Le baroque

1. Les caractéristiques de l’esthétique baroque

Le XVII siècle a connu deux grands courants littéraires : le baroque et le classicisme. Pour les comprendre, il faut d’abord donner quelques informations clés de cette époque qui commença en 1598 avec la promulgation de l’Edit de Nantes par Henri IV et dura jusqu'à la mort de Louis XIV en 1715.  Au début, il y a une grande complexité religieuse et politique (conflits entre catholiques et protestants, athéisme, les conflits de la monarchie avec la noblesse et la bourgeoisie) ce qui se reflète dans la littérature – il y a plusieurs mécènes/protecteurs des auteurs, ce qui produit une diversité idéologique et une liberté de création, tandis que sous la règne absolue de Louis XIV qui était a la fois le seul mécène, la littérature devient plus codifiée.

La période de la prédominance du baroque se situe entre 1598 et 1630, et les trente ânées qui suivent sont marquées par une littérature transitive et une coexistence des écrivains encore attirés par la diversité et le relatif et des écrivains qui marchent vers la régularité et l’unité. En 1635 cardinal Richelieu ouvrit l’Académie française dans le but de normaliser et perfectionner la langue.

Contrairement au classicisme, le mouvement baroque est paneuropéen. Il nait en Italie et touche tous les arts : la littérature, l’architecture, la musique, la peinture. Le mot vient du portugais barocco qui, employé comme substantif, désigne un gros rocher de granit et employé comme adjectif signifie une perle irrégulière – donc, d’une part il y a une grandeur et de l’autre la préciosité, mais le trait commun est l’irrégularité.

Le baroque est souvent défini comme le contraire du classicisme. L’esthétique classique est stricte et stable, alors que l’esthétique baroque est libre, colorée, en mouvement, en métamorphose. Le baroque voit en homme un être libre à agir, à lutter et à choisir son propre destin, parce que rien n’est figé, absolu, définitif et la réalité souvent n’est pas telle qu’elle semble. Le paraître s’oppose a l’être et gagne en impotence à l’époque baroque. Tout peut se déguiser et se transformer, il n’y a pas de fatalité. L’amour baroque n’est pas fatal, un amant peut éprouver du chagrin, mais il ne se tuera pas. C’est le modèle cornélien qu’on rencontre dans sa tragi-comédie Le Cid ou Rodrigue est le maitre de son destin. Au contraire, chez Racine et dans le théâtre classique on verra que les passions peuvent influer sur la raison d’un personnage de sorte qu’il ne peut pas contrôler ses actions et ses émotions. La Bruyère a dit que Corneille peint les hommes comme ils devraient être, tandis que Racine les peint tels qu'ils sont.

En opposant le baroque au classicisme, certains rappellent les deux attitudes esthétiques explorées notamment par Nietzsche: l'esthétique dionysiaque qui est instable, erratique, sensuel, ardent et l'esthétique apollinien qui est stable, ordonné, rationnel, régulier, classique.

L’homme baroque est ouvert vers le monde, pour lui il y a une grande importance des expériences et il refuse l’aliénation. Donc, il n’est point surprenant d’avoir des romans-fleuves pleins des personnages secondaires et des événements qui se passent dans des lieux diverses.

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