Le contexte d’écriture et de publication d’Hernani

Séance 2 : Le contexte d’écriture et de publication d’Hernani

I. La censure de Marion Delorme (1829)

/!\ Rappel : Pour qu’un manuscrit puisse être édité, il doit recevoir une autorisation d’édition appelée « privilège ». La censure est particulièrement sévère au théâtre : les tragédies et les drames abordent des questions politiques qui peuvent nuire au pouvoir, ou du moins interroger l’esprit critique du spectateur sur le pouvoir en place.

En 1829-1830 , la censure est sous l’autorité du ministère de l’Intérieur. Son avis débouche sur trois cas de figure :

- autorisation sans réserves ;

- interdiction totale ;

- demande de modifications et d’aménagements.

En 1829, VH entreprend de faire jouer son premier grand drame romantique : Marion Delorme.

Résumé : En France, au XVIIe s. sous Louis XIII, Marion est une courtisane aimée de deux hommes : un officier, Didier et le marquis de Saverny. Ces derniers, poussés par leur rivalité, s’affrontent en duel malgré l’interdit du cardinal de Richelieu. Marion va implorer la clémence de Louis XIII pour sauver Didier. Si le roi est sensible aux supplications de la jeune femme, Richelieu reste inflexible et Didier sera décapité.

La pièce est censurée intégralement en raison du portrait peu élogieux du roi Louis XIII ( ancêtre de Charles X) :  manque d’autorité, propension à s’émouvoir des pleurs d’une courtisane, discrédit apporté par Richelieu qui contredit la décision royale…

( la pièce sera finalement jouée en 1831 après la fuite de Charles X (suite à la Révolution de juillet 1830) ; la censure est suspendue).

II. La position politique de VH

VH est, à cette période, royaliste. Néanmoins Charles X le déçoit : rétablissement des privilèges de la noblesse et du clergé, retour de la monarchie absolue…

Dans la préface de Cromwell (1827), il pourfend ceux qui refusent toute évolution du théâtre au nom du respect de règles classiques mais il provoque également la politique autoritaire du roi Charles X : « Disons-le hardiment. Le temps en est venu, et il serait étrange qu’à cette époque, la liberté comme la lumière, pénétrât partout, excepté dans ce qu’il y a de plus nativement libre au monde, les choses de la pensée »

En 1829, il rédige le roman Le dernier jour d’un condamné, réquisitoire contre la peine de mort qui va subir de violentes critiques lors de sa publication.

/!\ Lire la préface d’Hernani : toute la première partie p. 30-31 éd. GF => défi lancé aux Ultras qui soutiennent le régime de Charles X.

Au fil des années, VH deviendra « libéral » (c’est-à-dire à l’époque : républicains, opposants à Charles X, partisans d’une monarchie parlementaire…).

III. Conditions d’écriture d’Hernani

Pour comprendre le caractère révolutionnaire d’Hernani, il est nécessaire de remonter quelques années plus tôt.

Depuis Cromwell (1827), VH est un théoricien et le porte-parole de la jeune génération des dramaturges romantiques.

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