Lecture linéaire sur Le Soleil de Baudelaire

Lecture linéaire sur Le Soleil, de Baudelaire

Le Soleil

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Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures
Les persiennes, abri des secrètes luxures,
Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés
Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés,
Je vais m'exercer seul à ma fantasque escrime,
Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,
Trébuchant sur les mots comme sur les pavés,
Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.

Ce père nourricier, ennemi des chloroses,
Eveille dans les champs les vers comme les roses ;
Il fait s'évaporer les soucis vers le ciel,
Et remplit les cerveaux et les ruches de miel.
C'est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles
Et les rend gais et doux comme des jeunes filles,
Et commande aux moissons de croître et de mûrir
Dans le cœur immortel qui toujours veut fleurir !

Quand, ainsi qu'un poète, il descend dans les villes,
Il ennoblit le sort des choses les plus viles,
Et s'introduit en roi, sans bruit et sans valets,
Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais.

Introduction

Le recueil Les Fleurs Du Mal de Charles Baudelaire paru pour la première fois en 1857. Il est constitué de 100 poèmes. L’éditeur Poulet-Malassis publie Les Fleurs Du Mal avec 52 poèmes sur 100. Plus tard, Baudelaire et son éditeur seront condamnés et six de ses poèmes devront être supprimés. Dans ce poème Le Soleil qui est le 87eme, Baudelaire nous donnes une vision de ce qu’est un poète.

On est donc amené à se demander en quoi cet extrait représente un éloge ?

Nous montrerons dans une première partie l’action du Soleil pendant la promenade du narrateur, s’il apparaît d’abord comme cruel, il possède de nombreux bienfaits. Puis dans une seconde partie l’action du Soleil après la promenade du narrateur. Pour finir nous verrons dans le dernier mouvement du texte le lien entre le narrateur et le Soleil.

        Cette première strophe nous décrit la ville. On commence immédiatement avec la description d’un paysage urbain « faubourg », « masures » avec une connotation de pauvreté. Ce paysage urbain est majoritairement négatif, les faubourgs sont vieux et les persiennes sont abris de luxures. On a une allitération en [r] « Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés », le Soleil apparaît d’abord péjorativement comme le montre . On a un enjambement au vers 1 et 2 qui montre que ce sont les persiennes qui pendent aux masures. Cette proposition subordonnée relative complète le faubourg. La conjonction de subordination « quand ». Au vers suivant, l’action du Soleil est violente. On a un parallélisme de construction entre « la ville et les champs » et « les toits et les blés » ou les toits s’associent à la ville et les blés aux champs. Ensuite nous avons une apparition du « je » qui qualifie le poète. Les vers 6,7 et 8 comportent des participes présents qui sont compléments circonstanciels de manière du verbe « aller ». La ville semble inquiétante. La fin de cette première strophe démontre que le poète comme la ville et la campagne est lui aussi soumis à l’action du Soleil.

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