La pièce Bonnes Jean Genet

Dans la pièce Bonnes, publiée en 1947 par Jean Genet, est repris un sujet fréquent au théâtre, les rapports maitre-valet. Les Bonnes de Genet veulent assassiner leur patronne. Dans cet extrait Jean Genet va utiliser le procédé du théâtre dans le théâtre en faisant jouer aux deux domestiques, Claire et Solange, les rôles de la maitresse et de la servante humiliée et révoltée. Est-ce que Jean Genet a voulu semer le trouble chez les spectateurs ou les lecteurs, à travers cette pièce avec les changement de rôles entre les deux bonnes ? Pour cela nous verrons tout d’abord la mise en abîme de cet extrait qui entraine l’apparition de ce trouble, puis dans un second temps la préparation de la revanche des deux bonnes sur leurs maitresse.

La fausse Claire domine la fausse Madame d’un point de vue physique et d’un point du vue verbal. Les informations scéniques précisent la domination physique : elle lui crache dessus (l.3), elle marche sur elle (l.5), elle gifle (l.13), elle tappe sur les mains (l.30) et elle semble sur le point de l’étrangler (l.33). On remarque notamment une gradation dans la violence physique de Solange. La domination verbale se remarque par le fait que Solange parle le plus. Les nombreux exclamation soulignent la violence de son ton : « je vous hais ! » (l.1). Cette violence apparait également dans sa manière de donner des ordres à Madame en utilisant à plusieurs reprises l’impératif, comme à la ligne 1 « réveillez le souvenir de votre amant ». Enfin, Solange veut délaisser un langage pauvre et utiliser à la place un langage soutenu pour se mettre au même niveau de la maîtresse. On relève par exemple les termes « exhalaisons » (l.24) et « grandiloquence » (l.25). De plus, Solange est capable de jouer avec la polysémie des mots. Elle joue par exemple avec le double sens de Claire (l.12) qui est à la fois prénom et adjectif signifiant « lumineux » ; ainsi que ligne 20 avec le double sens d’interdire qui est à la fois verbe et adjectif. Elle joue aussi avec les images en opposant des termes, comme en créant une antithèse entre le verbe « auréoler » et le nom « ténèbres » (l.21).

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