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Le poème liminaire « A Monsieur d’Avanson »

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Par   •  14 Décembre 2019  •  Commentaire de texte  •  2 480 Mots (10 Pages)  •  2 769 Vues

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Le poème liminaire « A Monsieur d’Avanson » fait partie du recueil des regrets publiés en 1558, au retour de Du Bellay de son long voyage à Rome. Absorbé par son travail et assommer par son exil, il se confie à travers ses vers. Le poème, objet de notre explication, le premier du recueil, est composé de 27 quatrains en décasyllabes et en rimes embrassées, ce qui le distingue des autres poèmes. C’est non seulement une dédicace à Monsieur d’Avanson, un ambassadeur du Roi Henri 2, mais aussi une sorte d’avant-propos où, du Bellay, annonce l’orientation de son recueil, ses intentions et les raisons pour lesquelles il écrit ses poèmes. Comment alors, par le biais d’une rhétorique discursive, le poète attribue à ce poème la fonction d’introduction et de justification au recueil, fruit d’une inspiration poétique mais aussi d’une détresse morale ?

Mouvement 1 : La vocation ou inspiration poétique du vers 1 au vers 44

Mouvement 2 : La poétique du recueil du vers 45 au vers 84 (justifie sa plainte)

Mouvement 3 : Louanges vers 85 jusqu’à la fin du poème

Dans la première strophe, le poète s’excuse en amont pour son manque d’inspiration, La muse, étant l’allégorie de l’inspiration des poètes est mise en relief par sa position à la fin du vers. Cette dernière est personnifiée à travers le groupe nominale « la faveur de la muse », dès lors elle prend le caractère d’une divinité ne donnant plus de bénédiction ou de privilège au poète. La rime féminine « Muse/ excuse » insiste aussi sur ce manque d’inspiration, comme pour dire excusez ma muse. Et comme pour un avant-propos, le poète anticipe les critiques du lecteur. La conjonction si au début du vers, exprimant une hypothèse laisse entendre que ses excuses ne sont pas sincères ou du moins qu’il n’est pas convaincu de l’imperfection de ses vers, cette idée est accentuée par la répétition de si au deuxième vers. Il énumère ensuite, les facteurs qui ont affecté son inspiration « le lieu le temps, l’Age », en insistant sur le lieu au début en référence à Rome, puis le temps en référence à la guerre. Il est à signaler que le poète a écrit ces poèmes pendant sa jeunesse, ce qui nous mène à soulever une contradiction. Comment pourrait-il manquer d’inspiration en un âge où les sensations et les sentiments abondent ? Par l’enjambement «et mes ennuis » le poète exhibe la principale cause de ces écrits imparfaits, qu’est la solitude causée par l’exil mais aussi l’amertume d’une condition subalterne. Tous ces facteurs seront contrairement à ce qu’il annonce dans ces premiers vers et on le découvrira par la suite, la source de son inspiration. Ce qui dévoile que le poète prétend s’excuser, dans la perspective d’adopter une stratégie spécifique à l’avant-propos : attirer l’auditoire et prévoir toute objection. Cette première strophe permet de distinguer deux moment, avant le voyage à Rome et après le voyage à Rome, la perte d’inspiration se situe dans le deuxième moment. En outre, le premier quatrain est écrit au présent, tandis que celui qui suit est écrit au passé, ce qui souligne la transition vers un semblable de récit, on peut dire que c’est une allusion d’un récit autobiographique, à travers le pronom personnel «je » et l’effet du réel qu’évoque la situation spatiaux- temporelle dévoilée par les expressions « à Rome », « au milieu de la guerre ». La locution prépositionnelle « au milieu », accentue le thème de la guerre, la souffrance et la peine. Du Bellay est encore jeune quand il arrive à Rome, mais ce séjour a changé sa jeunesse, en vieillesse cette idée est mise en évidence par le participe présent « sortant » et l’adverbe « déjà », la position du vers 6 dans cette strophe n’est pas fortuite, c’est par le biais de ce vers que le poète lie sa dégradation au voyage à Rome. Son travail étant dur, il s’adonne à l’écriture en la considérant comme une source de repos, l’assonance en o dans travaux, dispo, repos renforce cette même idée. Il justifie ses écrits par la raideur de son travail et non par l’envie d’être félicité d’où la diérèse dans louange qui accentue la position de l’auteur. On retrouve encore la capacité rhétorique du poète à dissimuler les vraies raisons de ses vers, pourquoi est-ce qu’il publie ces poèmes si ce n’est pour acquérir des faveurs ou du moins des appréciations ? Les métaphores qui suivent mettent fin au récit. Par l’adverbe ainsi et l’inversion du sujet dans « voit-on » suggérant qu’une idée sera explicitée. Dans la 3ème strophe, le poète compare ses vers aux vers d’un laboureur ou d’un soldat qui chante ce qu’il endure non pas en art d’où l’antithèse « d’un vers fait sans art » mais en vers anodins de la douleur et du travail qu’il subit, ce qui rejoint l’idée du vers 8. Le contraste entre le verbe « se réjouir » et le verbe « s’évertuer » impliquant aussi une opposition entre travail et vers, renforce l’idée que la poésie est un moyen pour apaiser les souffrances (vers 11é12). Ces souffrances sont accentuées par le mot peine disposé au même vers que le verbe s’évertuer. Il enchaine ensuite avec une deuxième métaphore et cette fois en se comparant aux rameurs esclaves dont les chants soulagent la pesanteur des rames, le poète fait référence au rameur par la phrase verbale « fait écumer les flots ». L’adverbe « dessus », l’adjectif triste, et le verbe éprouver souligne toute la peine des rameurs esclaves. La galère devient alors légère par la rime en ère. Et le choix de cette comparaison n’est pas par hasard dans la mesure ou même le sens figurer de ramer c’est peiner. Il se compare dans ces deux strophes à des hommes sur la plaine pour ensuite s’élever à un plan supérieur avec des références mythologiques pour premièrement rappeler la place du poète et son élévation mais aussi pour faire référence au thème de la mythologie qui jalonne son recueil. Il évoque Achille qui adouci sa colère par sa lyre, l’assonance en i (Achille, ire, plaisir, s’entretenir) mets en relief ce rapport entre tristesse et chant. Le poète s’identifie à la figure d’Achille, dans le sens où lui aussi, se trouve apaisé par le pouvoir de la poésie, il en va de même pour la seconde métaphore.Une autre évocation mythologie dans la 6ème strophe, celle d’Orphée, Du Bellay se compare à lui car ce dernier est considéré comme la figure emblématique du poète, « la sienne perdue une seconde fois » réfère à Eurydice qu’Orphée est allé chercher en enfer après sa mort mais qui n’y parvient pas et donc la perd une seconde fois d’où l’expression une seconde fois, on reconnait aussi Orphée par la harpe thracienne en référence aux origines de ce dernier.

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