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Lecture analytique: L’espèce humaine d'Antelme

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Par   •  7 Avril 2015  •  7 719 Mots (31 Pages)  •  2 295 Vues

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Lecture analytique n°5

L’espèce humaine

Introduction

L’œuvre unique d’Antelme, publiée en 1947, « L’espèce humaine « fait partie du corpus de la littérature concentrationnaire et génocidaire . Antelme est un résistant dans le réseau que dirige F. Mitterand . Il est arrêté en juin 44 à 27 ans en tant qu’opposant politique et restera un an à Dachau , Gandersheim et Buchenwald qui sont des camps de concentration ( et non d’extermination) . Pas de four crématoire ni de chambre à gaz mais une absolue perte de repères et une oppression incessante qui déshumanise . L’Espèce Humaine est dédié à sa sœur Marie-Louise , résistante elle aussi et morte en déportation.

. Beaucoup de survivants ne raconteront jamais l’épisode des camps car il leur faut taire l’horreur pour survivre ou simplement parce qu’aucun mot ne peut suggérer la réduction de l’homme à l’extrême dénuement , à la négation de l’humanité . Antelme ; à l’instar de Primo Lévi ou de Jorge Semprun,s’inscrit dans la résistance d’une raison qui ne cède pas devant l’inhumain , ni devant un état émotionnel si chargé qu’il conduit naturellement au mutisme . L’espèce Humaine est écrite dès son retour en 46.

Au moment de la publication,en 47 , l’heure est à l’oubli des horreurs démesurées de la guerre et des camps génocidaires : les années 50 sont marquées par une reconstruction effrénée, un appel au bonheur qui cherche à effacer les années de guerre : l’œuvre est un échec relatif car elle cherche à donner forme à ce qui se refuse encore à se dire : l’anéantissement ,le désastre inouï ,l’effondrement humain et le questionnement sur ce qu’il est advenu de l’homme capable d’anéantir sa propre civilisation dans un retour inouï à la barbarie , en témoignent les titres de PRIMO Levi « Si c’est un homme » et l’Espèce humaine de Robert Antelme

L’œuvre unique d’Antelme est inclassable :ni témoignage , ni récit , ni documentaire, ni autobiographie véritable , L’Espèce Humaine traduit une expérience des limites de l’homme : .Comment raconter ? Comment témoigner ? Comment donner forme littérairement à l’expérience radicale de la disparition de l’ être ? Comment penser l’inhumain ? Pour y répondre , Antelme met en lumière dans ce texte un paradoxe qui l’a aidé à vivre : C’est parce que les nazis sont des hommes comme les déportés , qu’ils seront en définitive impuissants . Nier l’humanité des autres, c’est mettre en cause l’unité de l’Espèce Humaine .

Problématique : montrez de quelle manière ce passage formule une expérience limite de l’humanité .

Plan :

1. Un récit testimonial singulier

2. L’écriture de la deshumanisation

3. Un renversement éthique : l’irréductibilité de l’espèce humaine

Développement

I. Un récit testimonial singulier

A. Un texte inclassable entre réalité , fiction et réflexion

Le témoignage d’Antelme appartient autant à l’histoire qu’à la littérature mais il reste inclassable :

A l’histoire :

il pourrait trouver sa place dans la littérature documentaire historique : la perspective historique est soulignée par l’emploi répété du mot « histoire » ( l.38) , « mission historique ( L.34)« avec le souci de témoigner de l’existence des camps de concentration . Il se lit dans ce que l’on connaît des camps et que l’on retrouve ici mentionné

- l’appellation allemande « SS » ( 4 fois) ( L. 35-46-59-63)

- l’enfermement des détenus « Ce qui est dans cette salle », ( L.14)

- dans la mention d’une maladie qui donne la dimension collective de cet épisode tragique humain .« Cette maladie extraordinaire n’est qu’un moment culminant dans l’histoire des hommes » . ( L.37) et « Ce qui est dans cette salle apparaît comme la maladie extraordinaire »(L. 37)

- la mention de la faim obsessionnelle des corps : d’une part ,on se bat pour manger et puis lorsqu’on pense à la nature à l’extérieur du camp , on pense que les chiens sont « repus » et que les insectes « se nourrissent » ( L.1 -3)

- la lutte contre la mort « C’est un rêve de SS de croire que nous avons pour mission historique de changer d’espèce, et comme cette mutation se fait trop lentement, ils tuent ». ( L.35)Le lexique de la mort et du pourrissement hante le début du texte texte « la mort a chassé », plante « pourrissante » « tout ce qui meurt » .

A la fiction

Mais le caractère inconcevable et inimaginable de l’expérience racontée relève de la fiction pour le lecteur qui n’a pas subi l’enfer des camps, et projette cette expérience dans des limites difficiles à concevoir entre vérité et fiction..

- D’abord la nature est restée intacte en dehors du camp ,elle nourrit les fantasmes des détenus puisqu’elle est presque personnifiée: « les arbres respirent, les prés se couvrent de rosée » et d’une certaine façon , montre que la vie est toujours là, ne s’efface pas . Elle est aussi idéalisée par des métaphores : les prés sont « d’immenses pelages »L’espace fantasmatique ainsi projeté déréalise la cruauté des camps

-D’autre part, on s’attend dans le cadre d’un témoignage à des éléments factuels , précis, objectifs , soit une réalité au scalpel or dans le texte rien n’est vraiment concret. Les termes qui pourrait l’être sont au pluriel ou sont indéfinis par l’emploi d’un déterminant généralisant « Toute bête » « toute plante pourrissante ».. » ou « les chiens » ou « tout ce qui meurt , tout ce qui pourrit » de sorte que ces mots acquièrent une valeur d’abstraction qui distancie le réel

-Enfin , la caractérisation de certains noms apparaît décalée « toute bête nous apparait » somptueuse , (L. 17-26) « le destin de cette plante nous apparaît aussi luxueux »( L.19-58) d’autant qu’elle est répétée

A l’essai

De plus les commentaires réflexifs du narrateur sur l’espèce humaine

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