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Lecture Analytique : La bête Humaine De Zola

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Par   •  22 Mai 2014  •  2 851 Mots (12 Pages)  •  5 284 Vues

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I – UNE BETE HUMAINE

A – Une métamorphose

1 – un personnage en crise

2 – la transformation physique en bête

B – un conflit intérieur

1 – Jacques et « les autres »

2 – la « bête » contre l’ « homme »

II – UNE CREATURE ZOLIENNE

A – Une énonciation ambiguë

B – Jacques, personnage « dominé par son sang »

C – La « fêlure héréditaire »

1 – Jacques, un « cas d’école »

2 – le poids de l’hérédité

INTRODUCTION

Emile Zola (1840-1902) est le chef de file et le théoricien du mouvement naturaliste dont il jette les bases dans son ouvrage théorique Le Roman expérimental (voir annexes). Zola explique qu'il a pris le parti du naturalisme, doctrine par laquelle il essaie d'élever la littérature au rang de science exacte.

Zola narre en un cycle de vingt romans constituant une grande fresque romanesque « L'histoire Naturelle et Sociale d'une famille sous le Second Empire » ainsi que l'indique le sous-titre donné à l'ensemble de son oeuvre sur les Rougon-Macquart. Zola avait pas ailleurs prévu un roman consacré aux chemins de fer, sujet qui avait déjà inspiré Huysmans (Les Sœurs Varard, 1879), Claude Monet (La Gare Saint-Lazare)...

Mais comme il souhaitait que Les Rougon-Macquart ne dépassent par vingt romans et qu’après Le Rêve, il ne lui restait plus que quatre à écrire, il décida de mêler les thèmes ferroviaire et judiciaire : « je vais mettre quelques grammes terribles dans le cadre des chemins de fer, une étude de crimes, avec une échappée sur la magistrature. »

Dans son roman La Bête humaine (1890), Zola met en scène Jacques Lantier, mécanicien de la locomotive La Lison. Porteur d’une « fêlure héréditaire », la pulsion sexuelle s’accompagne toujours chez lui d’une pulsion meurtrière. Ainsi assassinera-t-il sa maîtresse, Séverine.

Au cours d’une visite à sa marraine, Tante Phasie, Jacques Lantier, fils de Gervaise et d’Auguste Lantier, a essayé de tuer la jeune Flore. Affolé par son geste, il s’enfuit dans la campagne et croise un train hurlant, métaphore de la « bête humaine » qui l’habite et l’égare.

Nous verrons dans un premier temps en quoi cet extrait peut constituer le cœur thématique du roman, puis dans un second temps, dans quelle mesure le personnage de Jacques Lantier constitue une créature typiquement zolienne.

I - UNE BÊTE HUMAINE

A - Une métamorphose

1 – un personnage en crise

- Le texte s’ouvre sur le connecteur temporel « alors » : élément perturbateur, crise narrative.

- Cette crise est n’est pas occasionnée par Flore, mais par la rencontre entre Jacques et Flore, d’où la double forme emphatique, mettant en relief et Flore (pronominalisation), et ce qu’elle provoque (présentatif « voilà »): « Voilà qu’il avait voulu la tuer, cette fille ! ».

- Passage de l’individuel au général, du spécifique au générique : «Voilà qu’il avait voulu la tuer, cette fille ! » è « Tuer une femme, tuer une femme » (l.4). Cette crise particulière sera l’occasion (pour le narrateur ou pour Jacques ?) d’analyser le phénomène de la pulsion de mort en général.

Le discours indirect libre apparaît dès la 2e phrase, rend compte du trouble de Jacques, conservant les marques de l’oralité :

- Interjections pathétiques : « Mon dieu ! » (l.2 et 11)

- Phrases exclamatives exprimant la panique et le désespoir

- Phrases interrogatives entamant le dialogue intérieur : « il était donc revenu, ce mal abominable dont il se croyait guéri ? » (l.3)

- Les multiples répétitions : « Tuer une femme, tuer une femme ! » (l.4), « Mon dieu », associées à un effet de bafouillage produit par l’allitération en [f] : « du fond de sa jeunesse, avec la fièvre grandissante, affolante, du désir » (l.5-6)

2 – la transformation physique en bête

La prise de pouvoir de la bête, censée être métaphorique, se fait d’abord par le corps même de Jacques.

- Il « tombe » (l.1), est pris de « sanglots convulsifs » (l2), est pris de « fièvre » (l.5), ses « doigts » sont « tordus » (l.12), ses « sanglots » « déchirent sa gorge » (l.13 » et il finit par pousser un « râle » (l13) avant de « crier de douleur » (l.31)..

- Il semble se rapprocher de la terre, s’abaisser à son niveau, comme une créature tellurique : il est « vautré sur le ventre » (l.2), ses doigts « entrent dans la terre » (l.13), se « cramponne aux herbes » (l. 10), voudrait « galoper » (l.11), « roule sa tête par terre » (l.31).

ð Nous ne sommes pas loin d’un topos fantastique : la métamorphose de l’homme en monstre, en bête. Ce passage peut évoquer la transformation d’un lycanthrope, qui se termine immanquablement par un hurlement.

Cette métamorphose est à mettre en relation avec le passage à l’âge adulte, la « puberté » (l.6), qui a donné naissance, chez Jacques, à ses pulsions meurtrières. De nombreux textes ont mis en parallèle la figure du loup-garou et la puberté (voir Bettelheim, Psychanalyse des contes de fées).

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