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Les Lettres Persanes

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Par   •  4 Avril 2012  •  3 476 Mots (14 Pages)  •  5 338 Vues

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LES LETTRES PERSANES, Montesquieu (Lettre XII, 1717)

INTRODUCTION

Le XVIIIème siècle marque un tournant dans l’histoire de l’Europe, notamment du point de vue philosophique. A cette époque, les contestations se font de plus en plus vives, vis-à-vis des systèmes politiques et des conditions de vie des peuples. En France, Montesquieu est un des acteurs de la philosophie des Lumières qui apparait au XVIIIème siècle. Celle-ci s’engage - malgré la censure - à défendre des idées qui permettront d’améliorer le fonctionnement des sociétés. C’est dans ce contexte de changement que Montesquieu écrit Les lettres persanes. Il s’agit d’un roman épistolaire qui retranscrit les échanges d’Usbek et Rica avec leurs correspondants perses, notamment par comparaison des sociétés découvertes avec la Perse. Par ces lettres, les protagonistes transmettent leurs découvertes (culturelles, idéologiques, politiques…) sur les sociétés qu’ils fréquentent. Toutefois, cet échange, en réalité fictif, est pour Montesquieu, un outil qui lui permet d’exposer et de critiquer anonymement les éléments instables de la société française.

La lettre XII - d’Usbek à Mirza - présente la naissance et le fonctionnement de la nouvelle société des Troglodytes : leur origine, leurs principes, leurs valeurs et leurs croyances. Cette société peut-elle exister réellement ? Quels liens peuvent exister avec la société française ? Comment interpréter ce texte face au contexte de l’oeuvre ?

Dans un premier temps, nous présenterons les éléments fondamentaux qui se réfèrent à la société Troglodyte. Et dans un second temps, nous observerons la relation qui semble exister entre les idées de ce texte et celles de Montesquieu.

I. Une société : les Troglodytes

a) Des valeurs

Dans un premier temps, Usbek met l’accent sur les valeurs qui régissent la société des Troglodytes. Cette communauté particulière possède tout d’abord des valeurs morales fortement ancrées. Celles-ci régissent la vie des Troglodytes. En effet, dans cette lettre XII, le terme (ou dérivés de) « vertu » est mentionné sept fois. Cette répétition rend compte de l’importance qu’éprouve l’auteur de la lettre en ce qui concerne les valeurs morales telle que la vertu. De plus, Usbek/Montesquieu utilise dans sa lettre le champ lexical de la morale : « humanité, vertu, pitié, sollicitude, charité, moeurs ». Ce vocabulaire, qui se veut insistant dans l’intégralité de la lettre, traduit la nécessité des valeurs morales dans une société. En effet, il semble qu’Usbek/Montesquieu, partage l’idée qu’une société dont les valeurs morales ne sont pas suivies, voire, qui n’existent pas, ne peut rester juste et stable.

Dans un deuxième temps, la société troglodyte, accède à des valeurs relatives au milieu naturel. En effet, l’auteur utilise le champ lexical de la nature : « terre, cultivée, élever, nature, fleurs, frugalité, nature naïve, abondance, troupeaux, prairies, boeufs, charrues, frugal, champêtre ». En outre, le registre de cette lettre est proche du lyrisme, avec notamment la présence de sentiments exacerbés (valeurs morales, douceur et joie de vivre) et de l’importance donnée à la nature. Enfin, la personnification (de la nature) dans cette phrase : « C’était dans ces assemblées que parlait la nature naïve » renforce les idées précédentes. On constate que la nature, et en quelque sorte, la vérité, sont des éléments importants dans la vie de la société troglodyte ainsi que dans n’importe quelle autre société. Cette vérité contribue à la fois à l’égalité, la rationalité, ainsi qu’à la tolérance entre individus.

Dans un troisième temps, la joie et le bonheur semblent être, eux aussi, des principes nécessaires et essentiels à cette société troglodyte. L’auteur utilise en effet, le champ lexical du bonheur : « douce, tendre, heureuse, tranquille, tendrement, consolation, heureux, bonheur, fêtes, célébraient, musique champêtre, joie, festins, recevoir, vie, félicité» ainsi que celui de l’amour « coeur, amitié, aimaient, chéris, touchant, mariages, union, bonheur, adoucir, coeur, fidèle, désirer, l’amour, délices, désirs ». Ce vocabulaire traduit un univers où l’on n’observe pas de problème, ni d’intolérance et où l’on constate une entente durable et agréable. Cette sensation est accentuée par l’utilisation conjointe du champ lexical du malheur : « périrent, méchanceté, victimes, injustices, malheurs, corruption, désolation générale, différends, séparés, indignes, se perdre, exercice pénible, s’affaiblir, craindre, inévitable, colère, chagrins ». En outre, le texte contient une multitude d’antithèses telles que : « la droiture de leur coeur [que] par la corruption de celui des autres », « différends que ceux d’une douce et tendre amitié faisait naître », « séparés de leurs compatriotes indignes de leur présence», «de s’affaiblir dans la multitude, fut fortifiée ». Ces oppositions lexicales appuient le fait que les Troglodytes, malgré leur sombre destinée ont réussi à se sortir de leur fatalité. Leur espoir en une vie meilleure s’est basé sur des fondements solides, tels que le bonheur, la vertu, la rationalité et la douceur de la nature.

b) Des croyances, leur religion

Tout d’abord, Usbek présente, dans cette lettre les relations spirituelles qu’entretiennent les Troglodytes. En effet, ces individus croient en plusieurs dieux, ils sont polythéistes : « en l’honneur des dieux ». L’utilisation du champ lexical de la religion rend compte de leurs activités spirituelles : « dieux, religion, célébraient, temple, faveurs de dieux, souhaits, autels, sacrifices, implorent, croyait ». En outre, l’emploi de termes hyperboliques relatifs aux dieux (« honneur, faveur, grandeur des dieux »), manifeste une croyance forte et qui structure leur vie. Les Troglodytes sont polythéistes et la présence forte du thème religieux dans ce texte rend compte d’une spiritualité solide. De manière plus synthétique, d’après l’auteur, les Troglodytes sont « chéris des dieux » car ils sont justes et constituent une collectivité saine, par conséquent ils méritent cette spiritualité et cet appui mystique.

Ensuite, Usbek fait part à Mirza des éléments du culte des Troglodytes. Ce culte est partagé entre fêtes et danses en l’honneur des dieux et prières au sein de structures religieuses tels que le temple et l’autel. La structuration

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