Le pont Mirabeau

Le poème Le Pont Mirabeau est un extrait issu du recueil Alcools d’Apollinaire publié en 1913, Apollinaire y évoque sa rupture avec la peintre Marie Laurencin avec qui il eut une liaison. Et au-delà évoque la fuite du temps semblable à l'eau qui s'en va. L'eau est un thème romantique et lyrique qui renvoie au passage du temps et à la fuite de l'amour. Le pont Mirabeau est un pont situé à Auteuil qui fut emprunté par Apollinaire lorsqu’il rentrait de chez Marie Laurencin. Comment Apollinaire évoque t’il l’échec amoureux ? Afin de répondre à cette problématique, nous allons tout d’abord mettre en évidence le souvenir mélancolique d’un amour passé (Vers 1 à 6), ensuite un amour éternel (Vers 7 à 12) et enfin la fuite du temps (Vers 13 à 24).

Ce poème est un ensemble de 4 quatrains et de refrains sous forme de distique. (2 petits vers qui reviennent toujours), Il n’y a jamais de ponctuation dans ce poème.

1. Le souvenir mélancolique d’un amour passé (V. 1-6)

Cette strophe est un quatrain, nous pouvons observer 2 décasyllabes, un vers de 6 syllabes ainsi qu’un de 4. L’association par l’enjambement du vers de 4 syllabes et celui de 6 forme un 3e décasyllabe.

Le pont Mirabeau est le catalyseur du souvenir d’Apollinaire.

L’eau est un élément récurrent en poésie lyrique, elle permet d’exprimer le temps qui passe, en l’occurrence elle est ici nommée, c’est la Seine.

L’utilisation du présent de vérité général « coule » dans le vers 1, montre l’immuabilité, tout comme le temps qui passe.

Le choix du pont est à la fois symbole de modernité mais également le symbole de ce qui lit entre elles les choses, tout comme l’amour.

Au vers 2 l’utilisation de l’adjectif possessif « nos » dans l’expression « nos amours » montre que l’amour a été réciproque.

Cet amour est terminé comme nous le montre le mot « souvienne » au vers 3 ou l’utilisation de l’imparfait au vers 4 (« venait »), il fut heureux puisque « La joie venait toujours ».

La rupture du décasyllabe aux vers 2 et 3 nous laisse entrevoir une rime masculine isolée (« amours ») au milieu des rimes féminines. Le vers est à l’image de la rupture amoureuse. Cette découpe est une marque de modernité poétique.

Les vers 5 et 6 ("Vienne la nuit sonne l'heure / Les jours s'en vont je demeure") reviennent perpétuellement après chaque quatrain tel le refrain d’une chanson. On y retrouve l’opposition pluriel/ singulier au vers 6 qui montre la solitude du poète et appuie le fait que la relation amoureuse est terminée.

1. La réminiscence de l'amour (V. 7-12)

Dans cette strophe le poète se rappelle de son amour. Ce souvenir est bien là comme nous le montre l’utilisation du présent.

La double répétition au vers 7 (« main » et « face ») montre la complicité du couple et renvoie l’idée de bonheur partagé.

Au vers 8 la locution conjonctive « tandis que » montre que quand les 2 amants s’aimaient, le temps qui passait ne les affectait ni eux, ni leur amour puisque l’eau passait sous eux.

Au vers 9, l’utilisation de la métaphore « le pont de nos bras » montre à quel point leur amour fut fusionnel, il fait un parallélisme avec le pont Mirabeau.

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