Le parti pris des chose, Francis Ponge

COMPTE-RENDU DE LECTURE CURSIVE : LE PARTI PRIS DES CHOSES

Francis Ponge est un poète français du XXe siècle, il née le 27 mars 1899 à Montpellier avant de s’installer un an plus tard à Avignon avec sa famille, qui est plutôt bourgeoise. Il vit donc au sein de la bonne société toute son enfance. Il fera ses études secondaires et obtiendra son baccalauréat à Caen au lycée Malherbe avant d’entrer en hypokhâgne (classe préparatoire littéraire) au lycée Louis-le-Grand à Paris en 1916 où il publiera anonymement son premier sonnet dans la revue littéraire « Presqu’île ».

En 1918 à la fin de la Première Guerre Mondiale, Francis Ponge est mobilisé dans l’infanterie puis au G.Q.G des armées françaises à Metz. En 1923, son père, Armand Ponge décède, ce qui affirme chez lui « un drame de l’expression », après cet évènement, il désire s’exprimer.

Les XIX et XXe siècles ont vu la naissance de différents mouvements littéraires ayant tentés de modifier les normes poétiques traditionnelles, comme le Symbolisme, le Parnasse, le Surréalisme...
Francis Ponge, lui, s'est attaché à changer ces normes en écrivant des poèmes en prose, genre né au XIXe siècle, et en choisissant des objets triviaux, mis en valeur dans une poétique de l'objet. 

Albert Camus, écrivain du XXe siècle (tout comme Ponge), adhérant au mouvement littéraire de l’absurde disait « Je pense que le Parti pris est une œuvre absurde à l’état pur – je veux dire celle qui naît, conclusion autant qu’illustration, à l’extrémité d’une philosophie de la non-signification du monde. Elle décrit parce qu’elle échoue. »

En 1931, Francis Ponge entre aux Messageries Hachette, en tant qu’employé et devient ensuite responsable syndical. Il se marie avec Odette Chabanel et en 1935 née leur petite fille Armande (prénom féminin de son père Armand ce qui montre que sa perte a vraiment touché Ponge).

En 1937, Ponge adhère au Parti Communiste (auquel Camus était membre de 1935 à 1937) qu’il quittera dix ans plus tard, quand il se fera licencier par Hachette.

Et en 1942, durant la Seconde Guerre Mondiale (1939-1945), Francis Ponge publie le fameux recueil « Le Parti pris des choses », il rentre alors dans la Résistance comme agent de liaison, publie des proêmes (mot valise inventé par lui même venant prose et poème) et collabore avec des peintres comme Jean Dubuffet et Georges Braque. Braque illustre des ouvrages de Ponge : Proême ; Le Peintre à L’étude ; Cinq sapates, tandis que Ponge consacre à ce « Grand Maître de vie » de nombreux articles publiés dans Nouveau Recueil, L’Atelier Contemporain, Nouveau nouveau recueil

Les poèmes qui composent le Parti pris des choses ont été rédigés entre 1934 et 1939, pendant l’entre-deux-guerres. Le monde doit alors affronter la crise économique de 1929, aux conséquences désastreuses sur le plan social, notamment dans les pays européens où le chômage ne cesse de croître. Parallèlement, les idéologies fasciste et nazie gangrènent l’Europe. En 1936, la guerre civile espagnole voit le général Franco usurper le pouvoir aux Républicains. Les régimes démocratiques sont menacés par des idéologies totalitaires. Cette période est pour Ponge synonyme d’engagement politique. Employé aux messageries Hachette, il exerce des activités militantes au sein du syndicat ouvrier de la CGT puis adhère en 1937 au Parti Communiste. Écœuré par les conflits du monde et les luttes qui le traversent, Ponge restera toujours animé par un sentiment de révolte, le monde le fascine et l’indigne. Le poète nous invite à nous départir d’une vision présomptueuse qui mettrait l’homme au centre de l’univers au détriment des choses elles-mêmes.

S’il partage avec les artistes surréalistes un sentiment identique de révolte face au monde et une volonté de renouveler le langage poétique, Francis Ponge s’en éloigne à plus d’un titre. Les surréalistes privilégient le hasard et les associations spontanées afin de laisser libre cours à l’expression de l’inconscient, lui, cherche à renouer avec une conception plus classique de la poésie dont l’étymologie grecque, poiêsis, nous rappelle qu’elle est un art de fabrication. Finalement, il reproche aux surréalistes de nier, sous couvert d’innovations formelles et de jeux verbaux, le monde sensible au seul profit de l’imagination. Les progrès liés à l’industrialisation de l’Europe vont devenir un objet de fascination pour les poètes et plus largement pour tous les artistes de cette période, le monde moderne entre en poésie. L’écriture codifiée de la poésie est peu à peu considérée comme trop contraignante pour rendre compte de l’effervescence de ce nouveau monde. Dès lors, certains poètes comme Ponge vont n’avoir cesse de renouveler le langage poétique pour se libérer des formes traditionnelles et témoigner plus intimement de leur expérience. Le monde moderne est ainsi à l’origine du renouveau de l’écriture poétique. Dans la mesure où le langage poétique repose essentiellement sur des images, des sons et des formes, il est en mesure de se libérer de contraintes de la langue sans pour autant renoncer à délivrer du sens.

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