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Lecture analytique Bérénice

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Par   •  5 Mai 2020  •  Commentaire de texte  •  3 701 Mots (15 Pages)  •  647 Vues

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CIA BERENICE, RACINE, ACTE IV SCENE 5

Introduction:

Après les amants impulsifs et sanguinaires, voici la tendre mélodie des âmes blessées. Titus, fils due Vespasien, vient de monter sur le trône. Depuis cinq ans il aime Bérénice, reine de Palestine, qui l’a suivi à Rome : il se dispose enfin à l’épouser. Mais le Sénat est hostile à cette union avec une reine étrangère.Titus décide de respecter la loi de Rome et, après de douloureuses hésitations, doit se résoudre à en informer lui-même Bérénice. C’est la scène des adieux: situation cornélienne traitée avec toute la délicatesse et la tendresse de Racine, avec cette « tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie ».

PB: Bérénice renoncera-t-elle à Titus? En quoi ce dialogue reflète-t-il un dilemme?

Mouvements:

1-L’adieu douloureux de Bérénice ( v1-19)

2-« Vous pouvez tout, Madame, demeurez » (v20- 34): Titus qui semble céder à son devoir d’empereur

3- Les droits de Rome: l’affrontement de deux conceptions (v35-52)

Pour votre information, pour mieux comprendre le début de votre extrait:

A la fin du passage précédent, Titus, après avoir dit que, devenu empereur, il a senti de façon nouvelle les devoirs qui s’imposaient à lui, s’est écrié:

« Je sais tous les tourments où ce dessein me livre.

Je sens bien que sans vous je ne saurais plus vivre,

Que mon coeur de moi-même est prêt à s’éloigner;

Mais il ne s’agit plus de vivre, il faut régner »

C

I

A

Hé bien! Régnez, cruel; contentez votre gloire:

Tirade de Bérénice

Interjection « hé bien! »

adjectif « cruel » à la césure : fait de Titus le responsable de cette situation cruelle dont il se présentait comme la victime. Cet adjectif est un des mots clés de la tragédie racinienne.

Impératif « contentez »

Ironie

Bérénice reprend les mots de Titus + gloire employé (avant dans la pièce) mais avec un accent différent. Peu sensible à de tels arguments en tant que reine orientale habituée à régner despotiquement, et, de plus, rendue injuste par sa souffrance, Bérénice donne un éclat ironique à ces mots que l’empereur avait prononcés avec une résolution douloureuse. Elle prétend lui infliger une leçon de dignité royale. C’est seulement à la fin de la pièce qu’elle comprendra la raison d’Etat, selon l’esprit des Romains. Titus avait dit aussi: « J’espérais de mourir à vos yeux/Avant que d’en venir à ces cruels adieux. »

Je ne dispute plus. J’attendais pour vous croire,/

Que cette même bouche, après mille serments/D’un amour qui devait unir tous nos moments,

Isolement de cet hémistiche + accent placé sur  « plus »

Emploi de l’imparfait: aspect duratif

Emphase « mille serments »

Emploi du pluriel « tous nos moments » (un amour qui dure depuis longtemps, bonheur)

Le verbe « devoir »+ union : sous-entend le mariage

La phrase est construite dans un crescendo.

Enjambement (V3-4): résonance pathétique + distribution des accents du vers 4

« D’un amour/qui devait unir/tous nos moments. »

Allitération en {r}: colère , croyance

aggravent le caractère apparemment définitif de cette rupture .Ainsi, l’incompréhension dont fait preuve Bérénice sépare pathétiquement les deux amants l’un de l’autre. « Je ne dispute plus »= je ne résiste plus en essayant de vous faire entendre raison .

Vous devez savoir qu’à l’acte précédent, c’était Antiochus qui, sur la prière de Titus, avait fait savoir à la reine qu’il lui fallait renoncer à l’empereur. En apparence, Bérénice explique ici pourquoi, au lieu de s’en tenir à la démarche d’Antiochus, elle a voulu voir Titus elle-même. En fait, le ton, les précisions données soulignent le parjure de Titus, l’impossibilité de croire, sans une preuve concrète, à cette attitude déloyale, et la volonté affirmée de mettre Titus à l’épreuve. Ces paroles sont destinées à l’humilier et à éveiller ses remords, car Titus est tout le contraire d’un cynique.(Qui avoue avec insolence, et en la considérant comme naturelle, une conduite contraire aux conventions sociales, aux règles morales).

La phrase est construite dans un crescendo qui trahit un ressentiment désespéré. Aux yeux de Bérénice, Titus est non seulement cruel mais perfide.(Qui manque à sa parole, trahit la personne qui lui faisait confiance.)

Cette bouche, à mes yeux s’avouant infidèle,/M’ordonnât elle-même une absence éternelle.

Infidèle répond à serments

Absence éternelle à unir tous nos moments

Assonances intérieures  {èl}, {è}+ l’absence de césure en font le sommet de la phrase.

Synecdoque « bouche »: la parole

Les vers 5 et 6 présentent la réalité des faits qui s’oppose aux promesses et aux rêves de bonheur des vers 3et 4.

La synecdoque reflète bien l’importance des mots, de la parole. Le verbe pronominal « s’avouer » insiste sur le fait que Titus est coupable, c’est lui le responsable. Il manque à sa parole. Le verbe « ordonner » reflète bien sa position d’empereur, son pouvoir. L’emphase de « l’absence éternelle » sonne comme une sentence.

Moi-même j’ai voulu vous entendre en ce lieu.

Insistance du pronom personnel « moi-même » + en début de vers

Le verbe de volonté

Entendre: toujours cette importance de la parole

Cc de lieu

On dirait que Bérénice a voulu dresser devant Titus tout ce passé avec lequel il veut rompre avec perfidie.

Je n’écoute plus rien; et pour jamais, adieu.

Négation totale

Adverbe de négation « jamais »+ accent qui porte sur « jamais »

Ellipse «  adieu »

« Rien » mis en relief à la césure

Le vers 8 , avec « rien » en relief à la césure, le fort accent qui porte sur « jamais », et l’ellipse de « adieu », montre que Bérénice, blessée dans sa fierté, est emportée à faire sienne sèchement cette rupture que Titus lui a présentée avec ménagement comme inévitable.

Pour jamais ! Ah! Seigneur, songez-vous en vous-même/Combien ce mot cruel est affreux quand on aime?

Répétition de « pour jamais »

Modalité exclamative + modalité interrogative : souhaite interpeller Titus

Présent de vérité générale

Adjectif « cruel » répété et à la césure : donc mise en relief

Ton élégiaque (la plainte)

Bérénice en s’entendant prononcer « pour jamais » avec l’accent que lui dicte son ressentiment, perçoit une autre conséquence impliquée dans ces mots et qui lui avait échappé : le premier « pour jamais » vers 8  est le cri de la fierté outragée, le second au vers 9 est la plainte de l’amour atterré.

Les vers 9 et 10 tirent leur pathétique de l’extrême simplicité avec laquelle ils expriment une vérité universelle. C’est un élan du coeur, infiniment touchant, dans sa simplicité et sa sincérité. Bérénice parce qu’elle se sent victime, passe aussitôt à la plainte, au ton élégiaque. Elle voudrait inviter Titus à interroger son coeur, à prendre conscience, au fond de lui-même, de la cruauté d’une séparation éternelle. Un léger déplacement d’accent dans le vers 10 « affreux » lui donne une vibration émouvante, et l’acteur qui incarne Titus doit montrer sur son visage comment ce passage de la colère à la plainte le bouleverse.

  • Dans un mois, dans un an , comment souffrirons-nous, / Seigneur, que tant de mers me séparent de vous?

  • Que le jour recommence, et que le jour finisse/
  • Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice ,/ Sans que de tout le jour je puisse voir Titus?
  • Gradation « mois/an »
  • Modalité interrogative
  • Apostrophe « seigneur »
  • Adverbe d’intensité « tant »
  • Opposition me /vous+ le verbe « séparer »
  • Anaphore de la conjonction « que » qui exprime l’ordre
  • Prefixation « re »+ Anaphore « le jour »  expriment l’éternel recommencement, le temps qui passe, avec l’antithèse du commencement et de la fin
  • Anaphore de la locution conjonctive qui exprime la négation lexicale « sans que »

Vers 11-15 par leur musique et leur force évocatrice, offrent une admirable réussite de lyrisme élégiaque. Le vers 11 présente l’éloignement grandissant dans le temps, le vers 12 l’éloignement dans l’espace, avec l’expression concrète, parlante, « tant de mers ». Bérénice dit avec tact « me séparent de vous », mais c’est pour que Titus sente, lui aussi, que cette opération serait intolérable.

Le vers 13, par son balancement et la reprise de « jour », suggère l’écoulement monotone du temps (« recommence » : il en a été de même les jours précédents).

Les vers 14-15 doivent, eux aussi, leur pathétique à leur simplicité, à la tendresse avec laquelle Bérénice prononce le nom de Titus et y joint le sien propre, évoquant ainsi le passé de leur intimité amoureuse. Cette fois Bérénice  associe entièrement Titus à son inquiétude: elle sait qu’au fond de lui-même il souffre comme elle, et elle voudrait qu’il se laisse gagner par la même émotion.

Mais quelle est mon erreur, et que de soins perdus!/ L’ingrat, de mon départ consolé par avance,/ Daignera-t-il compter les jours de mon absence?/ Ces jours si longs pour moi lui sembleront trop courts.

Modalité exclamative

Mise en relief donné à « ingrat » par sa place

Accumulation des injustices

Répétition des « jours »

Pronom tonique « moi »: mise en relief de sa plainte

Adverbe d’intensité « si »+ adjectif « longs »

Antithèse « longs/ courts »+ pronom « pour moi/ lui »+ adverbe d’intensité « si / trop »

Titus, pour ne pas céder à l’émotion, a-t-il durci ses traits? Ou Bérénice, en feignant de le croire insensible, veut-elle, par un innocent chantage, lui arracher plus vite une protestation et le faire ainsi revenir sur sa décision? La seconde hypothèse est la plus plausible étant donné le ton de la réponse de Titus aux vers 20 et suivants.

Dans les vers 17-19, Bérénice accumule les injustices : « consolé par avance » insinue que la flamme de Titus est éteinte depuis longtemps; « daignera-t-il » est empreint d’ironie douloureuse; enfin, l’opposition entre « si longs et « trop courts » oppose radicalement les sentiments de Titus aux siens. Elle l’accuse d’être ingrat, cynique, et au moment où elle lui déclare une nouvelle fois son amour, elle l’accuse d’indifférence. Cette comparaison entre les sentiments de deux amants relève du dépit amoureux, et , d’ordinaire, elle entraîne une protestation de celui qui souffre d’être si mal compris.

2ème mouvement

Titus: « je n’aurai pas, Madame, à compter tant de jours. / J’espère que bientôt la triste renommée /Vous fera confesser que vous étiez aimée./ Vous verrez que Titus n’a pas pu sans expirer …»

Apostrophe « Madame »

Négation partielle

Adverbe d’intensité « tant » + répétition des propos de Bérénice « tant de jours »

Adverbe de temps

Antéposition de l’adjectif « triste »

Emploi du futur + vouvoiement, s’adresse à Bérénice

C c de manière « sans expirer »

Reprenant le mot « jours » avec amertume, Titus, sans entrer en discussion avec Bérénice, lui donne une réponse qui suffit à tout. « Triste » laisse présager l’idée « d’expirer ». « Confesser » implique que la reine se repentira de son incrédulité. (qui doute ce qu’on lui dit)

« Titus » au lieu de « je », donne plus de solennité à l’engagement que prend l’empereur. « J’espère » et « expirer » indiquent bien que Titus, sans attenter directement à ses jours, prévoit que cette séparation le fera mourir d’amour insatisfait. Il utilise le vocabulaire galant du 17 ème siècle, cette préciosité nous semble un peu fade et pareille confidence s’accorde mal avec l’énergie de l’empereur qui sacrifie son amour à son devoir afin d’être le modèle des princes. C’est l’homme amoureux que nous entendons ici, avec ses faiblesses et ses incertitudes.

Bérénice

Ah! Seigneur, s’il est vrai, pourquoi nous séparer?/ Je ne vous parle point d’un heureux hyménée:/ Rome à ne vous plus voir m’a-elle condamnée?/ Pourquoi m’enviez-vous l’air que vous respirez? 

Vivacité de la réplique :

-Interjection + apostrophe

-Modalité interrogative : 3

-négation partielle

Assonance en {é}

La vivacité de la réplique de Bérénice nous prouve combien celle-ci a été touchée par la sobre douleur de Titus. Le vers 25 nous montre la reine faisant une concession qui doit coûter immensément à son orgueil comme à son amour, mais qui est un trait d’une vérité indiscutable. Une femme vraiment amoureuse, quand elle ne peut pas avoir tout, se rabat souvent avec humilité sur une part plus modeste, imaginant, peut-être à tort, qu’elle s’en contentera. (Ainsi, Ariane, abandonnée par Thésée, rêve au bonheur qu’elle aurait eu d’être seulement sa servante. )

Les vers 26-27, sous la forme atténuée et touchante de l’interrogation, présentent la requête de Bérénice: à défaut d’un « heureux hyménée » , vivre à Rome dans l’effacement, rester l’esclave amoureuse, telle est l’ultime requête, présentée avec pudeur et désintéressement: elle ne demande même plus d’être aimée, elle demande de pouvoir aimer. La seconde expression au vers 27 renchérit sur la première (v26) par la modestie de la demande : respirer le même air que l’être aimé, c’est un lien bien ténu mais qui a du moins le mérite d’exclure une séparation radicale. On notera comme la succession de huit rimes en {é} (v21-28) imprime encore plus de douceur à ces vers.

Titus

Hélas! Vous pouvez tout, Madame. Demeurez: /Je n’y résiste point; mais je sens ma faiblesse:

Interjection

Négation totale

Connecteur d’opposition

Registre pathétique

La tendre supplique de Bérénice produit son effet. En un vers et demi, Titus accède en apparence à sa demande, mais les césures fortement marquées, et l’interjection « Hélas! » initiale attachent une teinte de tristesse et de regret à ses concessions. L’explication en est donnée aussitôt avec « mais je sens ma faiblesse ».

Il faudra vous combattre et vous craindre sans cesse,/ Et sans cesse veiller à retenir mes pas/Que vers vous à toute heure entraînent vos appas./ Que dis-je ? En ce moment mon coeur, hors de lui-même,/S’oublie, et se souvient seulement qu’il vous aime »

  • Modalité injonctive impersonnelle « il faudra »
  • Répétition du pronom personnel « vous »
  • Hyperbole « sans cesse »+ « à toute heure »
  • Répétions de « sans cesse »
  • Emploi du pluriel « appas »
  • Le verbe entrainer : impossible d’y résister, des charmes
  • Enjambement
  • Modalité interrogative
  • Cc de temps « en ce moment »
  • Personnification du coeur
  • Adverbe « seulement »+ emplois du présent

L’emploi des mots « combattre » et « craindre » montre le caractère douloureux de la situation qui sera ainsi créée, puisqu’il devra se défendre d’elle comme d’une ennemie: Titus fait appel à la noblesse d’âme de Bérénice, et à son amour.

Les vers 30-32 sont en crescendo : répétions de « sans cesse »+ enjambement des v31-32 et l’évocation de cet avenir produit justement l’effet psychologique que Titus redoute: comme pour lui donner raison, sa faiblesse se manifeste par une sorte d’aliénation qui efface l’empereur au profit de l’amoureux. « S’oublie » : oublie son devoir de résister à une passion que Rome réprouve.

3ème mouvement

Bérénice

Hé bien, Séigneur, hé bien! Qu’en peut-il arriver?/ Voyez-vous les Romains prêts à se soulever?

Répétions de l’interjection + modalité interrogative

Les accents du vers 35 traduisent la joie de Bérénice, car elle voit combien Titus est encore sensible à ses appas. Elle se reprend à espérer le mariage, mais c’est une joie aveugle, elle rappelle elle-même à Titus ce qui s’était un instant effacé de son esprit (mon coeur s’oublie..) . C’est qu’elle ne voit pas bien les sentiments de Titus. Elle ne peut comprendre que l’empereur redoute d’être prisonnier de son amour au point d’en oublier ses devoirs envers Rome et ses « projets de grandeur et de gloire ». (v1027) Bérénice croit que Titus redoute seulement une révolte des romains, et en évoquant leur calme, elle voudrait lui montrer que l’obstacle au mariage ne vient que de ses craintes vaines. Mais par ce rappel elle réveille les scrupules de l’empereur, le sentiment de ses devoirs d’homme d’Etat.

Titus : vers 37-44

Questions successives

Affirmation directe : injure

Apostrophe « Madame »

Condition

Modalité injonctive « faudra-t-il »

Lexique du devoir « choix, lois (répété)

Lexique de la violence «injure, sang, m’exposez-vous, cris »

La tristesse est revenue sur le front de Titus. Face au visage interrogateur de Bérénice qu’il doit décevoir une nouvelle fois, Titus, avec beaucoup de simplicité et d’humilité, essaie de faire prendre conscience à la reine des suites qu’entraînerait leur mariage. Il le fait au moyen de questions successives, procédé plus délicat qu’une affirmation directe. « Injure »: eu égard à la haine des rois, traditionnelle chez les Romains. « Cris…murmure »: façon concrète et vivante d’exprimer la révolte ouverte succédant à la réprobation sourde. Au vers 39, il y a une ironie amère dans le rapprochement de « sang » et de « justifier ». « S'ils se taisent »  est suivi de cinq vers, au lieu de deux pour « s’ils parlent », parce que c’est l’hypothèse la plus probable et la situation dont les conséquences seraient sans fin. Le choix des termes, leur force ( par exemple : vendent, complaisance, payer) montrent avec quelle conscience scrupuleuse Titus envisage son métier d’empereur. La reine doit découvrir qu’elle est loin d’occuper l’unique place dans le coeur de l’empereur.

Vers 45, la réponse de Bérénice

« Vous ne comptez pour rien les pleurs de Bérénice »

Négation partielle

Registre pathétique : les pleurs

La réponse de Bérénice prouve que les efforts de Titus pour lui faire partager ses raisons ont été vains. Comme plus haut (v16-20) son reproche, peu fondé, est particulièrement blessant pour Titus. C’est qu’elle jette dans la balance tout ce qui, jusqu’ici, assurait son pouvoir: son amour, sa douleur, ses pleurs.

Je les compte par rien? Ah ciel! Quelle injustice!

Modalité interrogative + exclamative

Interjection

Registre pathétique

La réplique de Titus est véhémente. Le cri de « Quelle injustice! » qui traduit sa douleur d’être incompris de celle qu’il adore, est profondément pathétique.

Quoi? Pour d’injustes lois que vous pouvez changer,/ En d’éternels chagrins vous-même vous plonger?/Rome a ses droits, Seigneur: n’avez-vous pas les vôtres?/Ses intérêts sont-ils plus sacrés que les /

Dites, parlez.

Polyptote « injustice/injustes »

Répétions du mot « lois » au pluriel

Apostrophe de « seigneur » mise en relief à la césure

Interrogation

Parallélisme : Rome a ses droits/ n’avez-vous pas les vôtres+ opposition (affirmation, négation)

Comparatif de supériorité

Impératif

L’interrogation des vers 47-48 est à l’infinitif, ce qui souligne l’impossibilité où se trouve la reine de pénétrer les raisons de la conduite de Titus. En parlant « d’injustes lois que vous pouvez changer », Bérénice, reine orientale, montre sa méconnaissance de la mentalité romaine. « Vous-même » (v48) suggère que rien n’obligeait Titus à cette décision, et invoque un argument auquel il peut être sensible: n’est-il pas normal qu’il cherche à conjurer les « chagrins » qui se préparent? Elle va même s’efforcer d’opposer Titus à Rome comme à une rivale qui empiète sur les droits de l’empereur. « Rome a ses droits » est une concession limitative et Bérénice donne plus d’emphase à la contre-partie. Enfin, après avoir opposé Rome et Titus, elle confond sa  cause avec celle de l’empereur: cette cause devient celle de leur bonheur commun qui, lui aussi est « sacré ». Dans les vers 49-50 s’exprime une conception des droits et des devoirs du souverain différente de celle de Titus. Celui-ci, désespérant de convaincre Bérénice, se tait; d’où ces invites pressantes de la reine: « Dites, parlez. »

Hélas! Que vous me déchirez!

Interjection pathétique + verbe très fort « déchirer » + modalité exclamative

Titus n’oppose pas de raison à Bérénice, il l’a déjà fait sans succès, mais seulement le témoignage de sa souffrance avec le mot si expressif de « déchirez ».

Vous êtes empereur, Seigneur, et vous pleurez!

Cf l’adieu de Marie Mancini à Louis XIV: « vous m’aimez, vous êtes roi, et je pars ».

Apostrophe

Parallélisme

Modalité exclamative

Registre pathétique

Ce vers a d’abord la valeur d’un argument: il exprime l’étonnement devant deux choses apparemment incompatibles, la toute-puissance et les pleurs qui prouvent que cette puissance a des limites. Mais ces mots si harmonieux sont aussi empreints d’une tendresse compatissante qui porte le pathétique à son comble. Bérénice a toujours été la consolatrice de Titus dans ses moments de découragement: elle le voit malheureux et déchiré, et elle s’attendrit sur sa situation douloureuse.

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