Le Loup Et Le Chien, La Fontaine

Jean de la Fontaine est un fabuliste du XVIIe siècle (1621-1695). Écarté de la cour dans un premier temps à cause de son amitié pour Nicolas Fouquet, il se réfugie dans l’écriture tout en gardant sa liberté d’esprit. Le confort et la richesse de la cour lui apparaissent comme surfaites par rapport à la liberté, et à ses convictions. Il cible ainsi les vices des hommes, la monarchie absolue et ses excès. Il entame une réflexion sur la sagesse humaine et sur la quête du bonheur. La fable a donc deux buts : plaire et instruire. Pour plaire, elle use du registre comique et pour instruire, du registre satirique.

Les Fables de La Fontaine sont le fruit d’un travail colossal. Elles sont composées de trois recueils et douze livres. Leur publication s'étend de 1668-1694. Il utilise souvent le monde animal pour dénoncer les injustices de son temps et chaque récit inspire une morale.

Le Loup et le Chien.

Le Loup et le Chien présente deux modes de vies opposées, celui du loup pour qui la liberté a plus de valeur que tout, et celui du chien qui est lui au service de son maître et pour qui seul le confort matériel importe.

I. L’art du récit

A. Une écriture rythmée.

-Fable est dynamique : actions (3, 10, 41 ...).

- Vers de mètres différents : alexandrin (3), décasyllabe (22), octosyllabe (12).

- Rimes croisées (1-3, 2-4), plates (27-28), embrassées (19-22).

-Temps : présent de narration(41), plus vivant, imparfait pour les actions longues (2).

- Animaux personnifiés : majuscules.

- Paroles des animaux, surtout le loup, sont rapportées au style direct (11): vivacité du récit.

-Ponctuation abondante (; et,), césures à l’hémistiche dans les vers (25)

-Rythme saccadé accentué par des figures de style, énumération (4, 17)

B. Un récit vivant.

- Discours majoritaire (v.10 à 40). Deux types: indirects 10 à 12, et directs 13 à 29, et 33 à 40.

• Narration (v.1 à 9 et v.41) pour introduire et conclure, interrompt le discours du chien (v.30-33), vivacité du discours.

• Dialogues et descriptions (1,13).

• Didascalies : Des indications de ton (10), indications de déplacements et de gestes (32, 41:verbes d’action).

• Hétérométrie: dynamise le rythme du dialogue.

C. Une fable simple.

• Animaux habituels chez le fabuliste : loup sauvage, chien domestiqué, univers merveilleux.

• Structure simple: v.1 à 9, exposition ; v.10 à 37, péripéties avec élément perturbateur v.32, et v.38 à 41, morale implicite.

II. Étude des animaux et du monde humain

Les deux animaux sont opposés. Opposition de la liberté à la servitude.

A. Le chien:

Voc mélioratif, épique chien= molosse

-Physique : fort, repu (nourriture facile et abondante), v 4-5, beau, gras, poil luisant. Colosse car c’est un Dogue, grosseur = puissance (3).

-Psychologie : double sens du mot poli (4).

- Parle beaucoup, il a le pouvoir. Il est imbu de lui-même (14), assurance (alexandrins 14).

-Ironique, qualifie le loup de "beau Sire" puis v16-17 péjoratif.

-Matérialiste, image d’une personne asservie, bourgeois, 26/30. Choisi prospérité contre liberté.

B. Le loup

-Puissant mais affaibli, affamé et squelettique à cause des chiens: registre pathétique qui attire sympathie du lecteur (1-2).

-Agité (5-9 courts), s'exprime brièvement, questions furtives (22- 33)

- Allitérations en [q] et [k], sonorités dures, qui reflètent la dureté du loup. Agressivité, son envie de tuer (5), sauvage mais prudent (v8).

-Champ lexical de la guerre (7), se bat pour survivre.

-Liberté mais misère, solitude (16).

C. Interventions de l’auteur

- Prise de position envers le loup. Pensées du loup (focalisation interne et discours indirect).

-« Sire loup » favorise le loup: “un loup” à “maître loup”. Progrès dans la dénomination du Loup (un article indéfini : Loup parmi tant d'autres, vers un qualificatif plus élogieux). Le chien au contraire est indéfini : « un dogue » (v.3), « le mâtin » (v.8)

- La parole du chien est privilégiée mais le loup aura le dernier mot.

- Personnification, prosopopée (faire parler des animaux) , il

...