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Les Bonnes, Jean Genet

Dissertation : Les Bonnes, Jean Genet. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Décembre 2020  •  Dissertation  •  1 620 Mots (7 Pages)  •  1 237 Vues

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Dissertation sur œuvre : Les Bonnes de Jean Genet

Les Bonnes  est une pièce de théâtre de Jean Genet, elle fut mise en scène par Louis Jouvet et présentée pour la première fois le 19 avril 1947.  Les circonstances de ce drame fictif présentent de nombreuses similitudes avec l'affaire des sœurs Papin. Ce véritable fait-divers eu lieu quatorze ans plus tôt, deux employées de maison tuèrent leurs patronnes. Toutefois, Jean Genet a toujours nié s'en être inspiré. La pièce Les Bonnes se construit donc autour d’un acte violent. Cette violence s’exprime aussi par la parole. Eugène Ionesco dans Expérience du théâtre (février 1958) écrit : « …Le théâtre a une façon propre d’utiliser la parole, c’est le dialogue, c’est la parole de combat, de conflit. Si elle n’est que discussion chez certain auteur, c’est une grande faute de leur part » Il ajoute qu’un des moyens de « théâtraliser la parole » c’est de la « porter à son paroxysme, pour donner au théâtre sa vraie mesure, qui est dans la démesure » Tout d’abord, Ionesco définit la parole comme un combat, un agôn et non une « discussion». Ionesco défend le principe antique, de la confrontation lors d’un dialogue plutôt que les échanges polis du théâtre mondain. Selon lui, le théâtre doit être violence, mais en employant le dialogue pour s’exprimer. En second lieu, Ionesco définit le théâtre par la démesure. Effectivement, lors d’un affrontement par le dialogue, l’échange peut donc aller jusqu’à la destruction du langage, la parole se déforme. Nous allons analyser et expliquer ce propos à la lumière de la pièce Les Bonnes de Jean Genet. Nous pouvons nous demander comment le conflit et le combat mènent la parole à son paroxysme afin de donner à la pièce une dimension de démesure. Dans une première partie nous étudierons que la parole théâtrale doit être un affrontement agonistique. Dans une seconde partie nous verrons que cet affrontement oratoire mène à la destruction du langage et à la démesure.

Selon Ionesco l’affrontement verbal est nécessaire au théâtre car il fait avancer l’action et la vérité. Dans la Grèce antique, le mot agôn signifie aussi bien la compétition sportive que les débats politiques ou les batailles de guerre. Au théâtre, ce terme constitue un enjeu fondamental : le conflit entre la volonté personnelle des personnages et des forces qu’elle doivent braver. Effectivement, Ionesco définit le théâtre par la toute-puissance du discours. Cependant, ce discours doit être fondé sur le combat. Par exemple, dans l’œuvre Les Bonnes de Genet, nous remarquons ce conflit et ce combat dans les paroles de Solange à la page 20 l.181-237. Effectivement, Solange est en fureur contre Claire qui joue le rôle de Madame. En réalité, elle affronte Madame même si c’est Claire à qui elle s’adresse. Nous remarquons que Solange coupe la parole de Claire, parle plus longtemps et a un volume de parole plus élevé. Ces éléments de dialogue nous indiquent que Solange est en position de domination face à Claire. De plus, entre la ligne 181 et 185, Solange répète à quatre reprises « Je vous hais ». Cet affrontement fait comprendre au lecteur la haine de Solange envers Madame. L’affrontement verbal nous permet d’affirmer la puissance du langage et permet de faire avancer la vérité. En outre, la parole permet de révéler la vérité. En effet, à la page 50 Claire fait un lapsus : « oh ! le manteau de parade ! ». Elle révèle maladroitement à Madame qu’elle et Solange utilisent les habits de Madame pour leur « cérémonie ». Ce lapsus est révélateur d'une forme de fatalité tragique. En effet, Claire dévoile involontairement le rituel de la cérémonie.

D’après Ionesco, ce serait une grande erreur d’entreprendre une euphémisation de l’agôn en simple « discussion ». L’affrontement ne devrait pas être dissimulé sous les règles de bienséance. L’échange agonistique défendu par Ionesco est celui du théâtre antique grecque où le rôle du théâtre était de purger les passions des spectateurs, c’est la catharsis. Cependant, à l’époque d’Ionesco, les codes de bienséances de la société l’emportaient sur toute autre chose. L'essentiel n’est plus alors de purger les passions mais de distraire l’honnête homme, tout en étant modéré et de se retenir. La parole théâtrale, lorsqu’elle est discussion, atténue la violence du conflit en la rendant formelle. Dans Les Bonnes de Genet, la parole n’est pas enjolivée et reste à l’état brut. Effectivement, Solange et Claire utilise de nombreuse fois du langage familier et même vulgaire : « bas les pattes » ; « trainée » ; « Claire vous emmerde ». De plus, Les Bonnes parle explicitement du meurtre de Madame et joue même une scène de meurtre lorsque Solange est sur le point d’étrangler Claire.

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