LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Préface Essaie Montaigne

Documents Gratuits : Préface Essaie Montaigne. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Juin 2014  •  1 392 Mots (6 Pages)  •  1 534 Vues

Page 1 sur 6

Préface des Essais de Montaigne

Avec les Essais, Montaigne obéit au précepte grec du « connais-toi toi-même » en livrant le fruit de ses expériences et de ses réflexions. Cette quête d’une vérité de soi-même et d’autrui s’enrichit de multiples additions que livrent 3 éditions successives, de 1580 à 1595. Mais dès la 1ère édition, le projet des Essais est fixé. Au début de l’ouvrage, Montaigne s’adresse à son lecteur : de manière originale, il explique brièvement ses intentions.

Ce texte est une véritable matrice des pactes autobiographiques. S’il est présent dès la première édition des Essais en mars 1580, il a cependant été rédigé après certains chapitres des livres I et II. On peut considérer que ce texte répond à une triple finalité : présenter l’identité du livre, définir le mode d’emploi de sa lecture et annoncer un autoportrait.

Le lecteur y est convoqué comme le nécessaire garant d’une authenticité et d’une sincérité clairement revendiquées.

 

1-    Un avertissement, un projet, des intentions

 

Comme l’indique la première phrase, Montaigne s’adresse à un lecteur qui ressemble à son livre et qui est donc « de bonne foi ». Il attend de lui qu’il soit délivré de tout préjugé pour accueillir ces Essais en toute disponibilité d’esprit et de cœur. C’est à des qualités d’ouverture que fait essentiellement appel Montaigne qui appelle une lecture « innocente », libre, en un mot intelligente.

La formule « Il t’avertit » qui ouvre la deuxième phrase assigne au texte un statut particulier.

N’annonçant pas une préface qu sens habituel du terme, (un développement composé plus ou moins long où est proposé une lecture de l’œuvre), l’avertissement interpelle directement son lecteur et s’adresse à lui pour définir un projet et des intentions. Deux formules essentielles les mettent en lumière : « c’est moi que je peins » (l. 11) et son écho « je suis moi-même la matière de mon livre » (l. 15). C’est à un autoportrait que Montaigne convie son lecteur. Il lui assigne l’objectif de sincérité et d’authenticité qui est clairement affirmé aux lignes 9 à 11 : « Je veux qu’on m’y voie dans ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans recherche ni artifice ».

L’affirmation des lignes 15-16 répond à un souci de modestie. Puisqu’il s’agit d’un autoportrait, Montaigne cherche à bien montrer qu’il ne verse ni dans le narcissisme, ni dans la contemplation complaisante de soi-même. La phrase affirme donc qu’il est inutile de perdre son temps en lisant ces Essais, qui sont le récit et le portrait de soi-même, présentés au lecteur comme sujet sans importance, voire sans intérêt (« si frivole et si vain »).

 

2-    Un avertissement paradoxal et déroutant

Cet avertissement que fait Montaigne à son lecteur offre un caractère paradoxal : pourquoi rendre public un ouvrage qui n’est destiné qu’au cercle restreint des « parents et amis » (l. 5) ? pourquoi se montrer et faire son autoportrait si l’on considère qu’il s’agit d’ »un sujet si frivole et si vain » (l. 16) ? C’est ce qui rend cet avis « au lecteur » si déroutant. Mais ce caractère déroutant semble obéir à une stratégie éveillant la curiosité et l’intérêt du lecteur. C’est une manière de le mettre en garde au sens plein du terme[1] et de l’amener à être ou devenir un « diligent lecteur », selon la formule que Montaigne emploie plus loin dans les Essais. Tout se passe comme si, pour évoquer l’originalité du « moi », Montaigne avait décidé d’adopter une écriture originale en recourant à l’effet déroutant du paradoxe.

 

3-    Explication, justification ou mode d’emploi ?

Ce texte est autant une justification qu’une explication. Justification par sa présence même en tête de l’ouvrage. Justification également par le mouvement argumentatif de la phrase qui se trouve en position centrale aux lignes 8-9 : « Si c’eût été pour rechercher la faveur du monde, je me serais mieux paré et me présenterais avec une démarche étudiée ».

Explication par l’exposé et la définition du projet autobiographique : le public visé, la matière du livre, les objectifs et les buts de l’œuvre.

Un tel « avis au lecteur » est également une sorte de mode d’emploi pour la lecture sur l’originalité, la spécificité, l’authenticité de l’œuvre. Il le prémunit contre un jugement trop hâtif et l’encourage à une lecture plus attentive, plus patiente, libérée des fausses apparences. On sait en effet à quel point l’écriture de Montaigne peut être « piégée »

Avant-propos de 1580.

 

" C'est ici un livre de bonne foi , lecteur. Il t'avertit dès l'entrée que je ne m'y suis proposé aucune fin, que domestique et privée. Je n'y

...

Télécharger au format  txt (9 Kb)   pdf (109.6 Kb)   docx (11.9 Kb)  
Voir 5 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com