirait qu'il se rengorge et aurait un comportement méprisant vis à vis des autres.

Tout le comique de la scène est alors rendu par le professeur qui excèle dans le ridicule et le charlatanisme. Le cours de langue permet le développement d'une parodie amusante de la langue française. D'une autre manière, la reprise par l'élève de "J'ai mal aux dents" fait plaisamment ressortir l'impuissance du prof à capter son attention. Le spectateur rit également du délire verbal ds lequel tombe le prof, c'est un cours irraisonné auquel on assiste, un langage qui tourne à vide, qui est devenu totalement incompréhensible, abscons.

Tout au long de la pièce, le ton et le comportement inquiétants du prof introduisent une peur chez le lecteur, une impression d'évanouissement où l'horreur règne en maître, l'atmosphère devient pesante, lugubre et perturbe le comique. Cet aspect qui métamorphose la scène prend effet à partir du moment où les rôles sont inversés, l'élève se soumet au savoir. La répétition récurrente de "J'ai mal aux dents" et le refus ainsi que l'acceptation de ce refus par l'élève, montre que celle ci s'abandonne à tte opposition, laisse le prof disposée d'elle comme il lui convient. Le dominant impose au dominé une souffrance qui désarme sa volonté, qui fait de lui un élève sans défense. Il est non seulement insensible à cette douleur mais en jouit comme satisfait de sa sujétion, du pouvoir qu'il exerce sur son élève. Les didascalies de la ligne 35 et 39 ont une grande importance, elles soulignent la douleur physique endurée par la jeune élève qui semble ne pas contester ou comme prise dans les rouages de la persécussion morale. Dès lors, elle souffre atrocement et l'indifférence du prof amplifie cette souffrance.

Dans

...