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Lecture Analytique dénouement Du Père Goriot

Dissertation : Lecture Analytique dénouement Du Père Goriot. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Février 2014  •  3 106 Mots (13 Pages)  •  2 588 Vues

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I UNE CEREMONIE BACLEE :

Dans ce passage crucial, nous assistons à la fin du Père Goriot et nous comprenons qu’il est si pauvre qu’il n’a même pas droit à un enterrement décent. Dans cette société inhumaine, riches et pauvres ne sont pas à égalité face à la mort ; les plus démunis n’ont pas le droit de mourir dignement et sont traités comme des animaux.

Cette scène d’enterrement confère au personnage du Père Goriot une dimension encore plus pathétique.

1. Une cérémonie rapide :

Cette cérémonie est littéralement expédiée par le clergé.

- Empressement du clergé est marqué par le lexique de la rapidité : « aller vite », « ne pas nous attarder ». Il s’agit d’en finir au plus vite, c’est une cérémonie négligée, bâclée.

- Les notations temporelles qui ponctuent la cérémonie nous donnent l’impression que tout est minuté, réglé à la seconde près : l’office c’est-à-dire la messe ne dure que 20 mn ce qui est un record… On nous précise par ailleurs, qu’il est « cinq heures et demie » au moment où le convoi quitte la chapelle pour le cimetière du Père Lachaise ; or, c’est très exactement une demi-heure plus tard comme le révèle l’indication temporelle : « six heures », que le corps du Père Goriot est inhumé… En 50 mn, le tour est joué… Les expressions « courte prière » et « quelques pelletées de terre » nous confirment à quel point la cérémonie est bâclée. Cette rapidité empêche toute forme de recueillement et ôte à l’événement sa dimension solennelle.

- Toujours pour souligner la vitesse extraordinaire avec laquelle se déroule le rituel, on note l’emploi des verbes au passé simple : « fut descendu », « disparurent », « fut dite ». Ici, nous pouvons constater qu’une phrase suffit pour résumer les étapes de l’enterrement proprement dit : la prière, la descente du cercueil, le départ du clergé et des assistants… On passe immédiatement du verbe « fut descendu » au verbe « disparurent » ce qui souligne la rapidité extraordinaire avec laquelle la cérémonie s’achève.

 Rapidité scandaleuse qui montre que personne ne s’intéresse au défunt ; il s’agit d’en finir au plus vite. Il s’agit d’une parodie d’enterrement.

2. Abandon et solitude :

Une cérémonie marquée par l’abandon. Mort pathétique car la solitude du Père Goriot perdure jusqu’au moment de son enterrement.

- Absence remarquée et révoltante de ses deux filles qui ne daignent pas assister à l’enterrement de leur père alors qu’il s’est ruiné pour elles. L’expression « voitures armoriées mais vides » contient une antithèse entre les adjectifs « armoriées » et « vides ». Balzac dénonce leur souci des apparences qui contraste de façon scandaleuse avec le vide de leur cœur. Mépris à l’égard du père apparaît aussi dans le fait qu’elles se fassent représenter par leurs « gens », c’est-à-dire par leurs domestiques. Société cruelle où il n’y a pas de place pour les sentiments, pas de place pour l’amour filial, aucune forme de reconnaissance. Inhumanité. Insensibilité, ingratitude.

- On insiste aussi sur la maigreur du cortège funèbre qui n’est constitué pratiquement que de Rastignac et Christophe + les gens des filles du Père Goriot ainsi que des membres du clergé : « deux prêtres, un enfant de chœur, un bedeau » ; on remarque que parmi les assistants personne n’est de la famille du personnage. Abandonné par ses proches, délaissé.

- Notons aussi l’emploi des articles indéfinis au singulier : « une voiture de deuil », « un prêtre », « un enfant de chœur »

- Répétition obsédante de l’adjectif « seul » : « Rastignac et Christophe accompagnèrent seuls », « Il fut seul avec Christophe », « Rastignac resté seul ». On observe ici une gradation dans la solitude : dans les deux premières occurrences, Rastignac était encore accompagné de Christophe ; à la fin, il est complètement seul face à la tombe du Père Goriot.

- Rastignac tient lieu de fils ici : il est le seul à s’attarder devant la tombe ; quand les fossoyeurs réclament leur pourboire c’est vers lui qu’ils se tournent pensant qu’il fait partie de la famille.

- A cela s’ajoute le silence ambiant qui ne fait qu’accentuer la tristesse de la cérémonie : pratiquement personne ne prend la parole à l’exception de Christophe qui prononce l’oraison funèbre du défunt ou les membres du clergé et les fossoyeurs : très peu de passages au discours direct et un seul passage au discours indirect. Pour comble d’ironie c’est un domestique et non une personne de la famille qui rend un dernier hommage au Père Goriot. Plus on avance dans le texte plus le silence s’impose…

-

3. Le dénuement :

Cérémonie qui s’inscrit sous le signe du dénuement, de la pauvreté : Balzac nous montre à quoi ressemble l’enterrement d’un pauvre.

- Le thème de l’argent est récurrent : « soixante-dix-francs », « pourboire »

- Cérémonie est bâclée par manque d’argent : le défunt n’a droit qu’à une « courte prière », l’office ne dure que « vingt minutes », les fossoyeurs ne jettent que « quelques pelletées de terre » sur le cercueuil pour le « cacher » comme si la pauvreté était honteuse. C’est un service minimum qui est conforme à la somme versée par Rastignac.

- On a compris que c’est par manque d’argent que le Père Goriot n’a pas droit à un enterrement décent : on nous précise que c’est Rastignac qui a payé la cérémonie ; or, c’est un étudiant et il a peu de moyens ; on nous précise aussi que c’est Rastignac qui règle le pourboire des fossoyeurs : moment très pathétique où on le voit fouiller ses poches qui sont vides où il est contraint d’emprunter de l’argent à Christophe qui est un domestique : humiliation suprême qui explique l’hyperbole : «.. » . Au cours de cette cérémonie, Rastignac comprend à quel point la misère nous prive de tout, y compris au moment de notre mort.

4. L’absence de la religion :

L’enterrement est privé de toute dimension religieuse : la cérémonie est purement formelle et les actions sont accomplies de façon mécanique.

- Le clergé exprime sans vergogne son impatience, les prêtres n’ont qu’une envie : en finir au plus vite. Le récit insiste sur la

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