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Le poème de Paul Éluard

Analyse sectorielle : Le poème de Paul Éluard. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Mai 2015  •  Analyse sectorielle  •  620 Mots (3 Pages)  •  599 Vues

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III/ Le poème de Paul Éluard

1. Une profondeur temporelle

Faisant suite au poème « L’Attente » marqué par la nostalgie, « Des nuages dans les mains » se construit sur une opposition entre « cette marche en arrière » vers les souvenirs, donc un passé douloureux, et le présent, « accord cadeau confiance », qui seul peut ouvrir sur l’avenir. Nous pouvons voir là la conception du temps chez le poète : le passé « est une actualisation de forces que seul le présent peut actualiser en se projetant vers le futur », écrit Daniel Bergez (2).

 

2. L’homme face à l’amour : refus d’une attitude centrée et repliée sur soi

Si ce poème, comme tant d’autres, offre une vision négative du passé, il ne se complaît justement pas dans la nostalgie. Le lexique marque une sorte de mépris pour cette attitude tournée vers le passé, en opposant un terme négatif à un terme qui aurait pu (voire aurait dû) être positif :

attitude qui éloigne des « feuilles naissantes » et des « larmes salubres », deux notations positives ;

« dédain » vs « orient », dans le vers 5. « Ce dédain de l’orient », que ce soit un complément de nom objectif, et que l’orient se détourne, ou un complément de nom subjectif, et que le locuteur éprouve du dédain pour l’orient, il n’en reste pas moins que l’orient – l’est, là où apparaît l’aube ou l’aurore – n’a plus sa juste place, alors qu’un autre poème poussant à rompre les digues avertit que c’est l’instant « où l’on joue une aurore contre une naissance » (« L’Aventure ») ;

« paradis » vs « livide ».

ce désespoir n’est plus qu’« une « source impalpable » donc inopérante, pour dire une « nuit de pluie », l’adjectif pouvant tout aussi bien qualifier la « nuit de pluie ».

Ne pas se refermer sur soi mais s’ouvrir à l’autre, telle est la leçon donnée par le dernier vers. Guillaume Bardet et Dominique Caron font justement remarquer que les cinq mots exprimant la plénitude retrouvée sont reliés « dans une chaîne sonore : « remède » [r-m] est repris en chiasme par « miracle » (m-r), lui-même se prolongeant en « accord » [a-k-r reprenant r-a-k] réinventé en « cadeau » [akor / kado] dont l’initiale est reprise et prolongée et ouverte par l’e muet finale dans « confiance » (ou « qu’on fiance… ») (3).

Nicole Boulestreau, qui voit dans le recueil des Mains libres une référence ou un avatar des livres d’Emblèmes de la Renaissance, sachant que « c'est bien de la confrontation d'une vignette et d'une légende, provenant toutes deux de sources différentes, que naît l'emblème » (4), pense qu'avec Pouvoir » et « L’Attente », « Des nuages dans les mains » fait partie des emblèmes de l'homme face à la question de l'Amour. Rappelons que « Des nuages dans les mains » fait justement suite à « L’Attente ».

« Nous n'écrivons que pour trouver une réponse définitive à notre angoisse » (5), et la réponse serait peut-être bien dans notre dernier vers, « accord cadeau confiance » ou la promesse d'un

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