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Les Fables De La Fontaine Livre 7

Note de Recherches : Les Fables De La Fontaine Livre 7. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Octobre 2012  •  6 067 Mots (25 Pages)  •  1 873 Vues

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A Madame de Montespan

L'apologue est un don qui vient des Immortels (1);

Ou, si c'est un présent des hommes,

Quiconque nous l'a fait mérite des autels:

Nous devons, tous tant que nous sommes,

Eriger en divinité

Le sage (2) par qui fut ce bel art inventé.

C'est proprement un charme: il rend l'âme attentive,

Ou plutôt il la tient captive,

Nous attachant à des récits

Qui mènent à son gré les coeurs et les esprits.

O vous qui l'imitez (3), Olympe (4), si ma muse

A quelquefois pris place à la table des dieux,

Sur ses dons aujourd'hui, daignez porter les yeux;

Favorisez les jeux où mon esprit s'amuse.

Le temps qui détruit tout, respectant votre appui,

Me laissera franchir les ans dans cet ouvrage:

Tout auteur qui voudra vivre encore après lui

Doit s'acquérir de votre suffrage.

C'est de vous que mes vers attendent tout leur prix:

Il n'est beauté dans nos écrits

Dont vous ne connaissiez jusques aux moindres traces.

Eh! Qui connait que vous les beautés et les grâces?

Paroles et regards, tout est charme dans vous.

Ma muse, en un sujet si doux,

Voudrait s'étendre davantage;

Mais il faut réserver à d'autres (5) cet emploi;

Et d'un plus grand maître que moi

Votre louange est le partage.

Olympe, c'est assez qu'à mon dernier ouvrage

Votre nom serve un jour de rempart et d'abri.

Protégez désormais le livre favori

Par qui j'ose espérer une seconde vie;

Sous vos seuls auspices ces vers

Seront jugés, malgré l'envie,

Dignes des yeux de l'univers.

Je ne mérite pas une faveur si grande.

La fable en son nom la demande:

Vous savez quel crédit ce mensonge a sur nous.

S'il procure à mes vers le bonheur de vous plaire,

Je croirai lui devoir un temple pour salaire:

Mais je ne veux bâtir des temples que pour vous.

Les animaux malades de la peste N°1

Un mal qui répand la terreur,

Mal que le ciel en sa fureur

Inventa pour punir les crimes de la terre,

La peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom),

Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,

Faisait aux animaux la guerre.

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés:

On n'en voyait point d'occupés

A chercher le soutien d'une mourante vie;

Nul mets n'excitait leur envie,

Ni loups ni renards n'épiaient

La douce et l'innocente proie;

Les tourterelles se fuyaient:

Plus d'amour, partant plus de joie.

Le lion tint conseil, et dit: «Mes chers amis,

Je crois que le Ciel a permis

Pour nos péchés cette infortune;

Que le plus coupable de nous

Se sacrifie aux traits du céleste courroux;

Peut-être il obtiendra la guérison commune.

L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents

On fait de pareils dévouements: (1)

Ne nous flattons donc point, voyons sans indulgence

L'état de notre conscience

Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons,

J'ai dévoré force moutons.

Que m'avaient-ils fait? Nulle offense;

Même il m'est arrivé quelquefois de manger

Le berger.

Je me dévouerai donc, s'il le faut: mais je pense

Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi:

Car on doit souhaiter, selon toute justice,

Que le plus coupable périsse.

- Sire, dit le renard, vous êtes trop bon roi;

Vos scrupules font voir trop de délicatesse.

Eh bien! manger moutons, canaille, sotte espèce.

Est-ce un pêché? Non, non. Vous leur fîtes, Seigneur,

En les croquant, beaucoup d'honneur;

Et quant au berger, l'on peut dire

Qu'il était digne de tous maux,

Etant de ces gens-là qui sur les animaux

Se font un chimérique empire.»

Ainsi dit le renard; et flatteurs d'applaudir.

On

...

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