Lecture Analytique Spleen IV De Baudelaire
Recherche de Documents : Lecture Analytique Spleen IV De Baudelaire. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar marine.cmt • 24 Mai 2014 • 1 317 Mots (6 Pages) • 3 564 Vues
Lecture analytique n°19 « Spleen IV » de Baudelaire
Les écrivains romantiques étaient volontairement moroses : l’homme pleure sur sa misère, se plaint de sa petitesse dans le monde, de son impuissance par rapport à l’omnipotence divine mais Baudelaire invente une forme de désespoir radicalement nouveau, la mélancolie qui ne ressemble à aucune autre et qui est la source d’inspiration de sa poésie : le spleen. Même si ce terme est connu des poètes romantiques, il l’utilise non plus pour traduire « le mal du siècle » mais pour exprimer son angoisse existentielle.
Vers la fin de la section intitulée « Spleen et Idéal », 4 poèmes portent tous le même titre, chacun présentant un visage différent de cet ennui qui accable le poète.
Comment le spleen Baudelairien est-il défini dans ce poème ?
I. Les circonstances du Spleen
A. Le paysage : climat et couleurs
3 premiers quatrains sont reliés par l’anaphore de « Quand » qui introduit des subordonnées circonstancielles et ces quatrains ne forment qu’une seule et même phrase dont la proposition principale sera le 4ème vers + rythme languissant et un jeu sur les sonorités liquides et les voyelles nasales = poète insiste sur la notion d’enfermement pour qualifier l’une des circonstances du spleen
Description d’une situation de crise qui allie les 3 éléments : air : « quand le ciel » v.1, terre : « quand le terre » v.5, eau : « quand la pluie » v.9 : absence du feu car le décors présenté est terne, envahi par la grisaille et le brouillard
Champ lexical « bas et lourd » v.1, « humide » v.5, « la pluie » v.9 + comparaison du ciel et du couvercle v.1 le poète insiste sur les circonstances de l’apparition du spleen : le climat et humide, pluvieux et étouffant : // romantisme, tradition avec la nature qui représente son état d’esprit mais modernité de ce « couvercle », objet du quotidien (Francis Ponge va s’en inspirer)
L’oxymore « jour noir » v.1 : obscurité domine le paysage, insistance sur l’absence totale de clarté suivit du comparatif « plus que » va à l’encontre de l’écoulement logique du temps : paradoxe car le jour est plus sombre que la nuit (« jour noi » fait échos à « soleil noir de la mélancolie » de Nerval « El Desdichado »)
B. Les correspondances entre l’environnement et l’état intérieur du poète
Rime riche « couvercle » « cercle » : la forme du poème enferme le lecteur : idée d’enfermement
Champ lexical de l’enfermement pour désigner la terre « couvercle » « cachot » « murs » « profond » « barreaux » « prison » « filets »
Allitération en K fait entendre le bruit d’un couvercle qui se referme
Les lignes droites évoquées sont celles de la pluie, elles deviennent les barreaux d’une prison (strophe 3) (verticalité inversée et l’aspiration avortée d’une élévation)
Oxymore « un jour noir » + « nuit » v.4 renforce l’idée de ténèbres, comme chez les romantiques (Voyageur contemplant une mer de nuage de Friedrich), les perturbations atmosphériques influent sur le psychisme, les idées noirs ressortent
Rime « nuits » « ennuie » v.2 et 4 illustre parfaitement cette influence mais chez Baudelaire on ne sait jamais si c’est le paysage qui influence sur l’humeur ou l’inverse. En effet c’est « le ciel » qui « pèse » sur « l’esprit », mais ce dernier est déjà « gémissant en proie aux longs ennuis » le verbe est au participe présent : action qui a commencé et qui continu : l’homme est déjà dans cet état d’esprit avant qu’elle pèse : impression d’une double influence ou d’un effet d’échos (// Correspondances)
C. La double postulation : une tension permanente entre le bien et le mal
Combat entre l’espérance v.6 « où l’Espérance comme, une chauve souris » et l’angoisse v.19 « [l’Espoir]/ Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique » qui sont des allégories (personnification) mais la défaite est consommée par la rime finale « espoir » / « noir » : angoisse gagne
Le silence succède au vacarme avec la double négation « sans tambours, ni musique » v.17
Le contre-rejet de l’espoir v.18 l’isole
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